La parfaite victime

La parfaite victime, le film

Je tiens d’abord à souligner le courage de toutes les victimes d’agression sexuelle, particulièrement à celles ayant témoigné dans ce film. Ça prend en effet beaucoup de courage pour raconter des parties aussi sombres et intimes de sa vie. Dévoiler, c’est mettre des mots sur ce qu’on a vécu et s’avouer qu’on a été victime d’agression sexuelle. Ce sont des mots qui peuvent être lourds à porter. Merci d’avoir partagé vos histoires douloureuses pour éveiller les consciences et faire entendre ce qui doit être entendu : il s’agit d’un réel problème de société. Vous êtes des victimes, mais j’ai envie de vous rappeler que vous êtes aussi des survivant.e.s !

Touchant. Voilà un premier mot qui me vient à l’esprit suite à mon visionnement. Les entrevues sont faites dans la douceur et le respect. C’était authentique, vrai et rempli de résilience. Les histoires, leurs histoires, malgré toute la douleur, ont été racontées avec le cœur.

Sensible. Je tiens à préciser que le contenu du film peut être troublant pour quiconque, mais surtout pour des victimes d’agression sexuelle. Les histoires peuvent faire vivre de la détresse et réveiller des traumatismes passés.  Je tiens aussi à souligner la sensibilité remarquable des co-réalisatrices, Monic Néron et Émilie Perreault.

Choquant. C’est troublant d’entendre certains propos et de voir à quel point le système de justice est inadéquat pour les victimes d’agressions sexuelles. Les statistiques sont bouleversantes. C’est aussi troublant de savoir qu’encore en 2021, autant de préjugés sur la violence sexuelle soient aussi présents et que les connaissances scientifiques sur le trauma ne soient pas prises en compte par les acteurs judiciaires. Malgré que je sois moi-même intervenante auprès des femmes et adolescentes victimes de violence sexuelle et donc que je connaisse déjà cette triste réalité, j’ai été profondément choquée.

Puissant. Juste pour la puissante fin des sifflements faisant référence au film de 1979 par Anne Claire Poirier Mourir à tue-tête, le film vaut la peine d’être visionné à mon avis. Force est de constater, qu’encore aujourd’hui, «le premier geste que les mères devront alors apprendre à leur fille, c’est de savoir comment siffler leur détresse». J’ai la forte conviction que ce film a le pouvoir de nous faire réfléchir et évoluer en tant que société. Le fait qu’il soit aussi confrontant, c’est ce qui en fait un documentaire coup de poing.

Enfin, un thérapeute s’exprimant dans le documentaire nomme à quel point c’est difficile pour les victimes, parce qu’être agressé, c’est un abus de pouvoir par une personne en autorité et qu’ensuite les victimes se tournent vers l’autorité suprême, la justice, mais il n’arrive rien. Les victimes ont besoin d’être reconnues, d’être entendues et, une fois pour toute, être écoutées.

Certaines personnes diront que le film fait passer les avocats de la défense pour de mauvais acteurs du système judiciaire ou encore qu’il puisse dissuader des victimes à porter plainte. Moi je dis qu’il est confrontant, mais malheureusement tout ce qu’il y a de plus vrai. C’est assurément un film dérangeant, sauf qu’il faut souvent brasser la cage pour faire avancer les choses. Je vous invite donc tous et toutes à visionner ce documentaire québécois, parce qu’il est grand temps qu’enfin la honte change de camp.

Marie-Pier Quessy signature
Catherine Duguay signature

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