Je suis assise dans le métro. J’ai décidé de ne pas prendre ma voiture, étant trop stressée, ce n’était pas une bonne idée. J’ai soigneusement choisi mes vêtements. Je voulais bien paraître. Ce n’est pas rien. Je me suis coiffée et maquillée. Ce matin, j’avais un rendez-vous avec mon psychologue et la discussion m’a fait du bien. Le texto de ma nouvelle patronne la veille également.
Je suis en route pour le travail. Il est midi et je commence le travail à 13 h pour mon grand retour. Je commence progressivement, durant six semaines. Cette semaine, je fais deux demi-journées. Heureusement, car je ne crois pas que j’aurais été capable d’en faire plus. J’ai l’impression que c’est la première fois que je travaille. J’ai peur. J’ai mal au ventre. Ma bouche est sèche et j’ai chaud.
J’appréhende de revoir tous ces gens que je n’ai pas vus depuis 5 mois. Les jugements que j’ai vécus pendant mon arrêt de maladie m’ont un peu égratignée; j’ai entendu beaucoup de choses. Pas nécessairement de la part des gens du travail. Non. En général. Et c’est à cause de ce que les gens disent que ma poitrine est sur le point de sortir de mon corps. Les gens ne savent pas de quoi ils parlent. Ils regardent la surface et ne creusent jamais en profondeur. Un sourire cache tellement de choses.
J’ai fait une story sur Instagram avant de partir. Juste parce que j’en avais besoin. Je sais que je ne suis pas la seule à avoir vécu tout ce que j’ai vécu et je me suis fait la promesse d’en parler; d’être transparente sur ce que j’ai vécu et sur ce que je vis.
En ce moment, je suis assise dans le métro en direction de ma première journée de travail à la suite de ma dépression. La dame à côté de moi lit au-dessus de mon épaule, mais ça ne me dérange pas. Mes pouces vont si vite sur le clavier de mon téléphone. Il faut croire que les mots font du bien, qu’ils sont thérapeutiques.
Je sors à la station Langelier et je marche vers mon nouveau bureau. Le changement aussi me donne des frissons dans le dos, mais je me dis que c’est pour le mieux. Une journée à la fois comme on dit. J’envoie un texto à ma patronne pour lui mentionner que je suis arrivée. J’attends devant la porte. C’est le moment de vivre ce grand retour et de ranger mon téléphone.
Mon corps s’accélère encore un peu, mais au fond, je sais que ça se passera bien pour la seule raison que je suis en paix avec moi-même.