redevenir solo et perdre son rôle de belle-mère

Redevenir solo, perdre son rôle de belle-mère

Il y a quelques mois, je me suis séparée de l’homme avec qui j’ai passé 3 années et demie. On s’aimait, mais la flamme n’y était plus, et ce, depuis un moment. La routine fait souvent en sorte qu’on pense toujours que ça va s’arranger. J’avoue qu’au début, je n’étais pas d’accord avec cette décision, pour moi c’était comme un immense échec. Ce n’était pas possible d’enterrer tout ce qu’on avait construit ensemble, d’oublier les projets qu’on avait fait. On a traversé une année absolument difficile avec ma dépression et on a surmonté ça ensemble. Mais malgré l’amour, la passion était essentielle et elle n’y était plus. J’ai donc emménagé chez mes parents le temps de me remettre sur pieds et de me trouver un appartement. Mon premier appartement solo. J’ai souffert, beaucoup. Il me manquait à chaque seconde qui passait. J’espérais quelques fois qu’on se donne une nouvelle chance, sur de nouvelles bases. Mais malgré mes beaux espoirs, je savais tout au fond de moi que c’était bel et bien terminé. Durant les 2 mois où j’ai habité chez mes parents, dans leur sous-sol au travers leurs choses, à dormir sur un minuscule lit de camp, j’étais concentrée sur l’achat de meubles, de décorations, tout m’occupait l’esprit. J’avais l’impression d’aller bien, de débuter une nouvelle aventure. C’est sûr que de partir en appartement seule, c’est excitant : la peinture, les meubles, la décoration, etc. Tout est stimulant. Mais je pleurais tout de même chaque soir avant de m’endormir. Je ne perdais pas uniquement l’homme que j’aimais, mais aussi son fils, mon rôle de belle-mère.

J’étais la belle-mère d’un petit garçon adorable durant plus de 3 ans. Des années à m’occuper de lui, à l’aider, le consoler, l’amuser. Du jour au lendemain, je n’avais plus que moi, plus personne à qui penser. J’ai eu du mal au début à ne pas me demander si je ne devais pas le récupérer à l’école, à penser au souper, au cours de karaté, à faire l’épicerie et acheter des portions individuelles, à réaliser qu’il n’y avait plus de besoin d’acheter des compotes à boire et des petits jus. C’était tout un changement, drastique je dirais. Quand nous lui avons annoncé notre rupture, ses larmes m’ont brisé le cœur. Quand je suis partie, il m’a regardée et m’a dit : « Karine, je ne vais jamais t’oublier ».

Quand j’ai eu les clés de mon appartement, le 1er mars, j’étais heureuse et soulagée. Je pouvais commencer à me reconstruire, à apprivoiser ma peine. Mon ex, je l’ai revu le premier soir, il est venu donner un coup de main pour un meuble qui était resté chez nous, maintenant chez lui. Aucun malaise, j’étais contente de le voir, mais j’avais aussi beaucoup de peine. J’ai passé le week-end à emménager avec mes amies et ma famille qui sont venues m’aider. J’ai pris une semaine de vacances pour m’assurer de bien m’installer. La même semaine, c’était la semaine de relâche de mon petit homme et c’est avec bonheur que nous avons passé une journée complète ensemble au Centre des Sciences de Montréal, au même endroit où je l’ai rencontré la première fois, belle coïncidence. J’ai eu le cœur gros toute la journée, un mélange de bonheur et de tristesse. Notre relation ne sera plus jamais la même, il faudra créer de nouveaux liens, bâtir quelque chose de nouveau. Je lui ai demandé plusieurs fois s’il voulait qu’on se voie souvent et chaque fois, avec son immense sourire, il m’a répondu que oui. Je ne suis plus sa belle-mère, je ne sais pas trop comment définir mon rôle envers lui aujourd’hui, mais il restera toujours important pour moi, un membre de ma famille, un enfant, l’enfant de ma vie.

Avec mon ex, ça n’a pas été facile au début. Je me souviens du premier vendredi suite à mon déménagement. Après avoir passé une journée avec son fils, nous sommes allés prendre un verre dans un bar où nous n’étions jamais allés avant. Je ne buvais plus, mais ma peine l’a emportée et j’avais besoin de me calmer. Je lui ai craché tout mon venin, j’avais mal, je souffrais, je ne pouvais faire comme si de rien n’était. Rester amis, oui, mais pas avant de dire tout ce que j’avais sur le cœur. Le malaise, la honte, mais le soulagement après ! Je me suis sentie mal, mais c’était nécessaire et si je lui demandais aujourd’hui, je ne crois pas qu’il m’en porterait rancœur.

Aujourd’hui, je vais bien, en fait, je vais mieux. Je ne peux pas dire que je ne souffre plus, mais j’apprends à vivre seule et je tente de passer à autre chose. Je vois mon petit homme souvent, j’espère que cela restera comme ça encore longtemps. Je parle plus souvent à mon ex, on s’écrit et on se parle, chose qui me rend vraiment heureuse. Il était mon amoureux, mais avant tout mon meilleur ami, c’est à lui que je disais tout. On a partagé tellement de choses ensemble et c’est lui qui était là lors de ma dépression, c’est un lien qui ne peut disparaître. Je sais qu’au fond de moi, je l’aimerai toute ma vie. Je lui souhaite le bonheur et je m’en souhaite tout autant. J’espère que notre amitié, la nouvelle relation qui prend place, traversera les années.

Maintenant, je construis ma vie en solo, j’ai des projets, je me sens bien dans mon appartement que j’ai mis à mon goût et je regarde l’avenir la tête haute et le cœur libre.

 

karine signature Valérie_réviseure

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