5 choses que j’ai apprises depuis que je suis devenue éducatrice

J’exerce la vocation d’éducatrice depuis 14 ans. Oui, oui, je n’ai pas peur d’affirmer que c’est réellement une vocation. Si je recevais 1 $ chaque fois que quelqu’un me dit : « Je ne sais pas comment tu fais, moi, je serais incapable de faire ta job » je ferais plus qu’un voyage par année et je pourrais prendre ma retraite au moins 5 ans plus tôt. S’occuper d’enfants qui ne sont pas les nôtres, ça prend de la patience, une bonne dose d’humour, mais surtout, un dévouement total. Au cours des dernières années, en plus de pratiquer mon métier en toute humilité, j’ai eu l’occasion d’apprendre une foule de choses.

J’ai appris qu’un enfant est un fin psychologue.

Il y a des jours où j’arrive au travail un peu moins motivé. Je me sens moche depuis que je suis sortie du lit, j’ai le regard fuyant et mon sourire tarde à remonter jusqu’à mes yeux. J’ai juste envie de retourner sous les couvertures et attendre que la journée passe. C’est souvent ces jours-là qu’un enfant arrive en me sautant au cou dès son arrivée à la garderie. Ou qu’une petite fille viendra me complimenter sur mes cheveux ou me dire qu’il est dont bien beau mon collier de princesse. Et juste avec ces quelques mots remplis de candeur, ces enfants réussiront à illuminer ma journée et à lui donner une tout autre perspective. Bon ok, ça arrive aussi que les journées où je me sens de même, il y ait un enfant qui décide de me faire une crise de bacon et qui me fait regretter de ne pas travailler dans un bureau, avec comme seul compagnon mon ordinateur et la photocopieuse. Mais en général, ce sont plutôt les câlins qui l’emportent… heureusement.

J’ai appris à reconnaître, au son seulement, une foule de choses inutiles.

Un verre de lait qui se renverse, une tête qui se cogne contre celle d’un autre, ou encore un début de chicane avant même que celle-ci n’ait véritablement éclaté. Des situations que seule une éducatrice saura reconnaître avant même d’avoir tourné la tête.

J’ai appris que les théories enseignées à l’école sont parfois utopiques.

C’est bien beau la gestion de crises, l’identification des besoins de l’enfant et la planification des activités. Mais ce n’est pas toujours dans un livre que tu apprends à gérer un gros chagrin à la suite de la séparation des parents. Ou bien, tu dois faire un retour sur l’activité que tu viens d’effectuer, mais tu ne veux plus jamais en entendre parler parce que tu as réalisé que de faire de la peinture sur la neige, ce n’est pas l’idée du siècle.

J’ai appris à reconnaître les différentes sortes de vomi.

Loin de moi l’idée de te donner mal au cœur, mais au cas où tu ne le saurais pas, il y a effectivement plusieurs types de vomi. Avoir une indigestion et avoir la gastro = deux choses complètement différentes. Je n’entrerai pas dans les détails, mais si jamais tu veux plus d’informations, fais-moi signe, je suis rendue experte.

J’ai appris que même l’éducatrice la plus dévouée peut se sentir dépassée par les enfants.

Des fois, j’ai juste envie de me mettre à hurler comme Arnold Schwarzenegger dans Un flic à la maternelle et leur dire de se la fermer. Des fois, j’ai envie de ne plus côtoyer d’enfants. À jamais. Parfois, je me sens dépassée par tous les caractères différents du mien et avec tout ce que les enfants exigent comme attention. Parfois, je me dis même que je me suis trompée sur toute la ligne dans mon choix de carrière.

Et, c’est à ce moment-là qu’un petit Loïc ou une petite Olivia viendra me dire : « Je t’aime, Jennifer ». Et, l’espace d’un instant, j’oublierai tout. Et je me dis que ce sont ces petits moments-là qui me rappellent que j’exerce un métier valorisant.

Une vocation…

Photo de signature pour Jennifer Martin.   

7 Comments

  • Nicole Guérard

    Ayant été éducatrice 20 ans, je suis tout à fait d’accord avec votre description de tâche qu’est une éducatrice. Et à mon époque il n’y avait pas de cours encore dans les cégeps, alors c’est notre rôle de maman qui faisait état de notre formation d’éducatrice. Tout ça pour dire que oui c’est un des plus beaux métiers.

  • Sara

    Wow!! Ça me rejoint tellement!! Et c’est vrai….
    Et ben, disons que la dernière portion me touche particuliairement hier et aujourd’hui. J’aimerais tant être toujours douce, patiente et en contrôle…mais je réalise tranquillement pas vite que personne n’y arrive vraiment toujours à 100%. Et les mousses passent me font des calîns à profusion donc…ça me rassure 😉….un peu….😜
    Merci pour ce beau texte, simple mais si efficace!!

  • Melany Luna

    Merci pour ce beau texte! Il rapelle tres exactement les raisons pour lesquelle je fais ce métier aussi! Car meme ai parfois on a l’impression que notre tête va exploser et ou on sortirait bien le ducktape, il y a pleins de veaux moments qui font quon oublie le reste 🙂

  • Louise Bouchard

    Bravo,je vous lève mon chapeau enfin une très bonne éducatrice.Vous faites du bon travail.
    D’une enseignante à la retraite mais je donne des petits cours à mon petit-fils.

  • christine

    faut que je change de public moi alors, car ce n’est pas du tout ce que je vis dans mon boulot : j’arrive sur le parking, j’entends déjà les jeunes se chamailler, s’insulter, ils ont entre 12 et 16 ans, sont porteur deficiences et en pleine crise d’adolescence. Si l’un ou l’autre s’approche et me salue, c’est dejà un petit pas, mais je sais que la journée va être longue et imprévisible…..

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *