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Sofia, 24 ans, 178 os et demi

C’est une histoire que j’ai probablement réécrite et redite des centaines de fois; l’histoire sur ma vie de personne amputée. Ça sonne crue de le dire comme ça, mais ce n’est rien de tragique, je vous assure!

Bien que j’aie l’impression de ne rien apprendre aux gens à qui j’en parle pour la première fois parce que je m’entends si souvent répéter, il y a des fois où il faut le dire à nouveau. C’est le cas maintenant, parce que finalement à l’âge de 24 ans, je commence à réellement devenir adulte et à gérer des affaires d’adulte (non, pas avant!), donc je réalise des choses.

Remontons un peu le temps pour vous mettre en contexte :

Je suis née avec une malformation congénitale – aka une malformation à la naissance. Ma jambe gauche est l’équivalent de juste une cuisse parce que mon amputation est au-dessus du genou. Je suis née au Maroc, mais ma famille a immigré au Canada quand j’avais 3 ans. Une des raisons majeures pour laquelle ils l’ont fait, c’est qu’ils savaient que j’aurais besoin de porter des prothèses toute ma vie, et la technologie prothétique au Maroc dans ce temps-là n’était pas tout à fait au niveau!

Ma première prothèse vient de la France, un des pays de l’Europe le plus proche du Maroc.

J’avais 1 an quand cette prothèse a été faite pour moi.

La voici :

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Le temps d’une deuxième prothèse est venu assez vite parce qu’un bébé, ça pousse vite! Mes parents m’ont alors emmenée chez un prothésiste au Maroc. Celui-ci a dit à ma mère, en voyant celle que je portais, qu’il ne pourrait pas me donner quelque chose de mieux, ou même d’équivalent! Mes deux prothèses suivantes ont été faites en Belgique.

En arrivant au Canada à l’âge de 3 ans, les prothésistes d’ici m’ont fait des prothèses sur mesure chaque fois que c’était nécessaire – c’est comparable à la fréquence à laquelle il faut changer des chaussures lors de la croissance : on grandit, les paires de chaussures deviennent trop petites, on rachète une nouvelle paire. Le gouvernement couvre ces prothèses de base dont j’ai besoin pour marcher et faire des activités normales chaque jour. Jusque-là, pas de problème. La pogne c’est que dès qu’une prothèse a un composant plus performant (par exemple une prothèse de jambe avec un genou ou une cheville conçus pour pouvoir courir avec aisance), le gouvernement ne couvrira pas cette portion. C’est le cas également pour les prothèses qui permettent de pratiquer un sport ou de jouer d’un instrument de musique. Rien de cela n’est couvert par le gouvernement.

Exclusivement au Canada, on est extrêmement chanceux parce qu’il y a l’Association des Amputés de guerre qui nous aide financièrement pour tous ces frais qui ne sont pas couverts!

Alors, la raison pour laquelle je choisi aujourd’hui pour vous parler de ceci, c’est que récemment, j’ai su pour de vrai combien coûtait une prothèse et j’ai été choquée. Ce petit bijou coûte près de 14 000 $. Je tiens à préciser que cette prothèse n’a rien d’excessif; ce n’est pas pour faire de la course, elle ne va pas dans l’eau, elle n’a pas de connexion bluetooth (parce que oui, ça existe aussi!). Elle a simplement un genou, une cheville et un pied qui sont mieux articulés. Ceux-ci, faits de matériaux plus légers, permettent une démarche plus naturelle. On s’entend qu’une prothèse encore plus spéciale coûtera encore plus chère!

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Imaginez alors si l’Association des Amputés de guerre n’existait pas. Encore une fois, pour faire le parallèle avec les paires de chaussures, vous comprendrez qu’une dizaine de milliers de dollars la paire, c’est un peu cher. Multipliez ça par le nombre de personnes amputées au Canada, ça fait encore plus cher!

Je voulais donc prendre quelques minutes pour remercier cette belle association. Ils ne reçoivent aucune subvention gouvernementale, ils reposent seulement sur les dons du public pour permettre à des enfants et des adultes, comme moi, d’être appareillés d’une prothèse répondant à leurs besoins.

En plus de l’aide financière que l’association offre, elle représente une deuxième famille pour tous les enfants et adultes amputés. Personnellement, elle m’a permis de me faire de nouveaux amis qui vivent la même réalité que moi. L’Association des Amputés de guerre, c’est aussi une source de conseils, d’astuces, d’informations réellement pratiques et du soutien moral.

Vous pouvez en apprendre bien plus sur eux via leurs réseaux sociaux :

Facebook : Les Amputés de guerre

Instagram : @amputesdeguerre

Twitter : @Amputesdeguerre

Et vous pouvez les aider à nous aider en faisant un don sur www.amputesdeguerre.ca ou par téléphone, au 1 800 250-3030.

Texte par Sofia Benzakour


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