Tu te sens perdue. C’est le sentiment qui te sape le moral depuis des mois. Tu ne sais plus comment vivre avec ces montagnes russes qui roulent et grondent sans cesse en toi. D’une semaine à l’autre, tes émotions peuvent atteindre des pics de hauteur insensés de joie et de bonheur pour aussitôt redescendre en flèche vers la mélancolie et la peur. Tu en as assez de ces montées et de ces descentes parcourues à grande vitesse, qui te vident de toute ton énergie, car elles sont trop intenses et trop vertigineuses pour toi.
Tu as l’impression que ta vie est devenue un véritable parc d’attractions, une belle grande mascarade, qu’on se joue de toi et de tes sentiments. Tu t’obliges continuellement à mettre des masques parce que tu ne veux pas exposer au monde entier les troubles qui s’agitent trop intensément sous ta surface.
Tu te dis sûrement que de faire semblant que tout va bien devant les autres pour ne pas trop qu’ils frémissent est plus facile, mais c’est surtout une excuse envers toi-même parce que cela t’évite de devoir expliquer ces poussées et ces descentes incessantes de tes émotions sans savoir les raisons exactes qui les provoquent constamment.
Tu peux juste dire que tu es triste, en colère ou bien joyeuse aujourd’hui, mais rarement tu sais pour combien de temps et ce qui fait pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Parfois, quand tu penses que tout est revenu à la normale, eh bien, tout ça recommence sans que tu ne puisses rien y faire.
Tu repars alors de nouveau dans cette spirale de montagnes russes à la vitesse grand V, trimbalée et bardassée d’un côté et de l’autre de ce wagon qui est devenu pour toi une véritable cage dont tu ne peux plus sortir. Elle t’étouffe et te fait souffrir.
Tu ne veux pas qu’une personne embarque dans ce trajet infernal avec toi. Même si elle voulait t’aider en prenant part à cette route sans fin, elle ne peut pas t’aider à y mettre un terme parce que tout ça, ça se passe entre toi et ta tête, toi et ton cœur, toi et tes émotions. Tu aimes mieux de toute façon la laisser sur le côté, le temps que ton train reprenne son rythme normal et ne la fasse pas passer par-dessus bord à cause de toi, elle serait trop bouleversée par tes propres montées et tes descentes.
Ces montagnes russes qui sont visibles et existent seulement à l’intérieur de toi te mettent sans cesse sur le qui-vive. Ça t’épuise de rester là à attendre le prochain tournant, la nouvelle montée vers le ciel pour par la suite, vivre une autre descente à pic, ne sachant jamais le moment où chaque émotion va arriver, te laissant indécise, pendant ce long tour de manège intérieur.
Tu as l’impression de perdre chaque fois le contrôle de tes émotions, comme si elles agissaient selon leurs propres lois, comme s’il y avait un mécanisme qui fonctionnait tout seul, sans barrière pour te ralentir ou de conducteur pour mettre les freins.
T’aimerais bien que ton monde reste bien droit. Qu’il ne te donne pas la sensation extrême de ne pas avoir de pouvoir, de ne pas être en mesure de mettre tes mains sur le guidon. Tu as trop l’impression de perdre le contrôle sur ce flot ininterrompu d’émotions qui sont poussées par leur volonté propre. Rien ne t’aide à freiner cette descente.
Sois seulement patiente et laisse le temps avoir raison de ton train infernal. Cette sensation de ne jamais savoir si tu pourras débarquer de ce wagon-là un jour ou si tu resteras prise dans cette suite sans fin sera moins forte que ton désir de t’en sortir. Ce manège va s’arrêter un jour, mais seulement lorsqu’il ne sera plus propulsé par tes émotions sens dessus dessous. Ne t’en fais pas, elles retrouveront leur équilibre.
Courage, tu pourras le faire si tu laisses le temps faire son œuvre, car tous les manèges doivent s’arrêter pour refaire le plein comme les histoires ont une fin ou les courses un fil d’arrivée. Il suffit de continuer de te battre et de savoir que tu vas y arriver.

