J’ai découvert à l’âge de 37 ans que je souffrais d’un trouble d’anxiété généralisée. Avant que le médecin mette des mots sur mon état… je vous aurais dit : « Je capote pour tout, tout le temps, mais je suis correcte! » Mais non, je n’étais pas correcte…
Dans une société comme la nôtre, axée selon moi sur la performance et le paraître, j’avais « choisi » de me contenter de reculer et d’être spectatrice. C’était plus facile, moins engageant et surtout moins stressant!
Mon anxiété me tenait collée au mur (imaginez-vous les gens qui s’amusent à se coller au mur avec du duck tape… avec l’anxiété, on n’a pas besoin de duck tape, ça tient tout seul!). Comme si elle me disait, reste là et regarde, parce que si tu te joins à la vie autour de toi, tu vas te faire mal! Si tu sors, les gens vont te juger et ça va te blesser, etc.
Comme si le monde autour ne voyait que moi! Dit comme ça, je sais que ça donne vraiment l’impression que je me prends pour le nombril du monde, pourtant j’aimerais bien être juste le petit orteil et ça me conviendrait! Mais c’est ce qui arrive avec l’anxiété, c’est irrationnel, et on ne peut pas la contrôler sur le moment.
J’entrais dans n’importe quels types d’endroits (gym, resto, épicerie, clinique, etc.) et, dans ma tête bien sûr, j’avais un follow spot qui s’allumait et les gens qui étaient là commentaient dans leur tête tout ce que je faisais, comment je le faisais, mon apparence, etc. Alors qu’on sait très bien que tout le monde s’en fout!
Quand je devais aller quelque part, je planifiais tout le trajet et je voyais si j’avais accès à un stationnement facilement rendue à destination. Tout le long du trajet, je contrôlais ma respiration jusqu’au moment où j’étais stationnée et que je retirais ma clé de l’ignition. Et encore là! Suis-je au bon endroit? Pourrais-je me faire remorquer? Ai-je bien barré mes portes? Finalement, je me disais : « Non mais on est tu assez bien à la maison! »
Donc, tranquillement, j’ai arrêté de sortir. Je disais oui aux invitations et à la dernière minute, je trouvais une excuse et j’annulais. Et quel soulagement une fois que j’avais annulé!
Quand j’ai expliqué tout ça à mon médecin, elle m’a regardée et m’a dit : « Bon, on peut faire une thérapie cognitivo-comportementale… mais pour ce que tu me décris, on va y aller avec la médicamentation. »
L’anxiété avait eu raison de moi! Je devais prendre des antidépresseurs pour réussir à la contrôler!
J’ai « avalé » ma pilule et j’ai accepté le traitement. Les premiers mois étaient étranges car tout ce qui me stressait m’apparaissait soudainement anodin. Je me foutais un peu de tout en général… Rien n’était grave, il y avait toujours une solution pour tout. J’avais fait un 180!! La vie était belle… mais je trouvais que j’étais trop à l’autre extrême… j’en ai parlé à mon médecin. On a diminué la dose… elle est revenue me faire coucou… elle m’a fait sentir qu’elle n’était jamais vraiment disparue.
MAIS, je SAIS qu’elle n’est pas obligée de toujours avoir le dessus sur moi. Que je suis capable de fonctionner en me parlant et en réfléchissant à ce qui se passe quand je sens qu’elle s’empare de moi.
Pour ceux qui ont vu Un homme d’exception, le film sur la vie de John Nash, vous vous rappellerez sûrement la scène où John explique à sa femme qu’il vient de comprendre que la petite fille qu’il voit n’est pas réelle puisqu’elle n’a pas grandi, donc qu’il doit cohabiter avec ses visions mais réussir à en faire abstraction.
C’est pareil pour mon anxiété… je sais qu’elle est là, qu’elle veut que je stresse, que je m’en fasse pour tout, elle veut prendre le contrôle. Moi, de mon côté, c’est ma « petite fille ». Je sais qu’elle est là, qu’elle travaille fort pour prendre toute la place mais je vais en faire abstraction et je ne la laisserai pas grandir…


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