Je me retrouve devant ta porte, à me demander si ça vaut la peine de cogner dans l’espoir que tu me répondes. Je ne sais pas si c’est la bonne chose à faire, parce que pas plus tard qu’hier, tu m’annonçais que tout était fini entre nous.
Je n’avais même pas eu le temps de te prendre dans mes bras une dernière fois avant de partir. Ta décision était prise depuis longtemps, alors que moi je me retrouvais devant le fait accompli. Je t’avoue que j’ai trouvé ça difficile. Tes mots m’avaient coupé le souffle et encore aujourd’hui, j’essaie de me sortir la tête de l’eau avant de m’étouffer pour de bon…
Je me rappelle qu’à notre première rencontre, tu m’avais prévenu que tu n’étais pas facile à vivre. Que tu aurais de la difficulté à t’adapter si nous décidions d’être ensemble, au point de me demander pardon avant même qu’on se soit échangé un premier baiser. Il y avait dans tes yeux la crainte de faire place à quelqu’un d’autre dans ta vie. Et moi, j’avais juste envie de te rassurer. Que tout irait bien si tu te donnais la chance de me laisser une petite place auprès de ton coeur.
Lorsque nos regards s’étaient croisés pour la première fois, j’avais ressenti la même chose que toi. De la gêne, de l’inquiétude et de l’inconfort. Mais on a réussi à tout laisser derrière nous. À apprendre à aimer l’autre, à ne pas s’oublier même en couple, à connaître une belle vie amoureuse comme on le souhaitait tant. Je pensais que tes craintes s’étaient envolées. Je croyais que j’avais eu assez d’arguments pour te convaincre que finalement, tu avais pris la meilleure décision en me laissant entrer dans ta vie.
Je n’ai pas vu ton refoulement émotionnel. Je n’ai pas vu l’inconfort qui te rongeait peu à peu chaque jour que notre vie se soudait de plus en plus. Je n’ai pas vu qu’à l’intérieur de toi, il y avait un poignard qui t’ouvrait le coeur chaque fois que tu m’entendais te dire «je t’aime». Je n’ai pas vu l’appel à l’aide qui se cachait dans tes yeux chaque fois que mon regard cherchait à croiser le tient. Pourtant, tu étais tout sourire. Tu me semblais heureuse et épanouie, au point de me demander si je t’avais enfin libéré des monstres qui te rongeaient de l’intérieur. Ces monstres qui s’acharnaient sur ton estime de soi, ta confiance et l’image de la femme que tu idéalisais d’être.
Aujourd’hui, je sais que ta porte ne s’ouvrira jamais plus pour moi. C’est pour cette raison que je dépose devant elle tous les souvenirs que nous avons vécus ensemble et que tu voulais tant que je garde jusqu’à une prochaine fois, comme si tu voulais amoindrir un malaise en finissant cette histoire de cette façon et que tu n’avais pas envie de me faire de la peine.
Oui, après toutes ces années je te pardonne.
Car c’est ma naïveté qui m’aura finalement mené jusqu’ici.