Tu as toujours été une personne que les gens trouvaient forte et qui semblait indestructible. Cette personne sur qui on peut toujours compter et qui ne se laisse pas abattre par les mauvais jours. Toujours passionnée, toujours prête à tout surmonter, tu donnais sans compter. Une fille impliquée dans dix mille projets, jamais prise au dépourvu et mordant à pleines dents dans la vie.
Mais il s’était tapi dans le noir au fond de toi. Ce monstre attendait tranquillement son heure et que tu atteignes tes limites. Tu avais trop de blessures non cicatrisées, trop de gentillesse et de confiance offertes aux mauvaises personnes, trop de larmes non versées parce que tu cachais sans cesse ta souffrance. Ton énergie était dépensée pour fabriquer le bonheur des autres, mais pas le tien.
Et il est arrivé, ce monstre en toi, chassant le soleil et la joie dans un grand nuage de noirceur, ce trou noir qui était seulement dans ta tête. Il ne t’a laissé qu’un trou béant au milieu de la poitrine, une sensation de vide et de tristesse infinie, une peine qui te semblait-il, ne partirait jamais. Tu te sentais au bord du gouffre, peinant à reprendre ton souffle et avec l’impression de suffoquer dans cette vie qui était la tienne, sans vraiment savoir pourquoi.
Tu ne te reconnaissais plus, toi, la fille pleine de vie. Tu étais devenue l’ombre de toi-même, une épave, un personnage noir sans visage. Tu te trouvais au milieu de cette mer déchaînée, sans savoir à quoi t’accrocher et comment crier à l’aide. Tu as eu peur. Tu espérais qu’il ne soit pas trop tard, que ce monstre n’avait pas eu le temps de faire trop de ravages en toi.
L’ascension pour toi a été pénible, réalisée dans les larmes et parfois dans un épais brouillard. Tu as eu des mains qui se sont dressées devant toi. Il ne suffisait que de la lumière de gens qui t’aimaient et qui t’ont vu sombrer. Tu étais comme un diamant brut aux multiples facettes, certaines qui pour briller de mille feux devaient s’illuminer au contact de tes proches remplis d’amour et de sollicitude. Les autres, les personnes qui te laissaient patauger dans le noir, tu y as fait un grand ménage.
C’est un genou à terre que tu as réussi à relever la tête. Alors que tu avais perdu espoir, le noir s’est mis à disparaître tranquillement, un jour à la fois. Chaque jour, il faisait moins sombre, il y avait moins d’ombre autour de toi. Le soleil restait en toi plus longtemps réchauffant tes muscles crispés par la peur de te perdre en toi-même et de ne pas réussir à t’en sortir.
Malgré tout, à cause de lui, une partie de toi a disparue et est morte à jamais. Tu ne riras plus jamais de la même façon. Ton regard sur les autres, ta façon d’aimer et de vouloir l’être ont changé définitivement.
Ta confiance sera plus difficile à accorder. Plus réfléchie et prudente, tu ne te laisseras plus amadouer aussi facilement. Tu accorderas plus de temps à ton bonheur parce que tu auras compris qu’au final, c’est toi-même que tu dois toujours prioriser, mais surtout aimer.


5 Comments
Chantal paquin
TRÈS beau texte
Je me suis reconnue dans tes mots.
MANON Fortin
Wow ,je suis une connaissance de Karine Duperrė des textes,des mots qui font rėflėchir bravo continue ton beau travail
Claude
J’adore ! Touché, merci ! Très belle plume, vraiment bien écrit. Je pense que c’est ça le courage, être capable d’exprimer sa vulnérabilité en toute humilité.
Je ne sais pas si tu en es consciente mais, ta façon de prendre soin de toi, va faire beaucoup de bien autour de toi.
Merci de nous partager ton authenticité. Gratitude !
René Laporte
Très beau texte sur un sujet délicat.
Christiane Boutet
Ouff te lire est comme une therapie pour moi je me retrouve tellement. Tu as un don que seule une grande ecrivaine peut avoir. Bravo Julie et felicitation pour ton excellent travail