Je te pardonne

Je te pardonne

Je t’en ai voulu, longtemps. Je ne compte même plus le nombre de fois où je t’ai maudit, où la peine, la rage et la rancœur qui grondaient en moi ont pris place dans mon cœur au cours des dernières années à cause de toi. Le pardon, j’étais loin d’y être prête et j’avais mis ça pas mal loin dans mes priorités… sauf que la vie m’a forcé à remettre en question mes propres choix.

C’est là que j’ai compris qu’il était maintenant temps pour moi de faire la paix avec des événements et des personnes qui m’ont fait grandement souffrir, car il faut un jour avoir le courage et la force de pardonner. Pas seulement à ceux qui n’ont pas été des alliés à certains moments critiques de ma vie, mais également me pardonner à moi-même mes erreurs pour enfin pouvoir passer à autre chose et ne plus regarder en arrière.

Alors, je te pardonne… d’avoir profité de ma naïveté, de ma grande générosité ou de mon amour pour toi quand tout ce que je voulais c’était ton bonheur et que, pour cette raison, j’ai trop souvent agi au détriment de mon propre bien-être;

Je te pardonne d’avoir utilisé mes sentiments pour toi, mes faiblesses que tu connaissais par cœur pour ton bénéfice, me nuire ou me faire du mal et d’en avoir usé inlassablement sans vergogne et par pur égoïsme;

Je te pardonne de ne pas avoir été là quand je t’ai demandé de l’aide, si minime eût-elle été, alors qu’un tout petit geste, qui n’impliquait pas tant d’efforts de ta part, aurait peut-être pu tout changer pour moi;

Je te pardonne pour toutes les larmes que tu as fait couler sur mes joues parfois sans raison, pour tous les sanglots que j’ai dû ravaler après tes trahisons et les déceptions que j’ai accumulées au fil des ans quand je te côtoyais;

Je te pardonne de m’avoir menti, manipulé et d’avoir abusé de ma gentillesse, parce que tu n’étais pas en mesure de comprendre que ta méchanceté et ton égoïsme allaient détruire cette fragilité et cette bonté en moi afin de me protéger;

Je te pardonne de ne pas m’avoir tendu la main quand je suis tombée face contre terre, quand j’ai dégringolé la colline à grande vitesse, alors que ton bras aurait pu m’éviter de descendre trop loin et de devoir m’agripper à ce qu’il me restait pour ma propre survie;

Je te pardonne de ne pas avoir été assez brave et présent pour me soutenir à certains moments, alors que j’en avais le plus besoin et que ta confiance, ton soutien auraient pu m’apporter un énorme réconfort, une épaule sur laquelle m’appuyer dans toute cette adversité;

Je te pardonne de ne pas avoir été capable de te tenir à mes côtés comme un ami sans jugement, avec courage devant la tempête qui approchait, alors que j’avais l’impression de me noyer, de suffoquer et de sombrer sous les torrents de ma tristesse;

Je te pardonne de ne pas avoir vu derrière mon masque quotidien, derrière mon sourire tremblant, mon faux entrain et dans mes yeux vides la souffrance qui me minait et qui me détruisait à petit feu;

Je te pardonne de ne pas avoir pris au sérieux mes paroles, de ne pas avoir été capable de m’apporter du réconfort ou de l’aide alors que je t’avais mis en garde contre le côté sombre qui grandissait insidieusement en moi et que je me refermais face à ma propre détresse;

Je te pardonne de m’avoir donné le goût de renoncer, de me laisser aller, de ne plus me battre parce que j’en avais assez, que je ne pouvais plus le supporter ni en prendre davantage sur mes épaules avant de m’effondrer de douleur;

Mais surtout, je me pardonne d’avoir touché le fond, de ne pas avoir été capable de hurler ma peine quand c’était nécessaire et de ne pas avoir su la montrer quand elle était omniprésente en moi;

Je me pardonne de ne pas avoir réussi à connaître mes limites, de ne pas avoir compris à temps que j’allais droit dans un mur avant d’y être complètement enfoncée, sans force et totalement dépassée;

Je me pardonne d’avoir laissé ces luttes intérieures prendre le dessus et de ne pas avoir eu assez de force pour les affronter vaillamment, de m’être recroquevillée et m’être isolée au lieu d’affronter le monde tel qu’il était.

Aujourd’hui, j’ai accepté que je ne pouvais rien changer à mon passé, que je devais délaisser ces sentiments néfastes et destructeurs pour enfin me sentir libérée.

Julie Lambert
Catherine Duguay

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