TDAH

Le quotidien d’une TDAH

Sors de la lune!!! 

Je l’ai tellement entendue cette phrase quand j’étais enfant, assez qu’elle me résonnait aux oreilles rendue chez moi après les heures de classe.

J’étais souvent partie dans mes pensées, à rêvasser, à imaginer plein de choses. Je m’évadais l’esprit. Lorsque cela devenait trop lourd, mon imaginaire prenait le contrôle. J’étais gaffeuse, on me surnommait Gaston La Gaffe.

J’échappais facilement des choses ou les égarais à plein d’endroits inusités. Coté académique, je réussissais toujours mais sur la peau des fesses dans plusieurs matières, surtout les mathématiques. Les journées me semblaient éternelles, je n’aimais pas l’école.

Je vivais d’énormes crises d’angoisse. Mon cœur se serrait dans ma poitrine.

Chaque matin avant de quitter pour prendre l’autobus, une envie de vomir me prenait. Vu que je n’étais pas turbulente, on n’en faisait pas de cas. J’étais polie, gentille et adorable avec les enseignants. J’ai poursuivi mes études de cette façon, sans trop de contraintes ni inconvénients. Le théâtre, la lecture et l’écriture étaient une passion et mon évasion.

Je suis devenue adulte et maman à mon tour.

Les années ont passé et lorsque ma fille aînée a fait son entrée scolaire, les souvenirs de ma propre existence ont refait surface car je me suis revue en elle. Sa situation était encore plus apparente que la mienne, car les problèmes académiques étaient frappants et l’anxiété constante. Elle vivait de l’intimidation continuelle et revenait en pleurs chaque soir. C’en était trop, il fallait consulter et faire une expertise.  Après plusieurs évaluations, divers troubles d’apprentissage ont étés détectés tel que la dyslexie (Trouble d’identification des mots en lecture), de la dyscalculie (Trouble des activités numériques), de la dysorthographie (Trouble d’acquisition de l’orthographe) ainsi qu’un trouble de l’attention (TDA). Les médecins et les psychologues nous ont informés que la plupart du temps, c’est héréditaire et nous ont tour à tour posés une multitude de questions.

C’est à ce moment que j’ai pris conscience de mon propre TDA.

Ce fut à la fois une claque en pleine figure et une révélation.

Enfin je comprenais pourquoi ma petite enfance n’avait pas toujours été facile académiquement et émotionnellement. Venant d’une génération ou la médication et le support scolaire n’étaient pas donnés aux enfants n’ayant pas le coté hyperactif, j’ai manqué de soutien dans mes études et mon cheminement. Je me suis promis que ce ne serait pas le cas pour ma fille. Elle a débuté sa troisième année du primaire dans une classe pour troubles d’apprentissages, la meilleure chose qu’il pouvait enfin lui arriver. La joie de vivre en elle est revenue, car enfin elle ne se sentait plus différente des autres camarades. Elle vivait de superbes réussites académiques, mais aussi en amitié. Elle créait des liens avec des enfants qui vivaient une réalité semblable à la sienne. Lors de son anniversaire, plein d’amis étaient présents, une première pour elle. Elle rayonnait comme jamais je ne l’avais vu auparavant. Le bonheur se voyait sur son visage.

Puis ce fut au tour de mon fils.

Lors de sa première année du primaire, nous avons remarqué un énorme trouble de concentration. Des bruits de bouche, taper du pied, parler sans cesse, un vrai moulin à paroles (cela n’a pas changé depuis hihihi), c’était le quotidien de mon fils à l’école. Ses notes étaient malgré tout bonnes dans tout et excellentes en sciences et mathématiques, fort probablement de la douance. L’heure des devoirs était désastreuse, il avait tellement donné son maximum qu’il n’avait plus d’énergie et de patience pour accomplir des travaux ou réciter une liste de mots ou de verbes pour la dictée hebdomadaire. Nous avons fait les démarches et à son tour, il a passé par toutes les étapes du diagnostic, qui pour lui aussi fut un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Après de longues discussions, une médication nous fut proposée et ce fut une excellente avenue pour lui. Depuis, il est beaucoup plus calme et arrive à se concentrer et effectuer ses tâches quotidiennes. L’heure des devoirs reste vraiment pas évidente, mais il arrive tout de même à faire une petite partie chaque soir. Nous avons trouvé des trucs pour faciliter le tout, tels que réciter ses mots en sautillant ou en répétant des devinettes. Bref, il faut rendre le tout ludique et agréable. Il reste un petit garçon rempli d’énergie mais cela fait partie de lui et j’aime le voir ainsi. Il est maintenant capable de gérer beaucoup mieux ses émotions et son agitation, ce qui fait de lui un champion à mes yeux.

Chaque jour je leurs répète qu’ils sont merveilleux et travaillants.

Même rendu à l’âge adulte, chaque jour est un défi et une galère lorsque tu as un TDA avec ou sans le H. Tu dois être super organisé, structuré, te faire des listes pour tout (que tu oublies souvent d’ailleurs) des rappels, alarmes. Tout pour alléger ton quotidien, mais surtout pour fonctionner et arriver à accomplir ton emploi du temps et travailler de façon adéquate. Un rien peut te mettre dans la lune, te déconcentrer, te faire faire un dégât ou une gaffe monumentale. Pour ma part, je peux aussi bien ouvrir le robinet de cuisine pour rincer de la vaisselle, ouvrir mon lave-vaisselle pour la déposer dedans mais entretemps recevoir un appel téléphonique et oublier le tout et y répondre. L’eau continue de couler pour rien et le lave-vaisselle est ouvert sans aucune raison. Des détails anodins mais qui rendent mon quotidien compliqué. Par contre, avoir un TDA, c’est aussi avoir plein d’idées en tête, chacune plus farfelue et originale les unes que les autres. J’aime me démarquer, j’adore parler, transmettre mes idées. J’ai un grand besoin d’extérioriser mes émotions et l’écriture est pour moi la façon la plus merveilleuse d’y arriver. Quand je suis dans période très créative, je conçois plein de bijoux originaux.  

Pour ma fille aînée, elle le fait par la danse. Chaque mouvement est une libération d’esprit, elle aime créer des chorégraphies sur diverses chansons. Cela lui permet aussi de sortir son énergie négative, de travailler sa concentration en se souvenant de chacun des pas à faire. De travailler sa confiance en soi en montant un spectacle et en le présentant devant une foule. Pour mon fils, c’est par le dessin, les jeux de constructions et par le sport de type escalade ou parcours. Courir et grimper lui permettent de sortir son trop plein d’énergie. Il suffit de trouver ses forces et surtout une passion et de se donner à cent milles à l’heure, de vivre des réussites.

Chaque jour devrait être rempli de joies et de victoires pour combler les difficultés et ombrages journaliers.

J’espère qu’avec le temps, les écoles s’adapteront d’avantage aux nombreux enfants vivant cette différence, qu’ils mettront en place une méthode d’apprentissage dynamique, que l’activité physique et les arts seront une priorité. La différence, c’est beau et il faut que la diversité de l’enfant, de l’humain tout court, soit acceptée. Je souhaite aussi que les enseignants soient tous plus ouverts d’esprit et ne voudrons plus un groupe d’enfants homogène, car ces enfants seront les adultes de demain. Un enfant sensible à ses émotions sera plus tard un adulte rempli d’altruisme. Et ceci manque tellement à notre société de nos jours.

Vive la diversité et vive l’éducation adaptée aux besoins de chacun.

Mélanie Charbonneau
Catherine Duguay

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *