J’ai souvenir de vous tout petits. Je n’arrive pas à vous regarder autrement encore aujourd’hui. J’ai l’impression que j’ai vieilli. Moi. Mais pas vous. À mes yeux, vous êtes encore naïfs, jeunes et sans responsabilités. Mais non. Vous aussi vous êtes devenus grands. Certains sont au cégep, bientôt à l’université, avec des emplois géniaux ou même avec un enfant. Dans ma tête, le souvenir que je garde de vous, c’est la naïveté et la beauté de votre enfance. Vous avez encore 6 à 12 ans pour moi.
Vous m’appeliez Jaune. Mon chandail de travail l’était. J’ai joué le jeu en m’achetant des chaussures jaunes et en me mettant souvent du vernis jaune. Vous trouviez ça drôle et moi, encore plus. J’étais celle qui était tout l’été dans un parc de Tétreaultville. J’assurais la sécurité dans ce parc. Mon parc. Vous êtes rapidement venu me parler, curiosité oblige. Rapidement, une routine s’est installée. Je suis devenue votre amie, votre confidente, votre modèle, votre travailleuse sociale, votre mère, votre grande sœur, name it.
Vous m’attendiez à l’arrêt d’autobus dès 15:00. Vous aviez hâte de savoir ce qu’on ferait dans la soirée, jusqu’à 21:00.
J’ai appris énormément de chacun d’entre vous et je ne peux m’empêcher d’avoir un petit pincement dans l’estomac quand je vois à quel point vous êtes rendus grands. Vous n’êtes pas tous dans mon Facebook, mais pour ceux qui le sont, je suis tellement fière de vous.
Je m’ennuie. Je m’ennuie de nos soirées à chanter et à danser. Les soirées où vous veniez avec votre souper pour manger avec moi. Certains avaient la permission de rester jusqu’à ce que je quitte si je vous raccompagnais. Vos rires, vos tristesses, vos ambitions. J’étais privilégiée de partager tout cela avec vous. Je me suis attachée.
On s’était improvisé une journée dans le Vieux-Port de Montréal après avoir ramassé des centaines de cannettes pour financer notre sortie qui a eu lieu dans mon temps personnel, tout simplement par amour pour vous. Cette journée a été magique!
Je vous surveillais chaque jour et je m’inquiétais quand vous ne veniez pas plusieurs jours de suite. Je vous ai aidé dans vos problèmes, j’ai répondu à vos questionnements, j’ai joué à la médiatrice lorsqu’il y avait des chicanes de meilleures amies ou des chicanes de couple. Je vous ai offert plein de choses, cadeaux, Mr. Freeze et beaucoup de moi.
Vous avez plus de 18 ans et vous êtes des adultes. Je suis tellement heureuse de vous avoir compté dans ma vie pendant plus de 3 étés.
Vous me manquez, mais je continue à vous surveiller, de loin. Pas comme autrefois, mais en étant fière de ce que vous êtes devenus et de ce que vous deviendrez. À mes yeux, vous resterez à jamais les jeunes formidables que j’aimais voir chaque jour de mes étés.
Parc St-Victor
2007 à 2010