À toi, chère belle-mère

À toi, chère belle-mère

Tu es probablement entrée dans une aventure plus compliquée que tu ne l’aurais voulu. L’amour, ça ne se commande pas. Ça arrive tout simplement et parfois la personne que tu aimes et bien… elle n’est pas seule. Elle vient avec un passé et celui-ci inclut peut-être un enfant, mais aussi une ex. Ce n’est sûrement pas facile de trouver ta place, surtout si de ton côté tu n’as pas d’enfant. Même si tu veux tout faire correctement et malgré tes bonnes intentions, il y a parfois une limite à ne pas franchir avec moi, la maman.

Ce qui nous tombe dessus en tant que mère séparée dans ce nouvel univers de familles recomposées, c’est que nous ne pouvons pas être les seules au monde à l’aimer cet enfant-là. Une autre personne peut tomber en amour avec lui. Je le comprends ce sentiment, parce qu’il illumine ma vie chaque jour comme le soleil et qu’il est aussi vital pour moi que le sang qui coule dans mes veines.

Que ce soit de ton propre chef ou celui de ton nouveau conjoint, il y a un désir de vouloir construire votre relation en vous donnant corps et âme pour ces nouvelles personnes que vous aimez. Peut-être voulez-vous vivre ensemble cette relation de A à Z, comme une équipe et une vraie famille.

Mais ça se peut que ton désir d’être avec lui et la place que tu veux prendre, que ça me dérange parfois. Ce n’est pas que je ne te trouve pas géniale, c’est même le contraire. Je suis heureuse de savoir que mon enfant se trouve entre de bonnes mains, qu’il est aimé et choyé.

Ce n’est pas non plus parce que je ne vois pas que tu t’impliques bien ou l’amour qu’il y a dans tes yeux quand tu regardes ce qui a de plus précieux au monde pour moi. C’est plutôt que parfois, je n’apprécie pas la façon que tu veux être dans sa vie et que vous voulez vivre cette parentalité ensemble. Tsé la vie m’a mené à ça, la séparation, la vie de famille reconstituée…

On ne le choisit pas tellement comment la relation va évoluer, surtout quand ça fait des années que nous étions ensemble. Les événements et des situations nous ont séparés et après, on apprend à vivre avec ça. La garde partagée, c’est loin d’être facile. Je le comprends ton désir de t’impliquer au maximum auprès de l’enfant de ton chum et de former une vraie famille avec eux… mais la chaise de maman, et bien… elle n’est pas libre.

La place est déjà occupée. Si je ne me trouve pas avec votre nouvelle famille au quotidien, je n’ai pas à être remplacée ou à te laisser prendre ma chaise, parce que tu en ressens le besoin ou parce que ton nouveau conjoint a le désir de recréer cette famille idéale, non brisée. Mon enfant va passer sa vie entourée de gens bienveillants et qui souhaitent son bonheur.

Néanmoins, chacun possède sa place autour de la table. Que ce soit ses parents, ses beaux-parents, ses grands-parents ou ses oncles et ses tantes, ce que nous voulons tous, c’est lui donner tout notre amour et notre soutien. Personne n’a à s’asseoir sur la chaise de l’un des parents surtout, s’ils sont tous les deux présents et déjà impliqués. Les beaux-parents se trouvent aux côtés de leur nouveau conjoint, en soutien, comme le reste de la famille. Et ils ne peuvent pas avoir une autre place.

Je sais que tu n’es peut-être pas d’accord ou ton conjoint non plus. Que vous croyez que je suis jalouse, voire méchante avec toi et que je nuis à votre bonheur de nouvelle famille. Je veux juste vous rappeler que j’ai déjà une magnifique relation avec mon enfant, un lien unique et que je ne peux pas être jalouse de ce que tu as, puisque j’ai bien plus.

Tu ne comprends peut-être pas tous mes sacrifices, les jours d’insomnie, les crises de larmes des premiers mois et les efforts que je consens chaque jour afin que la vie de ce petit trésor ne manque de rien. Tu voudrais peut-être que je te dise merci d’être dans sa vie, de l’aimer et d’en prendre soin, mais n’oublie pas chère belle-maman que pour moi chaque jour sans cet enfant-là, je le vis comme un manque, parce qu’il fait partie de moi depuis les premiers balbutiements de son âme dans mon ventre.

Je dois vivre avec son absence comme un drogué ou un alcoolique sans sa dose quotidienne. Parfois, même si je suis forte et que je me dis qu’il n’y a rien de grave, que mon enfant se trouve entre de bonnes mains, je sens que je ne suis pas complète.

Je dois le partager cet enfant-là avec quelqu’un que je connais à peine et même si nous devenions les meilleures amies du monde, il reste que peut-être tu ne seras que de passage dans sa vie, mais pas moi.

Jusqu’où peux-tu aller ou ton nouveau conjoint pour sentir que tu as ta place dans sa vie?  Moi, je sais qu’il y a des limites, elles s’appellent le respect, la compréhension de la situation, mais surtout un travail sur soi pour ne pas franchir la ligne entre nos propres désirs et la réalité.

Je sais, ton rôle peut te sembler ingrat et cela peut te faire de la peine, mais c’est comme ça. Je ne peux pas disparaître par magie et il est normal que quand je te vois passer cette ligne, je souhaite que tu recules.

Tu pourras me dire que je manque d’ouverture, que je devrais te laisser plus de place et d’espace, mais chère belle-maman, je te demande seulement de faire attention. Ne prends pas ma réserve envers toi comme une déclaration de guerre, ce n’est qu’un fait simple que je te rappelle : je suis et je serai toujours sa mère.

Crédit photo de couverture : Julie Charbonneau photographe

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