Un mariage avec ça ? Non, merci.

La saison des mariages bat son plein. Comme une bonne majorité de petites filles, de mon époque du moins (!), j’ai rêvé DU mariage. Extravagant. Grandiose. Romanesque à souhait. La grosse robe de princesse, les arrangements floraux et le cortège qui matche.

À mes 15 ans, j’ai rencontré l’homme de ma vie. Presque comme dans les films romantiques que j’adore, dans la première année de notre relation, j’ai su.

Dans son regard, dans son âme, j’ai vu : il serait le père de mes futurs enfants !

Je ne me souviens plus combien de fois, j’ai espéré. À l’approche de notre anniversaire de couple, à Noël ou quand il me proposait un rendez-vous impromptu, je me disais intérieurement, ça y est, c’est aujourd’hui qu’il va faire sa demande.

Je me voyais déjà au bout de l’allée, nos familles, nos amis tous présents, les mains moites, le cœur qui s’emballe, lui qui pose son regard sur moi… La totale !

Une maison, deux enfants merveilleux et 21 années plus tard, nous ne sommes toujours pas mariés. Pourquoi, me demanderez-vous ? Voici !

Mon amour pour mon conjoint est assurément inconditionnel : des montagnes, nous en avons gravi, des orages, nous en avons affronté.

Au travers des remises en question, des fameux compromis, en passant par des déceptions, notre désir de rester ensemble a pourtant pris le dessus. Toujours.

De la jeune fleur empreinte d’espoir amoureux, il m’a vu devenir bourgeon dépendant et peu confiant en lui.

Puis, avec les expériences et les saisons qui se sont succédé, j’éclos en fleurette prenant plus d’assurance et d’émancipation. Alors, à mon tour j’ai semé mes jeunes germes qui ont comblé mon jardin. Il a pris soin de moi et de nous.

Et le mariage ? Non, merci.

Ne vous m’éprenez pas sur mes intentions. Je suis une fan finie des engagements matrimoniaux et des célébrations d’union. Je trouve cela tellement beau, une mariée nerveuse, une chorale gospel et une réception où on fait le train sur Follow the leader !

Je pleure ma vie dès que la marche nuptiale retentit dans une chapelle silencieuse pourtant bondée d’invités.

Je les envie tout de même, c’est magnifique d’y croire encore et de se dire jusqu’à ce que la mort nous sépare. Je leur souhaite d’ailleurs de vivre une histoire comme celle de mes parents. Plus de 45 ans de mariage et d’amour, qui aurait pu en faire facilement 45 de plus, si cela n’avait été de la Grande Faucheuse.

Sauf que j’en vois des mariages volés aux éclats, des unions mourir à petit feu, des fiançailles qui ne se rendent même pas à l’autel. Je les entends les conversations au restaurant, sur mon milieu de travail ou dans mon cercle d’amis ; quelques années ou pire, quelques mois et à la moindre embûche, finito, merci bonsoir. Et que dire des mensonges, des infidélités et des couples qui restent pour le « bonheur » des enfants.

Je ne juge pas, au contraire, je compatis. Dans une ère où presque tout est soit recyclables, échangeables, que le satané cellulaire se pointe le bout du nez, que le petit nombril prend plus de place que jamais et que le taux d’espérance de vie rallonge si on le compare à l’épopée de nos générations passées, je peux sincèrement comprendre qu’il faut mettre plus d’eau dans notre vin si l’on veut aspirer à filer le parfait amour.

Quoiqu’un ou deux verres de vin puissent aider aussi. Hahaha

Je crois qu’une étincelle s’est éteinte, un jour, dans mon cœur romanesque. J’ai peut-être cessé de penser à Disneyworld, et devenant athée en chemin, j’ai soufflé sur ce rêve, sans regret.

Je suis heureuse et enchantée à ma manière. Je suis fière du temps qui a filé entre nous et surtout de vivre sur des eaux plus calmes, où on se retrouve à deux pour profiter de la présence de l’autre et quotidiennement mettre des bûches à notre brasier d’amour.

Quoi qu’il en soit, j’embrasse tout de même l’idée de célébrer un jour notre union, question d’officialiser le tout et de penser au futur de nos petits. Dans un simple bureau d’avocats, c’est bien moins glamour sauf que cela a le mérite d’être ce que c’est ; des signatures sur un document.

Le mariage, dans le regard de l’adulte que je suis devenue aujourd’hui, se passe dans le cœur de ceux qui s’aiment, dans le réconfort fourni par sa tendre moitié, par la banale tape sur les fesses occasionnelles ou dans le message texte au bon moment qui vous tombe dessus comme un bouquet de mariée.

Ce soir, je me couche à ses côtés et j’espère rêver du jour où je rassemblerai tous les gens qu’on aime pour un bon party. Ainsi, j’aurai tout de même l’occasion de lui écrire des vœux qu’il n’oubliera jamais. ❤

 

 

 

4 Comments

  • Suzanne

    Très touchant! On peut facilement se reconnaître. Cette génération que nous faisons partie, le cellulaire qui est omniprésent… Moi même suis je tombée dans le piège! Mais le réconfort le soir venu lorsque l’amour est toujours là! Et ce même sans le petit anneau béni. La fierté de dire que notre union est plus solide que les jeunes amoureux qui après peu de temps, premières embûches se sauvent à l’aveuglette jambe à leur cou en détruisant la dignité de l’être qui fut si idolé. Se mariage non arrivé nous permet toujours de fantasmer sur un projet, une étape, un rêve. Tant qu’il n’y ait pas réalisé, il est toujours vivant 💕

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