Cela fait à peine 20 minutes que je t’ai donné ton bizou et ta caresse pour la nuit, mais c’est avec amertume que je pense à la journée qu’on vient de passer!
Je me suis levée avec un manque de sommeil, toi tu étais déjà prêt à affronter la journée avec ton sourire et ta joie de vivre du haut de tes 5 ans. Je me suis fait un café mais j’aurais probablement dû me faire une cafetière 12 tasses à moi toute seule. On s’est vite préparés car nous étions attendus pour tes cours d’orthophonie où je t’ai trouvé plus ou moins concentré.
En route chez mamie et papi, où nous étions attendus pour dîner, j’ai ressenti un certain stress qui retombait. Jusque-là, la journée était correcte mais je sentais en dedans une fatigue non rassasiée! Au retour vers la maison, j’ai dû arrêter à deux ou trois places et je sentais que toi aussi tu étais exténué.
Moins de sommeil, moins de patience. C’est pourtant normal mais sur le coup c’est toujours incompréhensible. Tu as boudé, ça m’a déçue parce que j’ai été chercher ton mets favori, les sushis. Je me dis que tu n’apprécies rien et qu’on fait tout pour toi et je m’écoutais parler.
Vient le temps de te mettre au lit, parce que j’aimerais avoir une heure et deux coupes de vin pour décompresser, seule. Toi tu pleures parce que tu ne veux pas dormir, moi j’ai envie de pleurer parce que je veux que ça cesse. Vient ce moment tant attendu où tu es dans les bras de Morphée et puis, toc toc toc, qui est là ? Le sentiment de culpabilité, celui avec un grand C majuscule.
Mon cerveau repasse notre journée et je constate que ce n’était pas toi le grand responsable des petites failles du samedi ! Moi j’étais encore pressée dans le temps, comme si une bombe allait tomber sur la maison. À la course, je m’essouffle sans vraiment m’en rendre compte. Vient le moment où, quand mon stress retombe un peu, ton énergie d’enfant prend du volume à une vitesse monstrueuse.
Au cours de la journée tu veux mon attention et quelle que soit la manière de la trouver, tu y arriveras. Je me replonge dans mes pensées et je me dis que tu es un petit garçon reconnaissant de ce que tu possèdes. Tu le manifestes très souvent et j’en suis tellement fière. Je revois l’incompréhension dans tes yeux d’enfant qui veut juste jouer, pendant que moi je cherche le silence.
Je me rends finalement compte que je ne relaxe pas du tout, je fais juste penser à tout ça. Je finis par monter me coucher. Comme à chaque soir, je te regarde dormir. Tu es tellement beau quand tu dors. Je n’ai pas pu m’empêcher de te murmurer à l’oreille que je suis désolée pour cette journée et je t’ai donné un baiser tout doux sur ta joue. Bonne nuit mon trésor… La tête sur l’oreiller, je ferme les yeux en espérant que cette journée se termine et que demain sera meilleur.

