Fred parle de sa réalité de papa monoparental

Je suis un homme, mais humain avant tout

On parle souvent des mères qui se séparent et qui doivent assumer l’éducation de leurs jeunes enfants, mais on parle peu des pères qui doivent composer avec l’absence dans la vie de leurs plus grandes fiertés.

Ma pire journée de ma vie fut lorsque je foulai la porte de ma maison, alors que tout le monde venait de partir. Je n’étais pas là lors de leur déménagement. Je travaillais. Je tenais à travailler, parce que j’aurais pleuré sans arrêt, le coeur déchiqueté au vif de voir mes petits cocos partir sans que je puisse faire quoi que ce soit. J’avais fait les démarches à la cour pour garder mes enfants. Après tout, la mère déménageait à 75 km de la maison. Mais il aurait fallu que je dépense plus d’une dizaine de milliers de dollars pour me faire entendre sans garantie de jugement en ma faveur. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais tout simplement pas…

Alors, j’avais choisi mon combat. J’aimais mieux que mes enfants reçoivent cet argent avec une pension salée au lieu d’engraisser le milieu judiciaire déjà bien nanti dans les causes d’enjeux familiaux. Car après tout, le bien-être de mes enfants était ma priorité, pas celui des avocats.

Par la suite, c’était la routine post-judiciaire qui entrait en jeu. J’avais mes enfants deux fins de semaines sur trois et je devais composer avec les “au revoir” qui chaviraient mon coeur chaque fois que je prenais mes enfants dans mes bras avant de les voir partir dans l’autre auto. Je m’arrangeais toujours pour être le dernier à partir de notre point de rencontre, parce que j’avais les yeux tellement vitreux qu’il m’était incapable de voir clairement devant moi. J’avais le coeur dans la gorge. J’avais envie de maudire la vie de m’arracher mes enfants chaque fois que le changement de garde arrivait.

Puis, un jour, ma fille avait le blues avant même de quitter la maison. Elle me faisait des gros câlins et ne voulait plus se détacher de moi. Pour la première fois, elle me dit papa, je ne veux pas partir…Pis moi j’étais là, à lui rendre ses câlins mille fois plus fort et en me disant que l’impuissance était la pire sensation qui existait.

Tout au long du chemin, je la voyais sur la banquette arrière, le regard perdu par la fenêtre, tout comme son frère qui n’aimait pas plus la situation. J’avais avec moi mes deux plus belles richesses et je devais m’en séparer, tantôt pour une semaine, tantôt pour deux.

Chaque fois que mes enfants me quittaient, une partie de ma vie partait avec eux et ne revenait plus. Je devais me dire à répétition qu’ils devaient faire une grande partie de leur vie sans moi, en espérant qu’ils soient en mesure de bien réussir leur jeune vie. Je devais aussi composer avec le fait qu’un autre homme les voyaient plus souvent que moi…

Un jour, alors que je m’excusais de ne pas pouvoir être plus présents avec eux, mon fils a eu la brillance de me dire la plus belle phrase que j’avais besoin d’entendre: tu sais papa, le plus important n’est pas que tu sois toujours avec nous, mais que tu nous aimes malgré tout. Juste à y penser encore, ça me donne la chair de poule. Ces mots m’avaient enlevé une tonne de pression et de culpabilité sur mes épaules. Je comprenais qu’ils avaient tout simplement besoin d’être aimés par leur papa et que le reste était tout simplement secondaire.

Aujourd’hui, je ne m’en fais plus. Ils savent que je suis là pour eux et que je ne les oublierai jamais. Heureusement, le web facilite la communication avec mes enfants, mais rien n’égale le plaisir de les sentir tout près de moi, à les câliner et les embrasser comme un papa sait si bien le faire quand ça compte.

 

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