Au bras d’un homme, je suis hétérosexuelle. Au bras d’une femme, je suis homosexuelle. Ma bisexualité leur est invisible ; mon partenaire me définit. On se fie aux marqueurs relationnels que l’on connait pour mettre des mots sur MA réalité. Le problème? JE, mon identité sexuelle, n’est pas aussi saute-aux-yeux. On s’attend à des indicatifs, des descriptifs, des représentations claires de «ça a l’air de quoi».
Pour ma part, ça a simplement l’air d’une personne, s’identifiant comme femme, avec les cheveux bleus, parfois plus «féminine», pis d’autres fois, ben je porte un chandail de band hardcore quelconque, une casquette et mes new balance et je suis bien heureuse comme ça. Ça m’arrive aussi d’embrasser une femme, ou du moins ce qui pourrait en paraître une, mais au fond, je m’en fous si c’est une femme ou pas. Sauf qu’en ce moment, j’embrasse mon copain et ça me va totalement. J’aimerais bien aussi résumer ça à «j’aime tout le monde», mais ce n’est pas tout à fait vrai.
On pourrait croire que la communauté gaie, qui se veut inclusive, voire même compréhensive, est plus à l’aise avec cette réalité. Toutefois, ce n’est pas toujours ce qui est observé, justement parce qu’on n’est pas facilement identifiables. Et puis ça fait peur la bisexualité, il y a plus de risques à la bisexualité : tout le monde est à se méfier, tout le monde peut être acteur d’une possible infidélité. POURTANT! Une bague et une promesse d’amour éternel n’empêchent personne d’aller voir ailleurs.
Sous l’excuse de ma bisexualité, je me suis fait refuser des offres de date. Détrompez-vous, je suis capable de prendre un refus, c’est plus que le fait d’être honnête et de leur exposer mon attirance, c’était ça qui posait problème. Les refus venaient bien plus des gens s’identifiant comme moi, que l’opposé. Chez l’opposé, on voyait davantage un exotisme, un espoir infini d’une réalisation de ce fantasme qu’est le threesome. Ma sexualité n’est pourtant pas l’équation parfaite à ce désir. Ma sexualité n’est pas de vouloir les «deux sexes» en même temps. Ma sexualité, c’est plutôt de ne pas me limiter à si la personne que je rencontre s’identifie comme femme ou comme homme.
Pourquoi est-ce que ma sexualité devrait être quantifiable et qualifiable?
JE, n’est pas mon attirance. JE, n’est pas mon/ma partenaire. JE, n’est pas mes relations. JE, n’est pas mes fantasmes.
JE ne suis pas mon identité sexuelle.
Surtout, j’existe.
C’est un autre problème qui est à débattre, cette façon de faire qu’on a de définir nos amis ou une qui que ce soit par leur attirance. «Mon meilleur ami gay». Ton meilleur ami serait-il ton meilleur ami même s’il ne préférait pas les hommes? Voilà.