1970, 1979, 1987.
Voici les années de naissance de mes frères et de moi…
Il y a évidemment une bonne différence d’âge entre nous trois.
Mes parents ont immigré au Canada lorsqu’ils ont quitté leur Argentine natale en 1972, emmenant peu de choses avec eux, mais plein d’espoir pour le futur.
Ils ont appris la langue française, ont trouvé du travail et ont surtout trimé dur pour se bâtir une base solide.
Ils avaient quand même tout abandonné, c’est-à-dire famille et amis, en rêvant d’une vie plus facile et aisée que celle qu’ils avaient vécue jusqu’à présent.
Mon aîné s’est donc tout naturellement occupé de moi. Obligation ou pas, jamais je n’ai ressenti que j’étais un quelconque fardeau ou une pénitence pour lui.
Il m’aimait.
De mon enfance avec mon grand frère, je garde de doux souvenirs. Je me souviens qu’il passait du temps et jouait avec moi. Il me déguisait souvent et nous rigolions beaucoup, car j’adorais cela! J’ai d’ailleurs de magnifiques photos qui témoignent des nombreux accoutrements que je portais ainsi que des costumes d’Halloween assortis que ma mère nous fabriquait.
Quant à mon petit frère…
Il m’énervait.
Toujours dans mes pattes, à poser des questions, des pourquoi, à fouiner dans mes choses.
Il m’aimait.
D’autre part, je me souviens que je disais, en me plaignant, que nous avions arrêté d’aller au Ice Capades lorsqu’il est né.
(Pour ceux que je viens de perdre avec les mots Ice Capades, c’était un spectacle sur glace, dans un environnement féérique et des personnages de films ou d’émissions d’enfants. L’ancêtre des Disney On Ice, en fait.)
Notre première rencontre s’était pourtant bien déroulée. Je me souviens que j’étais instantanément tombée en amour avec lui lorsque j’étais entrée dans la chambre d’hôpital et que je l’avais vu, dormant à poings fermés.
Plus tard, à son réveil, je m’étais approchée de son petit lit et en lui tendant ma main et il avait enroulé ses minuscules doigts autour de mon index. J’étais sous le charme de ce mini être vivant tout frêle et empreint d’innocence.
Or, en grandissant, la jalousie ainsi que la sensation d’avoir perdu mon statut de bébé de la famille m’avaient malheureusement fait oublier momentanément le bonheur quotidien que me procurait ce petit frère souriant et toujours prêt à jouer avec moi.
Même durant mon début d’adolescence, je me souviens que de devoir le traîner au parc, alors que j’aurais voulu rester seule avec mes copines, me semblait être l’ultime sacrifice…
Et puis, nous avons tous vieilli.
Et l’âge n’a plus eu d’impact ou d’importance.
Nous étions frères et sœur et nos relations sont allées au-delà du lien fraternel. Nous sommes devenus amis et inséparables, et avons demandé conseil à un et à l’autre à chaque instant de désespoir ou d’inquiétude.
Nous sommes tissés serrés, comme on le dit si bien!
Mon grand frère est comme un deuxième père. Il est protecteur envers nous, complaisant, attentionné. Il cherche à rendre nos vies plus faciles et donne des conseils sans juger.
Je l’aime.
Mon petit frère est mon bébé! L’ayant vu grandir et acquérir de la maturité, devenir l’homme qu’il est aujourd’hui… aimant, généreux et dévoué, je me suis sentie coupable de ne pas avoir mieux profité de notre enfance ensemble.
Le jour de son mariage, j’ai pleuré comme une mère… je ne pouvais pas croire que mon petit tannant favori allait devenir un mari! J’ai revu notre parcours depuis sa naissance, les moments heureux où nous n’étions que des enfants fous et sans souci, et j’ai ressenti la plus grande fierté qui soit envers lui.
Je l’aime.
À vous, mes frères, je vous dis MERCI.
On dit souvent que l’on ne choisit pas sa famille, mais dans notre cas, je vous choisirais encore et encore.
L’Amour et le bonheur que nous détenons sont primordiaux à mes yeux. Je suis heureuse de vous avoir à mes côtés.
Ce texte vous est dédié, je tenais à vous faire savoir combien je suis reconnaissante pour ce qu’on a bâti au fil du temps.
Quelque part, je me dis aussi que nous rendons ainsi hommage à ce que nos parents voulaient pour nous.