Jen quadragénaire

Me voilà quadragénaire

Juste de l’écrire, et une grande lassitude me submerge. Je suis maintenant une quadragénaire. Une madame. Une vraie de vraie femme de 40 ans.

J’ai beau essayer de me convaincre depuis plusieurs mois que c’est juste un chiffre, ça ne marche. C’est pas juste un chiffre.

C’est un chapitre qui se termine, et un autre qui débute.

La deuxième partie de ma vie.

Je sonne peut-être un peu mélodramatique, mais je m’assume totalement. Vieillir pour moi n’est pas un privilège, c’est une fatalité.

Les années passées sont bel et bien terminées et ma jeunesse s’éloigne de plus en plus pour laisser soi-disant place à une sagesse que je suis loin de ressentir pour l’instant.

J’ai adoré ma trentaine, vraiment.

Je me sentais forte, en confiance. Relativement bien dans ma peau. En tout cas, aussi bien qu’une femme peut l’être quand elle se parle assez pour y croire et ne pas mettre le focus sur ses défauts.

J’ai passé les 5 premières années de cette décennie à récolter le fruit de ce que j’avais semé pendant ma vingtaine. J’étais en forme, énergique, pleine de motivation avec des projets plein la tête. Mon couple allait bien, mon fils avait encore besoin de moi quotidiennement et la chance me souriait à plusieurs égards.

C’est à partir de 35 ans que les choses ont commencé à dégringoler. Une fracture de la cheville, deux opérations, deux longues convalescence, des remises en question, un changement de carrière. Le début aussi d’une thérapie pour essayer de recoller les morceaux que la vie a éparpillé avec les années.

J’aime croire que mon fils a encore besoin de moi et mon couple va toujours aussi bien. Heureusement, parce que je ne sais pas si je serais capable de passer au travers sans eux à mes côtés.

Depuis que j’ai 39 ans que je pense avec beaucoup plus d’angoisse au jour où j’entrerai officiellement dans la quarantaine.

On y est.

Les gens auront beau me dire que ce n’est rien, moi je trouve que c’est tout.

C’est la fin d’une époque. La fin de celle que j’étais. Et je n’ai aucune idée de celle que je vais devenir.

Et je ne peux pas dire que ça m’enchante.

J’ai l’impression que la route que je m’apprête à prendre n’est pas aussi fleurie, aussi magique que celle que j’ai suivi pendant les premières années de ma vie. Même si elle était souvent croche, la naïveté de la jeunesse et mon inexpérience faisaient en sorte que j’avançais quand même. Parfois à tâtons, mais sans trop regarder en arrière.

Maintenant j’ai plutôt l’impression d’avancer à grande vitesse, mais sans but précis. En sachant parfaitement que cette nouvelle route ne sera jamais aussi excitante que la précédente. J’embarque sur l’autoroute, pis ça va trop vite. Je m’ennuie déjà des petits sentiers, des longs détours et des retours en arrière. J’ai peut-être développé, avec les années, le réflexe de prendre le temps de regarder la route, mais quand il n’y a plus grand chose pour l’égayer, tu te demande bien à quoi ça sert.

Avoir 40 ans ne me réjouit pas. Voir poindre la ménopause me donne des frissons jusqu’au plus profond de mon âme. J’espère tellement que la vie sera douce avec moi à ce niveau-là. Que mes hormones ne me joueront pas trop de tours. Que je serai capable de passer à travers.

Et de ne pas me perdre.

Aujourd’hui, me voilà quadragénaire. Pis j’essaye fort de me dire que c’est juste un chiffre.

Peut-être que la sagesse m’enseignera que c’est vrai… si elle finit par se pointer le nez un jour.

Jennifer signature

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