hétérocisnormativité

L’hétérocisnormativité de notre société

Vous vous dites probablement « Bon encore un texte de woke qui nous casse les oreilles (ou les yeux dans ce cas-ci) avec ses termes intellectuels et qui parle d’injustice! ».

Vous avez raison. Bien… semi-raison. Disons que je vais tenter de vous expliquer, en termes plus simples, les raisons pour lesquelles les moules que notre société tente d’imposer, mettent à l’écart une bonne partie d’entre nous. Décortiquons d’abord le terme hétérocisnormativité.

Hétéro : Abréviation d’hétérosexuel.le faisant référence aux personnes éprouvant une attirance sexuelle pour celles du genre opposé.

Cis : Abréviation de cisgenre faisant référence aux personnes dont l’identité de genre correspond.

Normativité : Réfère à ce qui est conforme aux normes (règles non écrites) et en exclut le reste. Attention, la normativité ne réfère pas à ce qui est normal, mais bien à ce qui est normatif. C’est donc l’ensemble des normes qui influencent ou contraignent à adopter certains comportements (ou conduites).

L’hétérocisnormativité est donc le fait de supposer que la norme en matière d’identité de genre et d’orientation sexuelle est : s’identifier au sexe assigné à la naissance, adopter une conduite et des comportements dans le même sens selon ce qu’on définit socialement comme féminin/masculin, et avoir des relations sexuelles et conjugales avec une personne du sexe opposé. Et je parle de sexe ici et non de genre, parce que cette vision s’inscrit dans un contexte très binaire excluant toutes les personnes n’étant pas nées dans le genre auquel elles s’identifient. Elle élimine donc la possibilité même de reconnaître l’existence d’autres identités de genre.

Mais bon, continuons… Peut-être que vous pensez que j’exagère en disant que l’hétérocisnormativité est une norme sociale et qu’aujourd’hui, en 2022, on peut être et aimer qui on veut. Laissez-moi donc vous donner des exemples un peu plus concrets.

  • Les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles ni cisgenres doivent constamment faire des coming out;
  • Quand on s’adresse à une personne, on prend pour acquis qu’elle s’identifie selon ce qu’on perçoit de son genre. Par exemple, si on croise une personne qui a des traits caractérisés comme étant féminins, des cheveux longs et une voix plus douce, on risque de faire référence à elle comme étant une femme. Ou encore, lorsqu’on envoie un courriel à une personne dont le prénom est considéré comme masculin, il y a de fortes chances qu’on l’interpelle par Monsieur;
  • Aux soupers de famille, on entend plus souvent une tante demander à sa nièce si elle s’est fait un amoureux que de simplement demander si elle est amoureuse d’une personne, peu importe son genre;
  • On perçoit encore les femmes plus masculines comme lesbiennes. Même chose pour les hommes qui adoptent des comportements associés au féminin, par exemple ceux qui portent du vernis à ongle, on les discrimine;
  • On accepte plus facilement les couples homosexuels qui vivent une vie de famille comme beaucoup de couples hétérosexuels, c’est-à-dire le modèle maison-mariage-enfants, que ceux qui ont une sexualité qui sort de la norme et qui osent sortir du cadre.

Je pourrais sûrement vous donner plusieurs autres exemples, mais ceux-ci sont assez courants. Ainsi, à force de penser qu’être hétérosexuel.le et cisgenre forment la norme, on en vient à penser que ceux qui ne le sont pas sont soit anormaux, étranges ou juste une gang d’anticonformistes. Sauf qu’il y a une bonne partie de la population qui ne cadre pas dans l’un ou l’autre des moules auxquels la société tente de nous contraindre. Puis, honnêtement, c’est bien correct d’être différent de ces dites normes!

Pour aider à assouplir ce cadre qu’est l’hétérocisnormativité, vous pouvez commencer par élargir vos pensées par rapport à la diversité sexuelle et de genre. Voici aussi quelques autres exemples de pratiques à adopter : demander les pronoms avant de vous adresser à une personne, afficher les vôtres dans votre signature de courriel, changer votre façon de poser des questions sur les relations amoureuses de votre entourage et éviter de juger les personnes qui expriment leur genre autrement que ce qui est attendu par la norme.

Marie-Pier Quessy signature
Sophia Bédard signature

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *