Le jour où

Le jour où je me suis mise à courir

* Texte choquant et émouvant, mais non loin d’une réalité. *

Je lui ai crié «lâche moi!»

Je lui ai crié «tu me fais mal!»

Je lui ai crié «tu me fais peur!»

Je n’avais plus la force de crier, je n’avais plus la force de me débarrasser de ses mains.

Je n’avais plus la force de respirer le même air que lui. J’ai fermé ma gueule et j’ai décidé de ne plus bouger. Il était plus fort que moi et plus robuste. J’étais fatiguée de me battre et de perdre. À la place, j’ai décidé de rêver et de fermer les yeux, la douleur était moins pénible. Mais je sentais les coups et je sentais sa chaleur près de moi et son excitation à me donner des gifles en plein visage. À force d’avoir des bleus et des marques, j’aurais pu faire le casting d’un film d’épouvante. J’aurais pu écrire un livre sur mon histoire. Mais il m’y était impossible, car j’étais toujours sa marionnette et sa prisonnière. Son fantasme était celui de me voir triste, de me voir soumise à ses pieds. Ce n’était pas un jeu, mais de la pure violence. Je n’avais pas de plaisir à lui obéir. Sa voix était toujours aussi crasseuse, effrayante et dégoûtante. Même lorsque la partie était terminée, il était toujours présent dans ma tête.

À tous les soirs, j’espérais qu’il n’ait pas envie de jouer. J’espérais qu’il soit fatigué et assoupli de ses désirs pervers et malsains. J’étais une femme, celle qui avait des droits, celle qui pouvait se défendre, mais comment? J’étais cette femme fragile et apeurée de sortir de chez elle par peur de se faire attraper et poignarder, car celui qu’elle pensait aimer n’était qu’un monstre. Même si au début de l’histoire, il était le petit prince et moi sa princesse.

Je respirais encore, mes yeux étaient toujours fermés. Ils étaient remplis de larmes, remplis de honte d’avoir aimé ainsi. D’avoir tombé sous le charme de cet homme au-delà de son cheval blanc. J’étais sauvée de l’extérieur, sauvée de ce plancher froid auquel j’ai eu souvent affaire. Je n’avais plus à nettoyer mes blessures au sol ou sur moi. Maintenant, j’étais en sécurité, loin du cauchemar qui avait duré des mois et même des années.

J’étais cette femme qui a subi de la violence conjugale …

Inspirée d’une triste réalité qu’on ne peut pas toujours apercevoir.

Cynthia Martin signature
Catherine Duguay signature

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