Un petit craquement, une petite douleur ainsi qu’une petite peur…
Il y a deux ans jour pour jour, je ne pouvais pas tout à fait mettre des explications sur ces mots, car ils m’étaient inconnus et je n’avais jamais écouté ces émotions, jusqu’au jour où mon corps a décidé de mettre fin à tout ce mal qui planait à l’intérieur de moi. Au fil des années, il avait grugé mes sens ainsi que mon énergie, petit à petit. Je suis tombée. Inconsciemment, j’ai eu un énorme vertige et mes pieds ne touchaient plus le sol. Mon cœur a décidé de se déchaîner et de ne me laisser aucun répit. Pendant une dizaine de secondes, il me lançait un message. Ensuite, les chaleurs ont débuté et pour terminer la scène, j’ai éclaté en sanglots. Ce spectacle a commencé un soir de semaine bien tranquille. L’anxiété fût mon combat, car avant cette soirée de janvier, jamais je n’avais prononcé le mot «anxiété». Je disais seulement «je suis fatiguée» ou «ça va passer». Je me rappelle que j’avais de la difficulté à respirer et je me disais à l’intérieur de moi «je ne veux plus vivre ce type de frayeur, ça fait trop mal». À cette époque, beaucoup d’événements se bousculaient et ils furent l’élément déclencheur pour que je puisse prendre soin de moi et aller consulter. Je me rappelle que j’écrivais tous les jours et parfois ce n’était pas toujours de beaux paragraphes, car souvent ils parlaient de ma douleur et de mon incompréhension face à toutes les petites voix qu’il y avait dans ma tête.
J’ai un petit extrait que j’ai retrouvé et encore deux ans plus tard, il me laisse une petite douleur au cœur, car je réalise que j’avais vraiment de la tristesse au fond de moi :
«Je dois sortir le méchant, je dois crier, je dois pleurer pour que le tout passe mieux. J’ai pleuré ce soir, mes idées embrouillées, le crâne en morceaux et mon cœur qui bat. Assise en petite boule dans le noir, je ressens une peine et mon esprit ne peut se contrôler. Ma respiration est au ralenti et ensuite, elle se met à aller très vite. Ensuite, les peurs se multiplient et je m’imagine des histoires qui semblent plus près de la folie que la réalité. Parfois, cette folie peut être si convaincante, mais lorsque mes esprits refont surface ma conscience essaie de justifier du vrai et du faux. Après ces événements, mon corps se sent fatigué et semble manquer d’énergie.»
Cette session d’écriture a duré plusieurs mois et elle n’a jamais pris fin. J’ai décidé de la nommer : «À ma recherche».
Deux ans plus tard, les choses ont bien changé. Je réalise que je ne suis pas la seule et parfois certaines personnes demandent de l’aide et n’ont pas toujours les outils pour pouvoir aller mieux. Ça me fait de la peine, car je sais qu’il y a des gens qui en souffrent plus que moi et parfois la seule solution de certains spécialistes offrent, est de seulement prendre une petite pilule et une petite granule et le mal va passer. Selon moi, c’est un mal de vivre pour plusieurs humains qui souffrent d’anxiété généralisée ainsi que d’autres maladies mentales. Parfois, la pilule peut être la solution, mais on a besoin de plus pour survivre à cette bataille qui n’a parfois aucune fin.
Aujourd’hui, je suis bientôt à mon huitième mois de grossesse. Je n’aurais jamais pensé il y a deux ans avoir un petit être à l’intérieur de moi en train de grandir. Aussi, à l’étape où je suis rendue, je ne peux rien contrôler et je ne peux rien décider. Ainsi, je ne peux rien prévoir, je dois laisser les choses se passer et faire confiance à la vie. Pour une personne anxieuse, c’est difficile, puisqu’on souhaite prévoir l’inconnu. Mais en ce moment, je dois respecter le temps et ainsi vivre ces moments un jour à la fois. Je vois ça comme un beau défi face à mon anxiété : accepter chaque petite journée et rester en contrôle de mes émotions. Je dois rester zen pour moi et le bébé, car le stress n’est pas conseillé durant une grossesse. Je dois être alerte à chacun des petits signes et m’écouter le plus possible afin de voir si quelque chose ne va pas, autant dans ma tête ou bien avec mon corps. Sinon, je demande de l’aide.
Chaque jour, j’essaie de marcher un petit pas en avant. Maintenant, je vis de nouvelles émotions, celles de devenir maman, celles de m’abandonner pour une autre personne qui sera à mes côtés jusqu’au jour où elle aura assez confiance en elle pour aller vivre ses propres rêves. Même si elle n’est pas encore dans mes bras, je sens que je me transforme en une maman protectrice et à l’écoute de ses besoins. Je canalise mon énergie à la bonne place pour rester le plus possible centrée sur moi et non dans mes multiples pensées qui peuvent être toxiques.
Je ferai de mon mieux pour être la maman que je serai.
Les journées ne seront pas toujours faciles, mais je serai présente avec elle.
Il y aura des journées où moi aussi je vais pleurer à ses côtés, car je me sentirai impuissante.
Par contre, à tous les matins, je serai à tes côtés pour vivre cette aventure.

