À moins que tu sois reclus.e dans une cabane, sans internet, ni radio, ni aucun moyen de communication, je me doute que tu connais un peu l’histoire de l’heure : le producteur hollywoodien Harvey Weinstein est accusé d’agressions sexuelles sur plus d’une trentaine d’actrices sur l’espace d’une vingtaine d’années. C’est le journaliste Ronan Farrow, le fils de Woody Allen et de Mia Farrow, qui a sorti l’histoire au grand jour. Lui-même, qui avait écrit auparavant un article sur son propre père, mentionnant qu’il croyait les allégations de sa sœur lorsqu’elle disait avoir été agressée par Woody Allen. De plus, il rajoutait à quel point c’était difficile accuser quelqu’un dans la clique hollywoodienne, car tout le monde sait ce qui s’y trame, mais personne ne veut jamais se mouiller à dénoncer. Bref, le premier article était un peu comme un engagement à être celui qui se risquera de se jeter à l’eau et il a tenu promesse en sortant l’article à propos d’Harvey.
Catherine Éthier a fait une chronique commentant le tout à Gravel le matin, où elle disait qu’Harvey Weinstein avait le “bon profil d’agresseur”, alors nous acceptions avec plus de facilité de croire les victimes, contrairement à lorsque les propos sont sur des acteurs, réalisateurs que nous chérissons tous tel que Johnny Depp (violence conjugale), Mel Gibson (violence conjugale), Casey Affleck (agressions sexuelles), Jared Leto (agressions sexuelles)… Chronique brillante.
S’en est suivie une discussion sur Facebook, dans les commentaires sous le vidéo. Il faut dire que je me bats très peu (à mon humble avis) sur les réseaux sociaux, car je choisis mes combats. Je m’abstiens souvent de commentaire, car, même si celui-ci serait fait au mieux de mes connaissances, parfois, ce n’est pas suffisant. Je ne sais pas tout, je ne connais pas tout et je n’ai pas toujours les arguments nécessaires pour amener mon point de vue. Et d’autres fois, comme ce matin, je ne peux m’empêcher d’y mettre mon grain de sel. C’est donc suite aux commentaires d’une personne qui réfutait les accusations sur Woody Allen que j’ai décidé que j’allais m’en mêler.
Court résumé :
Interlocuteur : Depuis quand Woody, c’est un agresseur?
Moi : Sa fille l’a accusé en 2014 …bla bla bla…
Interlocuteur : Ah oui, cette histoire qui fait peu de sens parce que …bla bla bla…
Moi : On peut tu commencer par dire qu’il sort avec la fille adoptive de son ex-femme (oui, c’est pas sa “vraie” fille, mais il jouait quand même une figure paternelle dans l’histoire, et on aurait retrouvé des photos pornographiques d’elle lorsqu’elle était âgée de 11-12 ans environ…). Son propre fils soutient que son père est un agresseur …bla bla bla…
Interlocuteur : Aye, on peut tu arrêter avec l’histoire de sa femme qui était sa fille adoptive, ils s’aiiiiment…
Moi : Elle, elle l’a peut-être marié, mais l’autre fille qui soutient qu’il l’a agressée; non. Et y’a vraiment pas de points positifs à faire des accusations de même, à part si c’est vrai… Mais j’imagine que ça prouve le point que Catherine Éthier amenait, qu’il est difficile d’ouvrir les yeux quand ce sont des célébrités qu’on admire…
Interlocuteur : Mais ça existe les fausses accusations…
Alors, justement. Parlons-en, de ces fausses accusations-là.
Je trouve ça toujours un peu risible, la facilité qu’on a de sortir l’argument des fausses accusations. Vous remarquerez, qu’à part pour les agressions sexuelles, on voit rarement ce raisonnement lorsqu’il s’agit de tout autre crime. Pareil pour ce qui est de blâmer la victime. Mais dans le cas des agressions sexuelles, on est beaucoup plus vite sur la gâchette. Dans les faits, on estimerait que seulement 2% à 10% des accusations sont fausses, et ce, pour tous crimes confondus. On pourrait donc dire que, pour deux à dix personnes qui se voient faussement accusées, plus de 90 personnes disent la vérité. Et ça, c’est seulement pour ceux qui portent plainte. Statistique Canada disait, en 2014, que sur 633 000 agressions déclarées par sondage, seulement 12 663 portaient plainte à la police et seulement 1 814 menaient à une condamnation. Le processus judiciaire étant long et éreintant, je vois mal comment quelqu’un se lancerait dans cette lutte simplement pour “foutre la merde”. Juste à voir comment on traite les victimes sur les réseaux sociaux, on peut voir que ce n’est pas tout rose que de dénoncer, puisque ces jugements-là, on va les retrouver même lorsque notre écran est fermé. Familles, amis, policiers, beaucoup de personnes vont te remettre en doute, jusqu’à même se demander si tout ça, ce n’est pas dans ta tête, si t’es pas juste trop geignarde pour reconnaître une relation sexuelle désirée lorsque tu en vois une. (Pleins de stats, ICI, ICI et ICI.)
Lorsqu’on entend dire que “tant que c’est pas prouvé, on peut pas accuser personne”, je m’interroge sur l’impact qu’aurait le contraire, si on décidait de croire la victime, jusqu’à preuve du contraire. Surtout que de croire la victime et ne pas jouer les avocats du diable a en fait si peu de poids sur ta vie, alors que ça peut faire toute une différence pour la personne qui a vécu l’agression. Pourquoi, dans ce cas-ci, la personne ayant vécu le trauma est celle que l’on questionne et que l’on remet en doute?
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