Écrire un livre est l’un des rêves les plus inaccessibles pour moi, mais j’ose espérer qu’un jour, je creuserai quelque part dans mon potentiel inexploité pour trouver le courage de m’y mettre. En attendant, je voue presque un culte aux auteurs de romans de tous genres. Pour moi, il y a les médecins, les auteurs… et les autres. C’est pourquoi j’ai eu envie de te partager 4 de mes auteures québécoises favorites, non seulement parce qu’elles m’inspirent et que leurs livres ont marqué différentes périodes de ma vie, mais aussi parce qu’elles me fascinent et que j’ai eu la chance de les interroger sur leur rituel d’écriture. Peut-être un peu dans le but de m’en inspirer un jour lorsque je déciderai de me jeter à l’eau ou simplement pour en apprendre davantage sur elles et leur vie d’auteure. En prime, je te donne ma critique personnelle de leur roman le plus récent. Alors t’as plus d’excuses pour te rendre à la librairie la plus proche pour te les procurer.
Nathalie Roy, je dois l’avouer, écrit le genre de livres que je voudrais pondre un jour. Girly, pas compliqué, des histoires savoureuses et des personnages tellement attachants qu’on les voudrait tous comme amis. Après Juliette et Charlotte, ses précédents personnages des séries La vie épicée de Charlotte Lavigne et La vie sucrée de Juliette Gagnon, je pensais avoir de la difficulté à m’identifier aux personnages des romans qui allaient suivre. Mais j’ai eu un coup de cœur pour Alice, cette femme de 43 ans qui décide de tout quitter sur un coup de tête et sans un regard en arrière, dans le livre Pourquoi pars-tu Alice, pour se retrouver seule avec elle-même et remettre en question tous les choix de vie qu’elle a faits et quelle direction elle veut maintenant donner à son existence. Peut-être parce que mes 35 ans m’ont semblé bien tragiques cette année et que je ressens depuis une urgence de vivre, ce personnage m’a frappé de plein fouet. Parce que je crois qu’il est important de ne pas s’oublier et de réaliser que nous sommes les seules responsables de notre bonheur. Si les précédents livres de Nathalie m’ont attendri et diverti, celui-ci m’a plutôt fait réfléchir et je trouve que c’est ce qui fait la force d’un auteur que d’arriver à nous faire vivre une large gamme d’émotions.
Quand je me suis entretenue avec Nathalie Roy, qui d’ailleurs est fort sympathique et généreuse, pour lui demander de me parler de sa routine d’écriture, je buvais littéralement ses paroles. Voici donc ce qu’elle avait à me dire :
Nathalie : « J’écris idéalement le matin, car mon esprit est généralement plus libre. Je le fais entre 7 h et 8 h, jusqu’à environ 11 h avant de faire une pause et reprendre vers 15 h jusqu’à 18 h. Je suis très disciplinée quand je suis en processus d’écriture. Étant journaliste de formation, je suis habituée à respecter des délais, c’est donc facile pour moi de m’imposer cette structure. Lorsque j’entame un roman, je sais toujours comment il commence et comment il se termine, mais je laisse de la place à la spontanéité pour les expériences loufoques et les aventures qui se déroulent entre les deux. J’essaie le plus possible d’écrire mes 1000 mots tous les jours, du lundi au dimanche. Mon rituel d’écriture se compose toujours de thé vert et de chocolat noir et j’allume souvent une bougie parfumée à la lavande. Je travaille en “mou”, mais je suis capable de travailler dans le bruit et il m’arrive de me lever pour marcher et faire autre chose dans la maison lorsque je suis bloquée sur un certain passage. Lorsque j’arrive à la fin de mon roman, je m’envole généralement vers la Floride où je loue un condo et où je me consacre seulement à l’écriture de mon roman. Et lorsque je termine celui-ci, j’ouvre toujours une bouteille de champagne que je partage avec mon chum, parce que ça me prend absolument des bulles pour célébrer ça. »
Crédit photo : Jennifer Martin
J’ai découvert les livres d’Amélie Dubois un jour où je flânais dans la section nouveauté de ma bibliothèque. Son livre Ce qui se passe au Mexique, reste au Mexique m’a accroché sans que j’explique pourquoi exactement, puisque je n’avais pas encore eu l’occasion d’aller faire un voyage dans un tout inclus dans le Sud. J’ai eu le coup de foudre et j’ai tout de suite voulu connaître son œuvre au complet. J’ai donc lu tous ses romans en quelques mois, et je suis surtout tombée amoureuse du personnage de Mali, dont il est question dans la série Chicklit et qu’on retrouve avec bonheur dans son plus récent roman Le jour où j’ai suivi les flèches jaunes. Ce roman raconte une fois de plus les péripéties de cette fille qui approche la trentaine et qui se questionne sur sa vie amoureuse pas toujours simple. Mais elle nous donne surtout envie de voyager à travers l’Espagne et le Portugal puisque l’intrigue se déroule principalement sur le chemin de Compostelle. Il démystifie ce périple longtemps considéré comme religieux et nous le présente surtout comme une quête spirituelle et mythique que l’on se doit de faire au moins une fois dans sa vie. Bref, un autre très grand livre, à la hauteur du talent d’Amélie.
J’ai aussi eu le plaisir de m’entretenir personnellement avec elle et j’ai adoré ce qu’elle avait à me raconter sur son processus d’écriture.
Amélie : « Premièrement, je fonctionne toujours en deux étapes, je commence par faire le plan de mon roman ; l’histoire, les personnages, les intrigues, et ce processus se fait la plupart du temps pendant mes voyages. Pour la deuxième étape, c’est sur ma table de cuisine que ça se passe. J’envahis complètement l’espace, au point de ne presque plus pouvoir m’installer pour manger et je bois des chaudières de thé. Les gens de mon entourage essaient de me convertir à travailler sur mon bureau, mais j’en suis incapable. Comme je me plais à me définir comme une auteure vampire, j’essaie de combattre mon envie d’écrire toute la nuit afin de garder une routine de sommeil plus normale. J’écris donc généralement le matin et le soir puisque je suis moyennement productive l’après-midi. J’ai deux “kits de vêtements mous”, l’un pour travailler et un autre que j’enfile à la fin de la journée après la douche. Depuis mes tout débuts comme auteure, je divise mon roman en tiers, c’est-à-dire que j’écris toujours mon livre en trois parties. Comme un livre compte généralement 100 000 mots, je sais que lorsque j’arrive autour de 25 000 mots, je suis sur le point de compléter une partie. Je ne sais pas pourquoi j’ai pris l’habitude de procéder comme ça, mais ça fonctionne bien pour moi. J’ai deux moments forts lorsque je suis en processus d’écriture ; le moment où j’écris le mot FIN (en caractère 25 et bien centré sur la page) et lorsque je reçois mon livre dans mes mains. Ce sont deux moments super émotifs pour moi, et comme je suis une fille de rituels, je bois habituellement un verre pour célébrer ça. »
Crédit photo @vlrouleau
Evelyne Gauthier peut se vanter de toucher un large public puisqu’elle écrit de la littérature jeunesse en plus d’écrire pour les adultes. Conquise totalement par son roman Les délices de Miss Caprice, j’ai été tout aussi charmée par sa plume dans son dernier roman Le club des joyeuses divorcées que j’ai dévoré sur la plage lors de mon dernier voyage à Cuba. Je me suis facilement attaché à ces 4 femmes différentes mais complémentaires qui ont la musique en commun et qui vivent différentes situations amoureuses. À consommer avec une bonne playlist musicale en bruit de fond et un petit verre de vin. Maintenant amies sur Facebook, il nous arrive de commenter nos publications respectives et il allait de soi pour moi de l’interroger sur son rituel d’auteur.
Evelyne : « Je n’ai pas une routine très rigide pour écrire. Le mode de vie que j’ai, avec un travail à temps plein et deux jeunes enfants, a fait en sorte que je dois maximiser chaque plage horaire si je veux écrire. Je dois être capable d’appuyer sur le bouton “création” facilement et rapidement, sinon écrire un seul livre me prendrait des années ! J’ai surtout besoin de tranquillité et de ne pas être dérangée. Même si je peux écrire presque à n’importe quel moment de la journée, le soir est celui où j’y parviens le mieux. La fatigue de la journée aide peut-être à débloquer les vannes créatives ? Je ne pourrais le dire, mais même quand j’étais jeune, c’était ainsi. Je pense que le calme du soir me permet de mieux me concentrer. D’ailleurs, j’écris souvent quand mes enfants sont couchés. La seule chose dont je peux difficilement me passer, c’est ma musique. J’ai toujours mes écouteurs avec moi et j’ai mes “playlists” que j’écoute sur mon ordinateur ou mon téléphone. Je choisis parfois certaines pièces musicales en fonction de l’ambiance de la scène que je suis en train d’écrire pour me mettre dans le bon “mood”. J’ai besoin de m’isoler du monde extérieur pour garder toute ma concentration. Surtout qu’il m’arrive parfois d’aller écrire dans des cafés avec mon portable, alors je ne dois pas entendre ce qui se passe autour. Sinon, j’ai tendance à écouter les conversations ! »
Crédit photo : Jennifer Martin
Pour terminer cet article, je dois absolument vous parler de ma dernière découverte littéraire, l’auteure Annie Quintin. Je croyais découvrir sa plume en lisant le roman Quelque part entre toi et moi sorti en mars dernier et qui m’a accompagné pendant la première partie de mes vacances, mais j’ai réalisé que j’avais aussi lu Cher trou de cul il y a quelques années et que je l’avais bien apprécié. Dans son dernier roman, on suit l’histoire de Louis et Ève qui décide de faire appartements à part puisqu’Ève souffre d’un trouble obsessif compulsif et qu’il lui est impossible de poursuivre la cohabitation. Ils réalisent alors chacun de leur côté que la routine grugeait lentement leur relation et que le mal était peut-être plus profond que le simple TOC de Ève. Un roman qui se dévore lentement, afin d’en savourer chaque dialogue. Une belle histoire parfaite pour les soirs d’été. J’ai aussi la chance de côtoyer Annie par l’entremise des réseaux sociaux, voici ce qu’elle avait à me dire sur sa routine d’écriture.
Annie : « C’est quoi ça, une routine d’écriture ? C’est un concept un peu abstrait pour moi. Je fais partie de l’espèce indisciplinée, de la ligue des auteurs qui tergiversent ! Si j’écrivais à temps plein, je n’aurais pas le choix de m’imposer un peu de rigueur, mais ce n’est pas le cas. Depuis que j’ai un enfant, j’écris quand je peux et non quand je veux. À cause de cette petite chose de 2 ans et demi qui dit maman-maman-maman, je dois sortir de la maison pour écrire et ça se passe de préférence dans un café, avec un bon cappuccino sous le nez. J’ai absolument besoin de mes “playlists” que je crée religieusement en fonction de chaque scène de mes romans. Je laisse mon esprit planer jusqu’à trouver le “mood” parfait. Pour moi, écrire un roman, ce n’est pas toujours une question de rédaction ; entre chaque séance d’écriture, l’histoire se poursuit, les personnages conversent dans ma tête et lorsque je me mets au clavier, c’est bien souvent pour transposer le film que je me suis construit. »
Crédit photo : Jennifer Martin
Le 12 août prochain aura lieu la journée J’achète un livre québécois, on vous encourage à vous procurer l’un de ces romans pour enrichir votre bibliothèque et à suivre la page Facebook de Folie Urbaine pour remporter un exemplaire de chaque livre tout au long du mois d’août.
Merci à Nathalie, Amélie, Evelyne et Annie pour leur générosité et leur temps.
Bonne lecture !
One Comment
Catherine
Belle article ! MERCI!!
Cependant il te manque ici une auteur extraordinaire! Si tu n’as pas encore lu Marie Potin il faut absolument que tu découvre cette auteur de grand talent ! On dévore tout ce qui se trouve sous sa plume et c’est littéralement du bonbon! !!!