Il y a environ deux ans, nous avons donné notre nom à un organisme qui vient en aide aux familles immigrantes de la région. Avec le grand nombre de familles de réfugiés arrivées au Canada, nous souhaitions faire notre part en devenant une famille jumelle. Aucun engagement financier requis, seulement un engagement de temps pendant un an pour permettre à ces nouveaux arrivants de mieux connaître le Québec, son fonctionnement et de côtoyer une famille québécoise.
Après une entrevue pour valider nos véritables motivations à cette implication, nous avons été acceptés en tant que famille jumelle. Il ne restait plus qu’à connaître l’identité et la provenance de cette nouvelle famille. La patience était de mise puisque nous devions attendre l’appel de l’organisme qui communiquerait avec nous dès qu’il connaîtrait l’identité de nos jumeaux! Quelques semaines plus tard, le téléphone a finalement sonné. Pas besoin de vous dire que la fébrilité était à son comble. Nous avons alors eu droit à une brève description de la famille d’origine syrienne qui avait trois enfants, habitant depuis trois ans au Liban (en raison évidemment de la guerre) et qui était arrivée au Québec depuis une semaine.
Prochaine étape ; les rencontrer pour faire connaissance dans leur nouvel appartement. La barrière de langue étant un obstacle de taille (vous comprendrez que notre arabe n’est pas très au point), notre première visite s’est donc déroulée en compagnie d’une interprète de l’organisme. Nous pouvions profiter de l’occasion pour poser toutes nos questions puisque nous avions droit aux services de l’interprète pour seulement une rencontre.
Nous avons constaté que l’ameublement de l’appartement se résumait à une table, quelques chaises, des matelas, des commodes et quelques articles pour la cuisine. Dans les jours qui ont suivi cette première visite, nous avons mobilisé notre réseau afin de trouver quelques jouets pour les enfants, un divan, des lampes, de la vaisselle et une télévision (merci de votre générosité!)
Au début, le fait qu’on ne communiquait pas dans la même langue a été tout un défi. Notre nouvelle famille jumelle parlant seulement arabe, il fallait mettre de côté le français et l’anglais pour communiquer. C’est pourquoi Google translate et les mimes sont devenus nos meilleurs amis depuis!
Durant cette année de découvertes, nous avons appris à connaître des gens exceptionnels, à communiquer avec eux (notamment grâce à leur cours de francisation et au petit livre L’arabe pour les nuls), à découvrir une nouvelle culture et à déguster de la nourriture délicieuse. L’expérience fut très enrichissante pour nous et nos enfants. Nos visites hebdomadaires nous permettaient de voyager et ce, à seulement une vingtaine de minutes de chez nous.
En décembre 2017, coup de théâtre! Après environ un an après leur arrivée au Québec, le bloc appartement dans lequel habitait notre famille jumelle passe au feu. Il s’agissait d’un locataire qui avait oublié son chaudron sur la cuisinière! Heureusement, personne n’a été blessé, mais les seize locataires de l’immeuble ont du être relocalisés. Les dommages étaient considérables et les travaux de réparations devaient prendre beaucoup de temps. Heureusement, notre famille disposait d’une assurance habitation et a donc pu être relogée à l’hôtel pour environ 10 jours, question de respirer un peu. Je vous laisse tout de même imaginer le défi que comporte une telle situation à quelques semaines de Noël.
Après plusieurs démarches de la part de l’organisme, de notre famille syrienne et de nous-même pour leur trouver un nouvel appartement, le découragement était à son maximum. Nous n’habitons pas dans une grande ville et les logements abordables ainsi que disponibles immédiatement ne courent pas les rues. De plus, quinze autres locataires tentaient eux aussi de se relocaliser. On se croisait même sur plusieurs visites d’appartements! Tic tac, tic tac et le temps accordé par les assurances filait.
Tentant de trouver une solution et comprenant l’inquiétude de nos nouveaux amis, une petite voix m’a alors dit de regarder les possibilités d’achats. Juste au cas où un immeuble serait à vendre et aurait un ou deux logements disponibles immédiatement.
J’ai alors trouvé un duplex, bien situé, avec deux logements libres. Nous avons donc fait quelques calculs afin de voir la viabilité du projet autant pour eux que pour nous. En une semaine et demi, nous devenions propriétaire de l’immeuble. Nous avons d’ailleurs pu constater la grande solidarité des gens autour de nous. Tout le monde s’était mis en mode solution pour accélérer le processus d’achat autant le notaire, la banque, l’agent d’immeuble, que nos amis proches et ainsi s’assurer que notre famille syrienne soit logée avant Noël. Au bout du compte, un peu fatigués et grâce à beaucoup d’aide, nous avons réussi!
Au début de cette aventure, nous étions bien loin de nous imaginer que cela nous ferait vivre autant de rebondissements. La solidarité humaine est grande, et souvent il ne suffit que de demander pour voir un réseau se mobiliser. Une belle réflexion en ce temps festif de l’année!
Psitt! : Détrompez-vous si ce texte vous laisse croire que cette aventure d’achat a été facile. Le tout s’est avéré beaucoup plus tumultueux que nous avions prévu. Je vous réserve les détails post-achat dans un autre texte de blogue…bon temps des fêtes!
Joyeux temps des fête à vous aussi!! Xxxx

