REER et CELI

Le REER et le CELI, ou la métaphore des Tupperwares…

***Avis au lecteur : Cet article contient des informations sur les finances personnelles, les régimes d’épargne enregistrés et certains types de placements et d’investissements. Ce sont des informations, et celles-ci ne doivent pas être interprétées comme étant des CONSEILS FINANCIERS. Tout épargnant se doit de faire ses recherches ou d’être accompagné dans son parcours financier par un conseiller détenant les accréditations conformes à sa profession. ***

Avez-vous vu passer la dernière campagne du fonds de solidarité FTQ concernant l’épargne? Elle est plutôt chouette, et surtout, elle reprend les grandes lignes d’une métaphore que j’ai moi-même récemment mise de l’avant pour expliquer à mes chummys, c’est quoi la (les) maudite(s) différence(s) entre le REER et le CELI. Comme quoi les grands esprits se rencontrent!  Hey, FTQ? J’peux avoir une cote sur ta campagne? J’y avais pensé avant!

Avant de nous lancer dans la différenciation du REER et CELI, il y a une distinction encore plus importante à faire pour la suite des choses : la distinction entre des véhicules d’épargne (comme des placements) et des régimes d’épargne (comme le Régime Enregistré d’Épargne Retraite).

Une des grandes parts de confusion dans l’épargne et l’investissement que j’ai rencontrée dans mes années de conseil financier, c’était la distinction entre ces 2 concepts.  C’est là que les Tupperwares entrent en scène.

Un REER, c’est comme un Tupperware : c’est un contenant vide. Un placement, c’est quessé tu mets dedans.

Mais comme vous le savez, les Tupperwares, y’en a beaucoup de sortes, et ils ne servent pas tous à la même chose : t’as de l’intelli-frais pour garder tes fines herbes pendant l’éternité (si tu en crois la pub), t’as le classique Tupperware de lunch avec le ti-bouchon qui débouche pour pas exploser au micro-ondes, et t’as même le Tupperware-rôtissoire pour faire griller ton poulet au micro-ondes (never tried it, mais c’est ce qui est promu dans les groupes de vendeuses…).

Chacun de ces Tupperwares a donc une fonction précise : tu ne mettras pas ton lunch dans l’intelli-frais, pas plus que tu conserverais tes fines herbes dans la rôtissoire : t’auras pas des bons résultats.

Le même principe s’applique à tes placements : y’a des Tupperwares (régimes) plus appropriés que d’autres pour ce que tu souhaites réaliser comme projets de vie. Tout dépend de leurs caractéristiques!

Quelles sont donc les caractéristiques de nos Tupperwares REER et CELI?

La plupart des institutions financières offrent des pages comparatives exhaustives qui vous donnent tous les petits caractères de chacun de ces régimes; je vais tenter ici de vous donner les grandes lignes.

Le REER – Le Régime Enregistré d’Épargne Retraite

Le nom le dit, le principe premier du Tupperware REER est de préparer la retraite du détenteur. Cependant, le REER peut servir à d’autres choses, comme par exemple acheter une première maison (RAP) ou financer un retour aux études (REEP).

Pour cotiser à son REER, il faut cumuler des « droits REER »; on accumule des droits REER avec notre salaire déclaré au gouvernement fédéral : 18% (jusqu’à un montant maximum pour les très hauts salaires). Les droits REER sont cumulatifs : si vous ne les utilisez pas l’année du cumul, ils seront reportés aux années suivantes. Vous ne perdez donc pas vos droits, même si vous n’arrivez pas à cotiser le maximum à chaque année.

L’attrait principal de cotiser à son REER est de permettre au détenteur de réduire son revenu imposable. Par exemple, une personne salariée qui a gagné 50 000$ l’an passé a cumulé 9 000$ de droits REER. Cette personne cotise 6 000$ dans la période admissible et le déclare sur ses impôts : elle fait passer son salaire imposable de 50 000$ à 44 000$. Puisqu’elle a probablement payé des impôts sur sa paie en prévoyant des gains de 50 000$, elle aura droit à un retour d’impôts.

L’autre attrait de cotiser à son REER est de réaliser des gains à l’abri de l’impôt, tant et aussi longtemps que l’argent demeure dans le régime (dans le Tupperware REER). Par exemple, si notre personne qui a cotisé 6 000$ dans son REER a utilisé cet argent pour acheter des actions de Bombardier (placement : ce qu’on met dans le Tupperware!), et que les actions de Bombardier ont par la suite fait un bond phénoménal, cela fait donc grimper l’investissement initial à 12 000$ (!!). Le détenteur ne sera pas imposé sur ce gain, tant et aussi longtemps que l’argent demeure dans le Tupperware REER.

L’idée derrière le REER est donc de faire croître votre patrimoine pendant votre vie active, et d’ainsi avoir un coussin à décaisser lors de votre retraite, ce qui vous assure un niveau de vie.  Lorsque vous serez à décaisser votre REER, vous aurez à payer de l’impôt sur les montants que vous retirerez car ils s’ajoutent à votre revenu imposable. Cependant si vos revenus sont plus bas que pendant votre vie active (ce qui est généralement le cas pour les retraités puisqu’ils.elles ne travaillent plus, à moins de bénéficier d’un fonds de pension en béton, ce qui est de plus en plus rare), votre facture d’impôt sera moindre; vous économiserez donc de l’impôt au final.

Le CELI – Le Compte d’Épargne Libre d’Impôt

Le Tupperware CELI existe depuis 2009 seulement. Contrairement au REER, ses droits de cotisations ne sont pas liés à votre salaire, mais bien à votre âge et aux années qui passent.  À chaque année depuis 2009, le gouvernement fédéral dicte quel montant une personne âgée de 18 ans et plus a le droit de cotiser à son CELI. Pour les gens qui ont atteint 18 ans passé 2009, vos droits CELI commencent donc l’année de votre 18ème anniversaire.

Comme pour le REER, les droits CELI sont cumulatifs : si vous ne cotisez pas dès vos 18 ans, les droits s’accumulent d’année en année.

L’argent que vous cotisez au CELI n’influe pas sur votre facture fiscale à la fin de l’année : on ne peut pas déduire ses cotisations.  Et attention aux cotisations excédentaires : cotiser plus que le montant auquel vous avez droit peut vous coûter très cher en impôts et pénalités.

Mais à quoi sert donc le CELI? Il est un Tupperware malheureusement bien incompris et généralement très mal utilisé. La plupart des institutions financières vous le vendent comme un « compte épargne » dans lequel on ne paie pas d’impôt. C’est totalement aberrant quand on connaît le potentiel réel d’un compte CELI : celui de faire fructifier votre argent à l’abri de l’impôt, et de retirer ensuite vos gains sans avoir à payer de l’impôt dessus.

Vous vous souvenez du monsieur à 50 000$ de salaire qui a acheté 6 000$ d’actions Bombardier dans son REER? On a dit qu’à la retraite, l’argent qu’il allait retirer de ses REER serait imposé, mais moins puisque normalement ses revenus sont plus bas.   Dans le cas du CELI, on s’en fout de vos revenus : vos actions Bombardier détenues dans votre CELI ont explosées et votre cotisation de 6 000$ vaut maintenant 60 000$? Vous pouvez retirer tout ça de votre CELI, vous acheter un motorisé, et vous n’aurez pas une cenne d’impôt à payer sur ce retrait de 60 000$. Parce que ça venait de votre CELI, votre compte d’épargne LIBRE D’IMPÔT.

À quoi ça sert un CELI? Ça sert à faire des investissements où vous avez un potentiel de rendement élevé, où vous pourrez ensuite encaisser vos gains sans assumer la facture fiscale qui vient normalement avec! Et c’est parfaitement légal : c’est le gouvernement du Canada qui vous l’offre!  Le CELI, c’est le Panama pour petits épargnants, pour autant que l’épargnant s’en rende compte!

Et shnoute! Comme bon nombre de Québécois, vous avez acheté un CPG, un certificat de pauvreté garanti (merci PY McSween pour ce nom plein d’esprit!) à votre institution financière pour mettre dans votre Tupperware CELI et collecter un super 1,2% de rendement libre d’impôts? C’est pas grave : quand le CPG dans votre CELI vient à échéance, vous pourrez demander un transfert admissible à même votre régime enregistré : vous pourrez passer à un autre véhicule d’investissement, préférablement un qui vous donne un meilleur rendement que quelque chose 4 points sous le seuil de l’inflation actuelle!

Dans une prochaine chronique, on s’attardera à quoi mettre dans ses Tupperwares : les placements et les investissements!

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Sophia Bédard signature

Références :

  1. FTQ – Passion épargne : https://www.fondsftq.com/fr-ca/particuliers/epargne-positive
  2. Gouvernement du Canada – Cotiser à un REER : https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/impot/particuliers/sujets/reer-regimes-connexes/cotiser-a-reer-a-rpac-a.html
  3. Gouvernement du Canada – Cotisations CELI : https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/impot/particuliers/sujets/compte-epargne-libre-impot/cotisations.html
  4. Desjardins – Comparatif REER-CELI : https://www.desjardins.com/particuliers/epargne-placements/regimes-fiscalement-avantageux/choisir-reer-celi/index.jsp?utm_id=e-gp-0-125546598455&campagne=e-gp-0-125546598455&gclid=Cj0KCQjwz7uRBhDRARIsAFqjulnKmbEI6pEs3Yz3TU2IrH699jsBJng9TKT5R-n7FLZKL6Wwg0YIqf0aAh0oEALw_wcB&gclsrc=aw.ds

One Comment

  • Farell

    Belle introduction!
    Malheureusement, ces concepts ne sont vraiment pas connus du grand public. Je crois que la majorité a simplement pris le premier type de compte qu’on leur a offert. Il faut vraiment voir les différents véhicules de placements comme des contenants.
    Merci d’aider à l’illustrer à tous!

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