Folie Urbaine éphémère

Le passage à la vie adulte : Une liberté compromise?

Malgré tous les bonheurs et petits plaisirs que peut nous apporter la vie au quotidien, à un moment donné ou à un autre, elle nous fera nous heurter à un ou plusieurs dilemmes, parfois anodins, d’autres fois plus importants.

Pourquoi? Je dirais simplement parce qu’est ainsi construite la douce  réalité – qui peut pourtant sembler amère par moments – de la jeune femme adulte qui est pleine d’ambitions et la tête remplie de projets, avec le petit hamster qui roule en permanence à 100 milles à l’heure et les idées qui fourmillent de partout, tout le temps.

Faut-il s’étonner de ces comportements volages qui mènent souvent à des indécisions, à des incertitudes, et qui placent la femme dans la vingtaine devant des situations qui font qu’elle ne sait jamais trop sur quel pied danser? Je ne pense pas. Au contraire, je crois qu’il est juste normal que la nouvelle diplômée, fraîchement graduée de l’école, après avoir croulé pendant des années sous les livres, les travaux de session et les heures assidues d’études, lorsque libérée du poids de ces angoisses cumulées jour après jour pendant une longue période, a besoin – oui, oui, besoin, parce que ce n’est ni un simple souhait, ni un désir ardent, mais bien une nécessité – de revoir ses envies, ses intérêts et ses priorités, qu’elle a en quelque sorte dû délaisser le temps de se vouer corps et âme à l’acquisition de son DEC, baccalauréat, ou autre. Et je vous rassure, je ne dis pas ça négativement, parce qu’à mes yeux, il n’y a pas meilleure fierté que de recouvrer le sentiment de liberté que nous a temporairement pris le laborieux séjour sur les bancs d’école, une fois que c’est derrière nous. C’est là qu’on réalise que le jeu en valait réellement la chandelle même si, dans le feu de l’action, on avait tendance à être sceptique et on souhaitait que ça finisse au plus vite.

Remarque que c’est comprenable. C’est vrai, quoi de mieux que de profiter des week-ends pour faire ce qui nous plaît, de rentrer le soir et de pouvoir se placer en position cocon, emmitouflée dans une grosse couverture de flanelle, et regarder ses séries du moment en boucle, sans avoir quoi que ce soit d’autre à penser? Une vie zen, paisible, sans tracas : tout ce qu’on rêverait d’avoir.

Mais attention, ne jamais se réjouir trop vite. Bien que l’entrée dans la vie adulte ait assurément quelque chose de libérateur, surtout pour une finissante qui avait l’habitude d’être aspirée par un horaire de fou, se retrouver soudainement avec trop de temps devant soi, par exemple si on ne trouve pas tout de suite d’emploi à la sortie de l’école, alors qu’on a toujours été contrainte de faire une tonne de choses à la fois, peut être déstabilisant, voire même stressant. Eh oui, devant de longues heures à tuer, une chose, ou devrais-je plutôt dire une action, revient systématiquement à la charge : penser. Penser à ses possibilités trop grandes, à ses envies de se réaliser professionnellement et à son désir profond de tout laisser de côté et de partir avec son packsack à l’autre bout du globe : deux projets extrêmement enrichissants sur le plan personnel, mais qui entrent en parfaite contradiction. Le travail ou les voyages? La sécurité financière ou le bonheur? Et voilà, le clash. Il n’en faut pas plus pour que le tourbillon d’émotions insécurisantes monte à la surface et qu’une angoisse n’attende pas l’autre.

La principale raison de tout ce branle-bas de combat? Je ne détiens pas la vérité absolue, mais voici mon intuition : Même si la nouvelle titulaire d’un diplôme collégial ou universitaire a bûché fort toute sa vie (ou presque) pour pouvoir exercer une profession qui la passionnera pour les 30-40 prochaines années, la fin de ses études met un terme à un chapitre crucial : les belles années de sa jeunesse, où elle n’avait que faire des responsabilités parce que Papa et Maman étaient en charge de tout. D’où le passage transitionnel qui se fait souvent observer chez une jeune adulte. Certaines voudront partir à la découverte du monde, à la quête d’un je-ne-sais-quoi, d’un espace vide qu’elles ne sauront décrire avec des mots précis, mais qui les habiteront au plus profond de leurs tripes, sans pour autant vouloir négliger leur future carrière. D’autres vont, sans hésitation, prendre l’avion vers des destinations lointaines pour savourer leurs derniers moments de liberté, avant de ne rentrer au bercail, se trouver un emploi stable et se fondre dans la routine nécessaire du ”métro-boulot-dodo”. Puis, il y a celles qui, dès l’obtention de leur diplôme, dévaleront les rues du centre-ville ou de leur coin de pays avec la nette ambition de trouver un travail en dedans de deux, amasser de l’argent le plus rapidement possible et s’acheter une maison.

Est-ce qu’un choix est meilleur qu’un autre? Assurément pas. En fait oui, mais ça demeure pour mon dire du cas par cas. Pour une personne, le plan de vie pourra être tracé dès l’adolescence et elle n’en dérogera pas, tandis qu’une autre pourra passer par une panoplie de remises en question avant de ne choisir le véritable chemin qu’elle souhaite emprunter. Au fond, ce n’est pas mal de vivre des dilemmes, parce que ce sont eux qui amènent le plus à travailler sur nous-mêmes, à déterminer nos préférences, à forger notre personnalité pour, de fil en aiguille, prendre de façon rationnelle les décisions qui nous parlent, qui nous ressemblent le plus. C’est pourquoi il est si important d’écouter sa petite voix intérieure. Oui, les autres peuvent être de bons conseils, mais ce ne sont pas eux qui vivront avec les regrets dans 15-20 ans si on se prive de réaliser nos projets les plus fous maintenant par peur de leur jugement.

Je pense qu’en adulte responsable, et considérant que personne ne nous connaît mieux que nous-mêmes, il est primordial de s’écouter et de se faire confiance, pour sa satisfaction personnelle et pour rendre justice à ses vœux les plus chers, lorsqu’on fait face à des indécisions.

En terminant, une seule chose à ajouter : « be who you want and what you want».

Par Karianne D. Falcon

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