Le bruit de tes mensonges

J’ai longtemps cru que les mensonges étaient les marques créées par la flagellation de ma naïveté. Qu’on pouvait me mentir avec une telle facilité que c’était inévitable et trop tentant de le faire. À quel point je devais être stupide pour avaler ce qu’on m’offrait sans me poser de questions. C’était facile pour moi de prendre ma petite voix intérieure qui me dit que quelque chose cloche pour une voix de jalouse hystérique et donc, de ne pas l’écouter. On a peut-être même aidé à ce que je les confonds en me faisant taire chaque fois que j’élevais la voix et qu’on me dise que j’étais celle qui était inadéquate de ressentir ce que je ressentais.

Il m’a pris longtemps avant de réaliser que ce n’était pas un reflet de ma personne que de croire, mais plutôt un reflet de l’autre que de choisir la voie facile. D’essayer d’éviter le conflit, de me perdre ou de me faire de la peine en évitant la vérité plutôt qu’en évitant la situation problématique. Et si pour quelques raisons que ce soit, la situation était inévitable, je ne suis pas celle qui n’a pas pris les responsabilité de ses actions. Faute avouée est à moitié pardonnée.

La première personne que j’ai aimée, du haut de mes 14 ans, m’a lancé le plus gros mensonge que j’ai entendu. Cette personne qui m’a demandé à plusieurs reprises qu’on se revoit, pour ensuite trouver une excuse dernière minute (ou quelques jours plus tard) pour ne pas avoir donné de nouvelles.

La meilleure raison était lorsqu’il m’avait dit qu’il m’avait pas redonné de nouvelles car il était parti en Afrique avec un groupe de gens, voyage dont il ne se rappelait pu jusqu’à la dernière minute.

Je sais que tu te dis sûrement que ce n’est pas le meilleur menteur du monde ou sinon, c’est la personne la plus distraite du monde, d’avoir oublié de mettre dans son agenda un voyage comme ça. Bien entendu, ce gars-là a jamais mis les pieds dans ce continent-là. En ce qui me concerne, je lui ai laissé le bénéfice du doute. Ce fût à ce moment-là que j’ai compris que je pouvais faire taire mon raisonnement pour un peu d’amour à tout prix.

J’ai jamais réentendu quelqu’un me donner ce genre de mensonge. Avec le temps et l’âge, les mensonges ne sont pas disparus, ils se sont affinés. Mais je peux toujours certifier que chaque mensonge je les ai ressentis, avant même de me l’avouer à moi-même.

Mais tout le monde ment ? Honnêtement, je ne me rappelle pas c’est quand la dernière fois que j’ai mentis ou omis de dire quelque chose. Les deux mensonges que j’ai eu le plus de difficulté à délaisser furent sûrement de caller malade à job quand en réalité, t’as juste pas envie de sortir du lit et les mensonges que l’on dit à ses parents par peur de se faire juger trop sévèrement ou de se faire chicaner.

Je trouve qu’on justifie facilement la honte que l’on ressent de nos actions à travers les yeux de l’autre. L’arbre qui tombe dans la forêt fait-il du bruit si personne ne l’entend tomber ? La bêtise est présente même si elle n’est pas verbalisée et ce n’est pas parce qu’une personne n’est pas présente et témoin d’une action que la branche qui se fracasse sur le sol ne fait pas crac aussi fort qu’elle le peut.

 

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