Mon amour, j’ai un aveu à te faire.
Je t’aime depuis si longtemps que c’est devenu une habitude.
Pas une mauvaise habitude. Ni contraignante ou dangereuse.
Mais une habitude quand même.
Pis des fois, ça me fait un peu peur.
Parce que même si je suis une fille de routine, relativement stable dans mes choix de vie, j’aime aussi faire bouger les choses, me challenger, ne pas vivre trop souvent les mêmes affaires. Parce que même si je suis convaincue que je serai avec toi toute ma vie, j’ai peur que le quotidien vienne à bout de nous. Qu’il me force à revoir mes habitudes.
Parce qu’après 12 ans, c’est forcément différent qu’à nos débuts.
Différent du temps où seule la vue de ton numéro sur l’afficheur de mon téléphone provoquait un émoi dans mon cœur. Cet émoi a fait place à une autre réaction. Maintenant lorsque tu m’appelles, ma première réaction est souvent de me demander s’il est arrivé quelque chose de grave.
Différent du temps où j’étais presque déçue, les rares nuits où tu ne me réveillais pas pour qu’on fasse l’amour. Maintenant, tu ne me réveilles plus, parce que tu sais que tu n’obtiendras rien de ma part. Pas parce que je n’ai plus envie de toi. Simplement parce que je vieillis et que je ne cesse de courir après le sommeil réparateur qui me fait si souvent défaut.
Mais c’est ok.
Je ne suis pas nostalgique de ce temps-là.
Parce qu’à cette époque je ne pouvais que vivre le moment présent et tenter d’imaginer l’avenir. Aujourd’hui, je peux encore le faire, mais je peux aussi évoquer le passé. Regarder le chemin parcouru. Me rappeler nos réussites et nos échecs. Tout ce qui nous a fait grandir et nous a rapprochés.
Et espérer que le temps ne vienne pas à bout de cette habitude que j’ai de croire en nous. En notre famille et surtout en notre amour.
Mais sache que je t’aime de toute mon âme. Et que même si les papillons que tu provoques depuis 12 ans dans mon ventre désertent parfois mon corps, je sais qu’il ne suffit que d’un petit souffle du vent pour les ramener dans un battement d’ailes.
