Je sais, pour plusieurs l’automne est la meilleure et la plus belle des saisons. Vous trouvez les températures plus agréables alors qu’il ne fait ni trop chaud ni trop froid. C’est aussi le début de la période de prédilection des adeptes du cocooning, des gros chandails de laine et des après-midis bien emmitouflés sous une couverture devant la télévision avec une bonne boisson chaude.
Malgré les bons côtés de cette saison tant vantée, elle représente plutôt le contraire pour moi, me faisant chaque fois l’impression de foncer tout droit dans un mur. À cette période de l’année, je suis prise d’un sentiment de tristesse un peu floue et incontrôlable.
La mélancolie me gagne alors que je dois dire adieu aux rayons du soleil de moins en moins chauds sur ma peau, à la disparition du bruit de l’eau qui clapote doucement sur le rivage et à la baisse des heures de clarté plus la saison estivale s’éloigne à l’horizon.
Chaque fois que les températures sont à la baisse et que les changements s’opèrent dans mon environnement, il m’est difficile d’entrer dans le moule et de m’imaginer pouvoir vivre ces changements une nouvelle fois.
Il me semble impossible de demeurer encore plusieurs mois sans température chaude, sans tenue légère au lieu d’être recouverte des pieds à la tête de plusieurs couches de vêtements pour ne pas être frigorifiée ou de ne pas pouvoir profiter des longues soirées d’été sur une terrasse.
Je suis toujours prise d’une envie soudaine de me terrer dans ma tanière comme un animal ou de devenir la belle au bois dormant pour fermer les yeux très très longtemps et me réveiller qu’une fois le retour des beaux jours… quelque part dans six ou sept mois.
Malheureusement pour moi, chaque an, je dois continuer à rêvasser sur la saison chaude et me contenter de compter les jours avant la venue du printemps et de ma saison favorite; l’été. Il n’y a rien à faire.
J’ai beau essayer de tout mon être d’y adhérer en pratiquant par exemple plusieurs activités physiques à l’extérieur, en me motivant à rester tranquillement à l’intérieur avec un bon thé ou en m’habillant chaudement pour affronter les grands froids. À chaque coup, je suis frappée par un long blues d’automne.
Je n’arrive pas à reprendre l’habitude de sortir en ne sachant plus si je dois ou non me mettre un chandail léger ou chaud, priant chaque matin de ne pas crever de froid ou de chaleur au cours de la même journée.
Si des gens adorent voir les feuilles changer de couleurs, moi je les imagine redevenir vertes et me prélasser sur la pelouse une belle journée d’été. Mon humeur est davantage morose alors que je les vois tomber une à une, me rappelant que l’hiver sera bientôt à nos portes et ensevelira autant ma bonne humeur que les pelouses sous une couche de neige.
Rien ne me prépare jamais à ce rappel insistant du passage du temps que le changement des saisons. J’envie les personnes capables d’en apprécier chaque subtilité et qualité. J’aimerais y voir le renouveau, prendre plaisir à cette roue qui tourne, infatigable, et sans s’arrêter, nous rappelant que nous devons en profiter tant que ça passe.
J’aimerais vraiment réussir à apprivoiser cette saison, comme on le fait avec un animal. Tranquillement et avec beaucoup de patience. J’espère un jour pouvoir y arriver et en attendant, je vais laisser les couleurs de l’automne m’aspirer dans son cocon plus calme après les tourbillons de l’été et patienter tel un oiseau, afin de reprendre mon envol lors de la venue du printemps.

