Ça fait des mois que j’imagine toutes les réunions de famille où je pourrais me présenter à ton bras, que je repousse les gars qui m’abordent quand on est au même party, toi et moi, que je mets ma vie sentimentale sur pause pour attendre que tu me laisses entrer dans la tienne.
Je suis bien bonne pour me raconter des histoires que je crois bien plus souvent qu’autrement. Je me surprends à croire que je n’ai développé avec toi qu’une relation d’amitié privilégiée ; on passe des beaux moments ensemble, on s’épaule dans nos défis, on en est presqu’à la télépathie tellement notre lien est fort. Mais je ne peux plus. Je ne peux plus fermer les yeux ou, plutôt, fermer mon cœur aux sentiments qui m’habitent quand je suis en ta présence. Je ne peux plus ignorer les mille et un jurons qui traversent mon esprit quand tu me dis que tu as une nouvelle date. Je ne peux plus refouler les sourires qui illuminent mon visage quand je parle de toi.
Je t’aime. Et c’est douloureux.
J’ai fini par comprendre, avec les conseils des femmes autour de moi, qu’il faut que je redonne à ma propre vie toute mon attention, que je mérite d’être heureuse avec un homme qui m’aime en retour, qui donne autant, sinon plus que moi, qui voudra bien mettre les souliers les plus inconfortables de sa garde-robe juste parce qu’il sait que je le trouve tellement beau quand il les porte! J’ai droit au prince charmant qui verra plus loin en moi que personne auparavant.
Je veux t’aimer, mais pas à n’importe quel prix. Alors aujourd’hui, je t’aime et je te laisse aller. Ç’a toujours été mon mantra quand j’ai vécu des ruptures et, avec toi, c’est probablement la rupture la plus douloureuse que j’aurai vécue jusqu’à maintenant. C’est une rupture pour quelque chose qui ne s’est jamais passé, pour un amour qui est né, mais qui n’aura jamais été consommé. Je renonce à une histoire imaginaire qui a été lue et relue dans ma tête, dans tous les sens, avec toutes les variantes. Je me suis crue!
Et maintenant, je te laisse aller. Je te laisse aller parce que c’est trop pour moi. On n’est pas rendus au même stade dans notre vie et je veux respecter ton rythme. Et pour moi, respecter ton rythme, c’est accepter qu’on ne vivra probablement jamais l’histoire que j’ai écrite. Et ça fait mal. Mais c’est le bon moment.
Je t’aime et je te laisse aller.
Texte par La Bohème