Karine folie urbaine english

Je ne suis pas in english !

Je ne suis pas nulle en anglais. Je comprends un peu, mais ça dépend de la situation. Quelqu’un me parle, je vais tenter de comprendre les mots-clés et, habituellement, je vais comprendre le sens de la phrase.

Mais dès que j’écoute une série, un film ou une chanson, j’ai beaucoup de mal à comprendre puisque ça va trop vite. Ça brime mon plaisir d’écouter des émissions juste en anglais. Je me sens forcée de m’améliorer et comprendre l’anglais.

Je ne dis pas que ce ne serait pas génial d’être bilingue, mais est-ce que je peux être libre dans cette décision ? D’y aller à mon rythme et à ma façon ? Les gens portent souvent le jugement « hein, t’écoules Orange is the new black en français ? C’est tellement meilleur dans la version originale pis en plus les traductions sont à chier. » Ou LA fameuse phrase « c’est à force de les écouter en anglais que tu vas t’améliorer. » Ok, c’est vrai, tu as raison ! Je suis super heureuse pour toi si ça a fonctionné. Mais moi, j’écoute des séries pour le fun. Tu sais le gros fun d’être en mou un vendredi soir et te taper 6-7 épisodes de la série que tu écoutes en ce moment ? Ce gros fun-là. Je ne l’ai pas quand je dois me forcer à l’écouter en anglais.

Pourquoi toujours insister pour que les gens fassent comme tout le monde ? Pourquoi toujours insister en énumérant les avantages si tu le fais ?

Tu peux me juger si tu veux, mais j’écoute principalement de la musique québécoise et je lis également principalement des livres québécois. Ce n’est pas parce que je n’aime pas ce qui est américain ou simplement en anglais, ce sont mes goûts tout simplement. Je n’ai pas de préjugés sur ce qui se fait ailleurs, je n’ai pas de dédain ou de préférences, je n’ai peut-être pas la curiosité. J’ai lu Twilight, mais en français. Si un roman m’attire et que ce n’est pas une œuvre québécoise, tu sais quoi ? Eh bien, je vais le lire quand même.

On me dit souvent que je restreins ma consommation parce que je ne veux pas me forcer. Je réponds que non, c’est juste comme ça. C’est tout. Et franchement, ça change quoi pour toi que je lise Twilight en français et pas dans sa langue d’origine ? Ça change quoi à toi que j’aime une chanson anglophone pour son rythme et non pour ses paroles ? Parce que oui, j’écoute de la musique anglophone. J’en scrape la moitié parce que je prononce mal les mots, mais je suis comme ça. Est-ce si mal ? Suis-je moins cultivé parce que je ne consomme pas les œuvres dans leur langue d’origine, que je ne sais pas toujours les paroles des chansons que j’écoute et que je consomme principalement des œuvres québécoises ? Je ne crois pas. Le jugement fait mal autant que l’intimidation sur les réseaux sociaux. Des fois, les conseils peuvent blesser. Tu as le droit à ton opinion, mais des fois, tu peux la garder pour toi et ne pas l’imposer à la personne qui vit très bien comme elle est.

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Être bilingue dans la vie aujourd’hui, c’est important. Avec l’anglais, tu as une plus grande ouverture pour certaines carrières, et pour voyager, c’est un atout majeur. Eh bien, je n’ai pas cet atout.

Je n’ai pas eu la chance d’avoir des parents bilingues pour m’apprendre cette deuxième langue dès mon plus jeune âge. Mon père est bilingue, mais il l’a appris au fil des ans. Je n’ai également pas été chanceuse dans mes cours d’anglais au primaire. Apprendre les couleurs, les chiffres, l’alphabet et chanter la chanson You say yes, i say no des Beatles à chaque début de cours, ce sont les seules connaissances qui m’ont suivi au secondaire. Je me souviens que mes cours d’anglais au secondaire étaient un supplice, une torture. J’avais honte d’être en retard sur les autres et je me suis créé une barrière. J’ai redoublé cette matière à quelques reprises et chaque examen ou oral réussi était un vrai exploit. Mais j’ai toujours eu la note de passage et j’oubliais aussitôt les notions apprises. Vous savez, la mémoire sélective ! Puis, au cégep, j’ai dû faire un cours supplémentaire d’anglais. Dans ma classe, il y avait principalement des gens qui arrivaient d’autres pays dont le français et l’anglais étaient à apprendre depuis le début. Je me sentais nulle, mais je suis passé au travers et je me suis améliorée.

Aujourd’hui, je crois que le fait de ne pas être bilingue ne m’enlève rien. Je suis toujours un peu blessée quand on me juge sur ma consommation en français ou quand on me conseille les sous-titres pour m’améliorer. Mais j’ai appris à faire abstraction de tout cela, parce qu’au fond, les gens ne veulent pas mal faire. C’est maladroit, c’est tout. Je m’exerce lorsque je veux dire quelque chose à mon chum et que je ne veux pas que mon beau-fils comprenne. Encore là, ça va durer un temps avant qu’il finisse par comprendre !

Bref, entre vous et moi, de ne pas parler anglais ne fait pas de moi une mauvaise personne. L’anglais, c’est important, mais mon bonheur l’est encore plus.

 

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