relâche sans popcorn

Une relâche sans popcorn

5 jours de congé pour les élèves

5 jours de pause plus que mérités pour les professeurs

5 jours de casse-tête pour les parents

Jamais, de mémoire, la semaine de relâche n’aura autant fait jaser que cette année.

Déjà bien établie dans le quotidien des parents d’âge scolaire depuis 1977, elle divise le Québec en deux clans. Ceux qui sont contents de pouvoir prendre une semaine de congé au milieu de l’année avec leur progéniture et ceux qui angoissent déjà de devoir prendre une semaine de congé au travail et d’être obligés de les divertir et de les occuper au maximum pendant ces quelques jours.

C’est d’ailleurs après la relâche de 2020 que le premier confinement est venu mettre en quarantaine notre vie réglée au quart de tour et reléguer aux oubliettes toute forme de divertissements.

Les cinémas ont obtenu la permission d’ouvrir leurs portes afin, selon François Legault, «d’aider les parents à occuper les enfants pendant la relâche». Sans leur fournir le droit d’y vendre leur popcorn 5 fois trop cher et leurs boissons contenant assez de sucre pour les garder éveillés pendant plusieurs heures d’affilée. Les cas de COVID ont beau être à la baisse, je ne pense pas que le moment soit bon de baisser la garde et d’aller s’assoir dans une salle fermée avec d’autres personnes pour voir des films, dont la liste n’a même pas encore été annoncée.

Je ne m’exprimerai pas sur le prix exorbitant qu’il en coûte maintenant à une famille de 4 pour s’offrir une sortie au cinéma. Dans mon temps (expression utilisée surtout par les boomers et la génération X), on allait au cinéma principalement le mardi soir pour profiter de l’entrée à 5 $, puisqu’on préférait profiter du spécial des Superclub Videotron et louer 3 films pour 9,99 $. Une boîte de 3 sacs de popcorn à faire éclater dans le micro-onde, un sac de jujubes et une slush Puppie pis t’étais en business pour la soirée et une partie de la fin de semaine.

Autre époque, autres mœurs.

Non, ce qui me bogue aujourd’hui et qui me donne envie de m’exprimer, c’est le concept de «relâche» qui ne semble pas avoir la même connotation pour tout le monde.

Pourtant…

Relâche, nom féminin         

Interruption d’une occupation, d’une activité pénible ou fastidieuse ; repos, détente qui en résulte : prendre une heure de relâche. — Dictionnaire Larousse 2021

La relâche, ça sert à mettre son cadran sur pause, à laisser des cases blanches dans son agenda, à mettre en suspens tout ce qui n’est pas urgent, à prendre un temps d’arrêt pour mieux revenir par la suite. Ça sert à refaire le plein d’énergie, d’amour, de souvenirs, de tout ce que nous n’avons pas le temps de faire dans le quotidien effréné de notre vie.

Où est l’urgence de planifier chaque journée afin de maximiser le temps qui s’écoule déjà trop vite? Pourquoi chaque minute de cette semaine doit être compartimentée dans une petite case du calendrier? Est-ce que les parents doivent obligatoirement occuper leurs enfants mur à mur pour passer au travers de ces 5 jours?

Je trouve ça triste que le gouvernement doive utiliser l’expression «occuper les enfants» pour justifier la réouverture des cinémas et pire, que les parents accueillent cette décision avec soulagement parce qu’ils ne «savent pas quoi faire d’autre pour passer à travers la semaine».

Jouer dehors, c’est gratuit. Faire un marathon de films à la maison aussi.

Aller à la bibliothèque, faire de la randonnée, cuisiner, faire des siestes, jouer à des jeux de société, faire des sacs de dons pour les personnes dans le besoin. Je peux facilement te nommer des dizaines d’activités à faire qui ne coûtent pas un sou et qui pourront éviter qu’une troisième vague nous happe tous au printemps, comme il y a un an.

Je ne sais pas pour toi, mais moi, j’ai hâte d’aller voir un spectacle d’humour ou de musique, j’ai hâte d’aller sur la terrasse d’un restaurant, d’aller flâner dans un centre commercial, de voir mon monde et de les serrer dans mes bras.

La santé mentale, les femmes victimes de violence sous toutes ses formes, la lutte contre le racisme, la rénovation des écoles, les produits d’hygiène menstruelle, les places en garderies, le personnel de soutien dans les écoles, les organismes communautaires et mille autres choses, plus importantes que le popcorn trop cher vendu au cinéma, devraient faire partie des priorités du gouvernement.

Je ne comprends tout simplement pas qu’on puisse observer un tel engouement pour le #popcorngate sur les réseaux sociaux et que celui-ci détourne les yeux de tous au lieu de les fixer sur de vrais enjeux.

Je ne comprends pas comment 5 jours passés à la maison (et dehors!) avec ses enfants puisse être si pénible pour certains. Je sais qu’on ne sait pas tout ce qui se passe dans les maisons pour juger. J’ai reçu assez de roches après avoir écrit mon texte d’opinion sur les parents en vacances qui amènent leurs enfants à la garderie pour savoir que le sujet est TRÈS sensible. Et je n’ai pas envie de repartir le débat parce que la violence des attaques qu’a provoquée cet article est encore trop fraîche à ma mémoire.

Même si j’en pense encore chaque mot.

Pourtant…

Tout ce débat entourant la relâche et le maïs soufflé ne devrait tout simplement pas avoir lieu.

On devrait tout simplement se rappeler ceci :

Une relâche sans popcorn peut sauver des vies.

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