La fois où j’voulais un one-night

Je n’ai jamais eu de one-night, jamais même frenché un inconnu non plus. Je me suis assagie très rapidement dans la vie et je suis devenue une adulte très vite. J’ai aussi été en couple beaucoup plus souvent que j’ai été célibataire. Et les fois où j’étais seule, mes relations sexuelles consistaient beaucoup plus à de bons amis et à des fréquentations ainsi que des périodes simplement d’abstinence. Je suis ouverte d’esprit quant aux autres et je n’éprouve pas de malaise face à ces amies qui ramènent des personnes l’histoire d’un soir. Sans plus, si affinité. J’admire même, avec certaines limites, cette liberté d’expression sexuelle que je n’aurai sûrement jamais, par insécurité, par awkwardness, par le fait que la vie me soit rentrée dedans d’une manière désagréable et qui a rendu mes relations sexuelles avec les gens un peu plus difficiles. Les maladies des autres et les miennes, je ne veux pas nécessairement les faire cohabiter. Il y a aussi le fait que pour moi, la sexualité et l’envie que j’ai d’une personne résident dans la chimie que j’ai avec celle-ci. Pas nécessairement de l’amour là, mais du moins une complicité. Complicité qui pour moi, ne peut pas se retrouver chez un étranger. J’te connais pas, tu m’attires pas. Vu que je ne suis pas vraiment superficielle, il m’est difficile de m’intéresser et de me sentir attirée par quelqu’un que je ne connais pas. De toute façon, suis-je moindrement assez bonne au lit pour épater le temps d’un soir seulement? J’ai peut-être un peu l’impression qu’il faut que la personne soit un minimum attachée à moi pour que j’en vaille la peine. Moi qui ne s’intéresse pas particulièrement à ton plaisir si j’te connais pas.

Or, ce fût lors d’une soirée particulièrement arrosée dans un bar, l’alcool aidant, que j’en ai eu envie. Je me suis pas dit ça drette en rentrant dans le bar, ça a commencé tranquillement par un barman que je trouvais cute et ses nombreux shooters. J’étais dans l’état où mon niveau d’alcoolémie était assez élevé pour m’enlever une bonne dose d’inhibition mais encore assez stable pour entendre la voix de mon moi-sobre donner son accord. Mon moi-saoule et mon moi-ajun se sont fait un fist-bump et je savais que j’avais envie de mon premier one-night. La première étape fût de demander au barman si j’pouvais l’embrasser et le faire. Embrasser un inconnu, check. À un moment, on était les seuls dans le bar, dry-humping sur la banquette. Et puis j’ai constaté l’excitation du mâle en question. J’avais excité un inconnu, moi! Il a exprimé son désir à plusieurs reprises d’avoir un coït avec moi. Pendant quelques minutes de frenchage, je débattais avec moi-même à savoir si je vivrais bien avec ça, si je voulais ce genre de chose. J’ai fait une liste exhaustive de pours et de contres. Et j’ai décidé que j’en avais envie et qu’il n’y avait pas de mal à ça.

Au final, ce n’est pas arrivé. Malgré que nous avons tous les deux exprimé le désir que ça se passe, ni lui ni moi avons eu la drive de mettre l’opération en branle. Mais j’ai frenché un barman dans un sous-sol de bar et j’ai vu un pénis inconnu, check et check. Honnêtement, je me juge un peu. Parce que cette soirée, overall, elle a été trash de bien des manières et que les agissements de la soirée ne sont vraiment pas à mon image. Elles peuvent être à celle de tout le monde, sauf de moi. Comme si, tout le monde pouvait exprimer sa sexualité à sa manière, sauf moi. Je devais éternellement avoir honte de vouloir l’explorer et l’exprimer. Ce n’est pas mon genre, moi qui suis adulte depuis tellement longtemps. Moi, qui me retiens de faire bien des choses depuis toujours. Moi, en parfait contrôle, la plupart du temps.

Et si je me permettais, à moi aussi, de vivre l’espace d’un moment…

Texte anonyme

verifiedsofia

 

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