Dans trois mois, entre le cours de natation du petit et l’anniversaire de belle-maman?
Comment les amitiés évoluent (se transforment, disparaissent…?) quand tu restes la seule célibataire à 30 ans
Un jour, vous étiez toutes alignées au bar à commander des shooters.
Aujourd’hui, tu les vois alignées en rang d’oignons au spectacle de fin d’année de la garderie.
Et toi, t’es là.
Avec ton vin en canette, ton téléphone en main, et cette question existentielle qui revient souvent:
«Est-ce que je suis devenue l’amie solo qu’on invite juste pour ne pas l’exclure?»
À vingt ans, l’amitié c’est fusionnel.
À trente, c’est logistique.
À vingt ans, on se textait pour aller prendre un verre «dans 10 minutes».
À trente, faut booker un brunch trois semaines à l’avance, entre les activités des enfants, les fins de semaine en couple et les «je suis crevée, on se texte semaine prochaine ?».
Tu les vois toujours, oui. Mais de loin.
Via des stories d’anniversaires de bébés.
Des photos de coupes de vin qui ressemblent à des pubs SAQ.
Et toi, tu te sens à la fois contente pour elles, et un peu en décalage.
Un peu… seule.
Tu es heureuse pour elles. Genre… 90 % du temps.
T’es pas aigrie. Vraiment.
T’as juste… ce petit 10 % de pincement. Celui qui pique quand elle te dit:
«C’est fou comment je me sens complète maintenant.»
(Comme si t’étais incomplète, toi.)
Ce 10 % qui grince quand ton amie t’appelle une fois par mois pour te raconter en détail sa dernière chicane avec son chum, mais qui répond «ah j’te laisse, j’ai du monde qui arrive» quand tu veux parler de ta dernière date décevante.
Ce 10 % qui fait mal quand ta dernière amie célibataire trouve enfin quelqu’un… et que tu restes seule sur le banc. Encore.
Présente pour tout… mais rarement pour toi
T’es toujours là.
Pour les showers de bébé.
Pour les mariages à 300$ de robe + cadeau.
Pour les anniversaires des enfants, les pendaisons de crémaillère, les soupers de couples.
Mais qui était là quand t’as eu ta promotion?
Quand t’as déménagé seule, en pleurant parce que ton ex ne t’a jamais aidée à porter une boîte?
Quand t’as passé des entrevues stressantes ou quand t’as lancé ton projet perso?
Peu de gens, souvent. Parce que ta vie à toi, sans alliances ni poussettes, ne semble pas mériter de célébration collective.
Et ça, c’est dur.
Parce que tu ne veux pas qu’on t’applaudisse pour avoir monté une étagère IKEA seule, mais un petit «je suis fière de toi» ne ferait pas de tort.
L’amitié post-adolescence, c’est pas une rupture. C’est un effritement
On ne se «perd» pas vraiment.
On dérive. On glisse doucement. On passe du quotidien à l’occasionnel.
Mais c’est dur, parfois. Parce que t’étais là, pour les deuils, les ruptures, les lendemains de brosse.
Et maintenant ?
T’as l’impression de quémander de l’attention dans un horaire saturé de couches, de couple et de meal prep.
Tu ne veux pas voler leur bonheur. Tu veux juste ne pas te sentir invisible.
T’as jamais demandé qu’elles reviennent à la vie pré chum/mari.
T’as jamais souhaité qu’elles soient malheureuses ou qu’elles sacrifient leur équilibre.
T’as juste besoin d’un texto spontané. D’un vrai moment à deux. D’un appel sans bruits d’enfant en arrière.
D’une amie qui ne te regarde pas avec des yeux tristes quand tu lui dis que tu dors seule.
Est-ce que c’est fini? Non. C’est juste… différent
Ce n’est pas toujours la fin d’une amitié.
Parfois, c’est juste un nouveau chapitre. Plus espacé. Moins fou. Moins intense.
Mais si t’as l’impression de tout donner pour garder les liens vivants…
Sache que t’as le droit de te retirer doucement.
T’as le droit de créer un nouveau cercle.
T’as le droit de te trouver des amitiés adultes qui ne te font pas sentir comme une anomalie sociétale.
Parce que oui, on grandit.
Mais on n’est pas censées grandir à part.
En attendant, je fais ce que je peux
J’envoie des messages.
Je propose des cafés.
Je suis dispo quand ça compte.
Mais je garde aussi un peu d’amour pour moi.
Parce que si les autres sont trop occupés à vivre la vie «normale», je refuse de croire que la mienne est une version poche.
Et puis, je pense à elles
Quand je me sens un peu trop en marge, que mes textos restent en “vu” pendant trois jours, ou que je vois une story de brunch entre mamans à laquelle je n’ai pas été invitée, je pense à Carrie, Charlotte, Miranda et Samantha.
Elles aussi ont grandi. Ont eu des carrières, des enfants et des conjoints (parfois problématiques), mais elles sont restées amies. Malgré les distances, les mariages et les choix de vie. Elles ont continué à se retrouver autour d’un verre, d’un café, d’un regard complice parce qu’elles avaient compris quelque chose de fondamental:
L’amour vient et repart. Mais les vraies amitiés, elles, ça se cultive, même à travers les saisons de la vie.
Alors peut-être qu’on est en pause.
Peut-être que c’est juste une phase.
Mais je garde l’espoir que même à 30 ans (ou 40, ou 55), on peut encore choisir l’amitié. Consciente, présente, vivante.
Et si on ne se retrouve pas tous les jours, j’espère qu’on saura encore se dire:
«Tu comptes. Même si nos vies ne se ressemblent plus.»



