novemre le mal aimé

Novembre le mal aimé

« Ces derniers jours, j’ai dû vieillir de quatre mille ans » disait Dédé Fortin dans la chanson Dehors novembre.

Les huit derniers mois donnent cette impression aussi.

Le printemps a été désastreux, l’été n’aura été que l’ombre de lui-même.

Et même si l’automne a revêtu les arbres de ses mêmes couleurs habituelles, celles-ci servaient uniquement à cacher le noir qui ronge nos cœurs devenus tous secs après ces longs mois sans chaleur humaine.

On amorce le mois le plus mal aimé de l’année avec un réservoir d’énergie déjà à plat et on se demande comment passer à travers les 30 prochains jours sans craquer.

Le temps est gris, les arbres dépouillés de leur joie de vivre, le soleil ne fait que de trop brèves apparitions. On enfile les épaisseurs de vêtements le matin tout en étant prêt à les envoyer valser au milieu de la journée lorsque Galarneau daigne nous réchauffer de ses rayons pour nous insuffler une petite dose de chaleur.

Question de garder espoir.

Question de nous rappeler qu’on vit quatre saisons dans le désordre comme disait Daniel Bélanger.

Une deuxième référence aux chanteurs populaires québécois dans mon article. Tu vois ce que ça me fait faire novembre? Je ne suis plus moi-même. Je cite des chansons que je n’écoute même pas et je m’accroche à des citations clichées comme « La vie ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre comment danser sous la pluie ».

Bullshit… Qui danse vraiment sous la pluie?

C’est une vraie question là. Qui le fait VRAIMENT?

Je ne te parle pas de faire quelques pas dans une publication Instagram. Je parle de danser. Le parapluie dans les airs comme Mary Poppins, le bonheur te ruisselant dans la face au même rythme que les gouttes d’eau.

Trouve-moi quelqu’un pour me prouver la véracité de cette citation pis je te jure que tu ne m’entendras plus jamais remettre en question les grandes théories préfabriquées et partagées sur la grande toile comme un hymne à la vie.

Pas de fériés, sauf le jour du Souvenir.

Se souvenir de quoi? Que la plupart travaillent quand même ce jour-là et que seuls les employés fédéraux ont droit à cette précieuse journée de congé qu’on apprécierait pourtant tous?

On termine même le mois avec le traditionnel Black Friday, une tradition américaine qui a fait son petit bout de chemin jusque chez nous depuis quelques années. Le capitalisme a compris qu’après quatre semaines de morosité ce serait encore plus facile de nous convaincre d’acheter des choses pour remplir le vide. Des faux rabais qu’on accueille comme un verre d’eau après une longue traversée dans le désert.

Je plaide coupable. J’adore cette journée. Je prends même congé chaque année depuis parce que c’est la seule journée de l’année où je m’autorise à dépenser (raisonnablement) sans trop compter.

Parce que c’est la seule journée où je me donne le droit de me protéger de la pluie en déambulant dans les allées d’un centre d’achat bondé. Je suis un mouton, mais je l’assume parce que j’assume toutes mes contradictions.

Les plus optimistes affrontent novembre à coup de chansons de Noël chantées trop tôt et trop fort. Les sapins sortent prématurément de leurs boîtes parce que c’est plus festif de regarder un arbre qui émet de la lumière dans son salon que de regarder par la fenêtre un arbre dépouillé, qui ne s’affaisse pas encore joliment sous le poids de la neige.

D’ailleurs, décorez, décorez le plus tôt et le plus intensément possible.

Je le fais déjà depuis toujours, mais de savoir que d’autres vont peut-être emboîter le pas ça amène un peu de joie dans mon cœur.

Novembre, ça pèse lourd sur ceux qui sont fragiles mentalement.

La dépression saisonnière et la dépression sans adjectif pour l’identifier se lancent la balle entre elles pour savoir laquelle atteindra sa cible en premier. Elles choisiront parfois la même personne, insidieusement, sans s’annoncer et sans pitié.

À ces personnes, j’ai envie d’envoyer un câlin, mais surtout, toutes les munitions de la terre pour passer au travers.

Je termine sur ces sages paroles de Dédé (encore lui!).

Novembre, « c’est court, mais c’est long des p’tits boutes ».

C’est pas ça, je le sais.

Mais en ce moment la vie se joue un mois à la fois.

Jennifer Martin
Sophia Bédard

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