Pour mes 30 ans, j’ai essayé quelque chose de nouveau et je suis rentrée dans un mur. LITTÉRALEMENT frappé un mur.
Ce que j’ai pas eu envie de dire trop fort, c’est que dimanche, au matin de ma nouvelle décennie j’étais seule… j’avais envie d’être seule. J’avais le cœur gros de nostalgie, de questions, comme à chacun de mes anniversaires. Tourner la page d’une année me fait toujours regarder en arrière. Comme si quand un chapitre finit j’ai besoin d’en faire un résumé.
Je ne serais pas fidèle à moi-même si je n’avais pas ce désir d’avancer et faire mieux. Ce besoin d’évoluer et donc de me questionner. Mais c’est dur. Être dans ma tête c’est épuisant. Puis là, je venais de finir un projet important… ce gros CHECK sur ma bucketlist qui durait depuis 4-5 ans. Qui m’a accaparé depuis le début de l’année en me mettant dans un état constant de fille qui court à 100 miles à l’heure.
Fini. J’ai à peine eu le temps d’en profiter que c’était déjà derrière. Le deuil. Une réussite dont je suis fière. Mais un vide soudain d’après événement. Ça, c’est le mur de mes peurs, celui qui est fictif. Celui qui me fait sentir pas importante quand je n’en fais pas assez. Celui qui me fait de l’ombre à moi et mon bonheur. Un mur qui veut parfois m’empêcher d’avancer, de passer au prochain chapitre.
À mon réveil, je n’étais pas d’humeur et j’avais envie de partager ce moment avec personne d’autre que moi. Ma mauvaise humeur, je préfère ne pas la partager. Je me suis convaincue que j’étais assez forte pour aller manger seule et surtout que je « méritais » un bon lunch le jour de mes 30 ans.
Arrivée au resto, noyée dans le chaos du dimanche, les gens, le bourdonnement, j’ai commencé à ressentir de la solitude. J’ai voulu fuir un peu et concentrer mon attention sur mon cellulaire qui me notifiait un après l’autre, des bonnes fêtes multiples, ce qui n’aidait pas mon sentiment soudain. Car virtuellement bombardée d’amour, j’étais concrètement ignorée. La pauvre serveuse était occupée et moi étant sur mon cellulaire, elle m’a un peu oubliée. J’ai eu l’impression d’être quelque part où ma présence n’était pas. Je me sentais… pas importante. Les larmes sont montées et j’ai tout fait pour les empêcher de couler. L’orgueil. J’ai réussi.
J’aimais pas ce «mood» dans lequel je me trouvais, mais je savais que j’avais besoin de le vivre. Il fallait que je trouve une manière de casser mon mur de peurs…
Ma belle amie sportive m’a alors invitée à faire de l’escalade pour ma toute première fois. Quand j’ai vu son texto « popper » J’ai pensé : « Es-tu folle? J’ai jamais fait ça et j’ai peur des hauteurs. » Mais sentant que ma journée ne pouvait pas être pire… j’y suis allée!
J’ai détesté ça au point d’aimer quand même. En fait, ça m’a fait frapper mon vrai mur. J’apprenais le «lâcher-prise», c’est-à-dire que j’apprenais à lâcher le mur, faire confiance et descendre tranquillement. Sauf que je ne savais pas quoi faire avec mes mains donc j’ai tournoyé sur moi-même et rentré dans le mur. Ça n’a pas fait mal. Ça m’a presque fait du bien. De se sentir ainsi en vie et réaliser que «Y’a rien là». Je n’ai pas une seule fois réussi à finir une piste et monter jusqu’en haut mais, d’une fois à l’autre, j’en faisais un peu plus et surtout, j’avais moins peur.
Et puis, je suis sortie de là avec le sourire. J’ai compris que mon mur de peurs, le fictif, j’avais pas à trouver une manière de le casser mais plutôt de l’escalader. Si je n’arrive pas complètement en haut, c’est pas grave, y’a de quoi être fière de chaque étape. Si je tombe y’a toujours des gens pour nous «assurer» On n’est pas seuls.
Tu veux savoir quoi? Le mur, il est chiant juste si tu restes en bas tout le temps, sans jamais voir le soleil. Des peurs, y’en aura toujours. Le mur, il ne disparaitra pas. Mais si tu peux chiller en haut de temps en temps et profiter du soleil en admirant la vue, ça change vraiment la perspective.
Texte par Isabelle Jetté