trouver sa place

On finit par trouver notre place

Toute ma vie, j’ai eu du mal à trouver ma place. Dès que j’en ai eu l’occasion, je suis partie de chez mes parents. J’avais l’impression de ne pas être chez moi, trop de règles, pas assez d’intimité. Mais ça ne s’est pas amélioré avec les années. En colocation avec mes ex, j’ai toujours le sentiment que je ne suis pas à ma place, qu’il manque un peu de moi partout. J’ai vite pris l’habitude de vouloir tout changer pour m’aider à me sentir mieux. Mais le sentiment d’imposteur était toujours là. J’avais l’impression que, peu importe ce que je ferais, je me sentirais chez moi nulle part.

Au travail, dans ma famille, dans mon entourage, j’ai toujours eu le même sentiment. Pis on s’entend que ça finit par peser lourd dans un petit cœur d’humain. J’ai toujours eu l’impression d’être le mouton noir, peu importe où je me trouvais. J’ai adoré cohabiter avec mes colocs, mais je partageais cet espace, je devais constamment penser que je n’étais pas seule, on séparait les tâches, etc. Même chose en cohabitation avec mon ex, mais là c’était encore pire, puisque je n’aimais pas du tout l’appartement et je changeais sans cesse les dispositions; ça devenait lourd à la longue. Je peux faire le parallèle entre ma vie sociale et familiale; la fille qui n’a rien, qui n’est pas stable, qui se cherche encore. Mes parents m’aiment, je le sais, mais je me demande s’ils sont fiers de la femme que je suis? J’ai toujours été mal dans ma peau et je leur en ai fait baver, je fitais nulle part. Même à mon ancien travail, j’avais l’impression qu’on voulait que je change ma personnalité, qui je suis, que je n’avais pas le droit d’être moi-même. C’était un peu difficile d’évoluer dans une organisation qui ne m’épanouissait pas. Bref, tous de petits exemples de mon immense sentiment d’être à ma place nulle part.

Mais. Oui il y a un mais. Aujourd’hui, c’est différent. Comme si dans la dernière année, tous les morceaux du casse-tête se sont enfin mis en ordre et une illustration est apparue. J’habite seule pour la première fois. Malgré qu’au début j’avais peur, je me sens bien et, surtout, je me sens chez moi pour la première fois de toute ma vie. Chaque parcelle de cet appartement est un bout de moi. Je sais que cela peut paraître kitsch, mais c’est ça pareil. Je ne suis pas encore installée à 100%, mais ça s’en vient.

J’ai un nouvel emploi qui me convient à 100%, tout est parfait. J’ai vraiment l’impression d’être là où je devais être. Je crée des choses, mon expertise sert beaucoup et l’équipe est formidable. Il y a plusieurs personnalités, mais on s’entend tous très bien. L’événementiel, c’est vraiment ça ma branche et je suis fière d’avoir réussi à me rendre où je me voyais. J’ai encore beaucoup à apprendre, mais je sais que je suis capable, que si je travaille très fort et que j’y crois, je pourrai défoncer n’importe quelle barrière.

Je me sens plus proche de ma famille que jamais. Les périodes plus sombres m’ont appris qu’on a tous notre place dans la vie d’une autre personne; il suffit de comprendre, d’être attentif et de prendre la place qui nous est offerte. Ne rien précipiter, pas de chichi, on n’a pas besoin d’être parfait, juste d’être nous-même, authentique, parce que ceux qu’on aime nous aiment pour ce qu’on est réellement.

J’ai donc réalisé que même si ça fait 30 ans que je me demande où est ma place, on finit par la découvrir. Pour ma part, j’ai trouvé ma place aux trois endroits qui pesaient lourd sur mes épaules, et c’est plus légère que je vais traverser le temps et relever tous les défis qui se mettront sur mon chemin.

Karelle gauthier

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