la peur au ventre

La peur au ventre

On est le 6 décembre 2021 lorsque j’écris ces mots. On souligne 32 ans. On souligne le décès de 14 femmes. Assassinées parce qu’elles étaient des femmes.

Féminicide.

Un mot qui a été long à prononcer par tous. Maintenant, c’est un mot qu’on entend beaucoup trop souvent. 26 fois au Québec en 2021.

De la violence. Beaucoup trop de violence.

Des armes à feu qui circulent dans ma ville. Toujours trop près de moi à mon goût.

Quatre jeunes tués par balles. Des échanges de coups de feu presque chaque soir, et même en plein jour. Chaque matin, j’écoute la radio et je ne suis plus surprise.

Tant de violence partout autour de nous.

Aujourd’hui, on est le 7 février 2022. Je suis tombée sur ce début de texte que je n’avais jamais terminé. J’ai toujours cette sensation de peur, d’angoisse. Chaque matin, lorsque j’ouvre ma télévision ou les réseaux sociaux, je sais déjà qu’il y aura encore des annonces horrifiantes. Je me réveille le matin en sachant qu’il y a une chance sur deux qu’un drame soit survenu.

Déjà trop d’humains tués en 38 jours. Des drames, des histoires d’horreur.

Un adolescent tué par balle.

Un infanticide.

Une femme assassinée.

J’ai la peur au ventre dès que je sors de chez moi, le soir et même le jour. Je ne me sens pas en sécurité lorsque je suis à l’extérieur. Même, je ne me sens pas plus en sécurité lorsque je suis dans mon appartement. Je sursaute dès que j’entends des gens crier dehors ou lorsqu’il y a des sons stridents.

Tant de violence nous entoure, et je me sens si impuissante. Étant seule la majorité du temps, j’ai beaucoup de temps pour réfléchir. Penser à toutes ces vies enlevées avec rage. Sans raison, non AUCUNE. Parce qu’aucune raison ne peut justifier un meurtre.

Oui. J’ai toujours peur. Je tente de garder l’espoir que ma ville saura trouver des solutions, que Montréal s’adoucira. Mais pour le moment, je trouve que c’est une période noire, c’est laid et lourd. Et je me donne le droit de craindre notre présent, notre vie actuelle. Je dois l’avouer, je ne me sens pas en sécurité lorsque je sors de chez moi, le jour et davantage le soir. Je marche vite pour me rendre à ma voiture et je sers très fort mes clés dans mes mains. J’ai toujours eu peur de me promener le soir toute seule. J’appelle toujours ma mère lorsque je sors du bureau tard, pour qu’elle me parle le temps que je me rende à ma voiture. Cette peur s’est accentuée depuis un an.

Je n’aime pas cette peur. Celle qui me fait trop penser. Mais avec tout ce que l’on voit et entend, c’est dans mes tripes. Je sais que nous avons un service de police qui travaille très fort pour trouver des solutions, nous sensibiliser, enquêter, saisir des armes, etc. Je sais qu’il y a des organismes qui travaillent très fort pour aider les victimes. Je sais tout ça et je me le rappelle continuellement. Mais, ma peur est réelle et pas encore apaisée à 100 %.

Aujourd’hui. Ma ville me fait peur. Demain peut-être, l’espoir reviendra. Mais il reste encore trop à faire pour y arriver. Continuons d’en parler, de nous sensibiliser et de nous battre contre cette violence. Soyons unis pour que la paix revienne.

signature Karine
Karelle signature

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