Ode aux amitiés virtuelles

Ode aux amitiés virtuelles

Ça commence par un like sous une photo Instagram ou par la curiosité d’amis qu’on avait en communs.

Un petit pouce en l’air ou un cœur pour montrer à l’autre qu’on existe. Pour attirer son attention parce qu’on voudrait en apprendre plus.

Est-ce que c’est sa photo de profil qui m’a attiré, ses publications humoristiques, engagées ou originales? Sa réalité si proche de la mienne ou au contraire à l’opposé complètement?

Est-ce que c’est par ennui? Par besoin d’élargir un cercle d’amis pourtant déjà bien rempli, mais qui s’insère mal en chair et en os dans un agenda parsemé de rendez-vous, de cours et de soirées en famille?

Est-ce parce que maintenant c’est plus facile d’entrer en relation à coup de J’aime ou d’émojis que de tomber l’un sur l’autre dans un cours de cardio poussette ou de dégustation de vins?

Je ne saurais l’expliquer.

À l’aube de 2020, je réalise que mes amitiés virtuelles prennent plus de place dans ma vie que mes amitiés réelles et on dirait que je suis tannée de m’excuser de ne pas être disponible physiquement pour les personnes qui me considèrent comme une amie.

J’ai envie de croire qu’une longue conversation sur Messenger peut faire l’affaire si tu es à l’autre bout de la ville et que t’as besoin d’une oreille attentive. Un appel Facetime au pire, si tu n’as pas le goût de faire aller tes doigts sur le clavier de ton téléphone. Peu importe la manière de communiquer, je pense que l’important est d’être là.

On a peut-être traversé les décennies avec les pigeons voyageurs, les visites de courtoisie et les appels téléphoniques, mais maintenant on est tous à un glissement de pouce de rejoindre qui on veut, quand on le veut. Et ce, peu importe où dans le monde.

Faut arrêter de penser que c’est une mauvaise chose en soi. On aurait tort d’affirmer que les relations virtuelles ne valent pas la peine. Que seule la présence physique est valable pour consolider des liens d’amitié. Malgré ses failles, le monde virtuel est vaste et beau aussi. Pas juste cruel ou dépourvu de morale. Si on y est pour les bonnes raisons et qu’on s’en sert de la bonne manière, je crois sincèrement qu’on peut y dénicher des humains extraordinaires qui n’étaient pas nécessairement programmés pour le métro de notre ligne de vie.

J’ai développé de merveilleux liens avec des personnes qui sont apparues dans ma vie grâce à ces réseaux que l’on pourrait appeler clubs de rencontres 2.0. J’ai eu des opportunités incroyables, j’ai trouvé du réconfort auprès de personnes inconnues qui, n’étant pas impliquées émotionnellement dans ce que je vivais, pouvaient me donner de judicieux conseils ou simplement me donner l’impression de ne pas être seule au monde.

Ça me permet de garder contact avec plusieurs personnes qui ne feraient pas nécessairement partie de mon quotidien, mais avec qui je suis à l’aise d’échanger derrière mon écran, le temps de m’informer de sa recette de muffins, du prix du magnifique chandail qu’elle porte ou encore lui demander des nouvelles de ses enfants qui grandissent trop vite aussi.

Je me sens un peu moins coupable de ne pas être présente physiquement pour mes amies de longue date si je peux au moins leur écrire en privé pour leur demander ce qui ne va pas ou simplement partager une bonne nouvelle avec elles.

Je les appelle malgré tout mes amies. Même si on ne s’est jamais rencontrées physiquement et qu’il y a peu de chance que ça se produise.

Parce qu’elles sont là. Quelque part.

Pis qu’avec mon pouce, je peux les atteindre quand j’en ai besoin.

Jennifer Martin
Jeneviève Brassard

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