Lorsque le moment fatidique de mon anniversaire de 30 ans est arrivé, j’ai eu une réalisation. Un moment d’évidence, un moment « ampoule qui s’allume au-dessus de la tête », un moment « Euréka ». Mais pas de type joyeux, plutôt… mâchoire par terre,
comment-ça-se-fait-que-j’ai-pas-réalisé-ça-avant!
Pour mes 30 ans, j’ai eu le goût d’organiser une grosse fête. Une belle célébration bien arrosée et entourée d’amis. Et c’est là que j’ai réalisé que, si j’invitais mes amis, on serait un gros groupe de…5. Si tout le monde vient. Et ça inclut mon mari.
J’ai l’impression que cela m’a pris du temps à réaliser cette grosse évidence… L’internet est fantastique pour vous faire croire que vous avez une tonne d’amis! Si je me fie à ma page Facebook, j’en ai plus d’une centaine! Alors comment se fait-il que je me sente désemparée à l’idée de devoir inviter des gens à ma fête?
La réflexion est restée avec moi vraiment longtemps. Elle est toujours avec moi plus d’un an et demi plus tard. J’ai toujours été une fille plutôt solitaire. Enfant unique, j’ai grandi en apprenant à me divertir par moi-même. J’ai vite découvert l’univers fantastique de la lecture qui permet de s’évader et de faire des rencontres fictives plus intéressantes les unes que les autres. En vieillissant, à l’adolescence, j’ai développé un bon groupe d’amies, mais je n’ai jamais été une personne immensément sociable. Et honnêtement, ça ne m’a jamais vraiment paru un problème. Jusqu’à ce que j’atteigne ma trentaine et réalise que, finalement, ça aurait été vraiment nice que je me fasse plus d’amies plus tôt, afin que je puisse avoir plus d’options aujourd’hui si je veux aller voir un film ou prendre un café!
Parce que ce que j’ai réalisé également en me penchant sur la question, c’est que les amis que l’on a à l’âge adulte, souvent proviennent de notre enfance/adolescence/années d’études. On dirait qu’une fois passées ces étapes de vie, les nouvelles amitiés sont beaucoup plus rares. Il y a les amis du travail qui peuvent devenir de bons amis! Mais tout de même, rarement des amis qui vont te connaître aussi bien que ceux qui t’ont vu te faire rejeter par ton premier kick.
Il y a aussi les amis du conjoint(e), qui avec les années deviennent tes amis. Mais encore là, rares sont ceux qui vont entrer dans le cercle privilégié des « amis proches ». Ce sera toujours les amis du partenaire avant tout.
Donc, ces dernières années, j’ai essayé de faire des efforts et de me « socialiser ». Mais lorsqu’on est une personne de nature timide, le défi est multiple. Premièrement, où rencontrer des amis à l’âge adulte? La réponse la plus populaire est : en faisant des activités. Parfait, me suis-je dit… Mais quelle activité? N’étant pas sportive, les groupes ou clubs de sports ont été mis de côté. Je n’ai pas d’enfant, donc les groupes de mères sont à exclure également. Je ne suis pas célibataire, donc les groupes de filles qui sortent et discutent de leurs rencontres sont également hors de portée… Je n’ai pas réussi à trouver beaucoup d’autres options!
Je me suis aussi demandée ce que j’attendais d’un(e) ami(e)… Suis-je trop difficile? Même dans les situations sociales, les fêtes où se trouvent des dizaines de personnes, j’ai toujours l’impression que je ne fit pas avec les gens… Pas les mêmes intérêts ou pas le même style de vie ou le même sens de l’humour… Mais quand on y pense bien, est-ce que c’est vraiment essentiel d’être deux âmes sœurs pour être amis?
Ça m’a aussi amené à réfléchir à la qualité d’une amitié. Est-ce que toutes les amitiés se doivent d’atteindre le niveau je-connais-tes-secrets-les-plus-intimes? Est-ce que ce peut être suffisant de s’arrêter quelque part entre je-sais-ce-que-tu-mets-dans-ton-café et j’ai-tenu-tes-cheveux-pendant-que-tu-vomissais-après-une-brosse (signe ultime d’amitié entre filles)? Est-ce que le degré d’intimité entre deux amis reflète nécessairement la qualité de l’amitié?
J’en suis venue à la conclusion que ma réponse à cette dernière question est non. Ce qui fait la beauté d’un cercle d’amis, c’est sa diversité de personnalités et les différents degrés d’amitié présents dans ce cercle. L’amitié est basée sur certains points communs, mais les différentes personnalités et l’unicité de chaque lien permettent de se mettre au défi et de s’ouvrir l’esprit à d’autres idées.
Je crois qu’à travers les années, j’ai malheureusement entretenu uniquement le cercle interne, celui le plus près de moi et j’ai laissé les autres cercles plus éloignés tomber en jachère. Je me suis donnée pour mission de tenter de cultiver à nouveau ces cercles d’amis. Je ne sais pas encore trop comment et ça me prendra des efforts, mais pour mes 35 ans, peut-être qu’on sera une dizaine à ma fête, qui sait!!!
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Jonathan
J’ai vécu la même chose que toi. Maintenant, j’ai 42 ans, je me dis <>!