J’ai peur de vieillir. Devenir vieille. Ne plus ressentir l’élan de la jeunesse. Et là, je ne te parle pas de grandir. J’espère grandir encore longtemps. Grandir au niveau psychologique, émotif, grandir en maturité. Je ne te parle pas non plus d’avoir peur de me faire appeler Madame ou même d’avoir de plus en plus de cheveux blancs (j’en ai depuis que j’ai 22 ans…).
Je te parle de VIEILLIR. De ne plus être capable de suivre. De n’avoir plus grand-chose devant moi. De manquer de temps pour mener à terme tous mes rêves ou mes projets.
J’ai peur du moment où je devrai magasiner des vêtements adaptés à ma nouvelle silhouette. Celle que j’aurai quand je n’aurai plus la force ou l’énergie pour m’entraîner et faire du sport aussi souvent. Peur de passer devant le H&M et d’envier les femmes qui peuvent encore s’y vêtir.
J’ai peur du moment où je ne serai plus qu’une personne à visiter pour mon fils. Que je ne serai qu’un simple nom inscrit à son agenda : 12 mars = Aller voir maman. Que je serai obligée de me concentrer pour retenir tout ce qu’il aura à me raconter ce jour-là. Peur d’en avoir pour 2 jours à me remettre du fait que sa prochaine visite sera sans doute 2 ou 3 semaines plus tard ou plus. Je verserai sûrement quelques larmes en me demandant comment le temps a pu passer aussi vite alors que j’ai l’impression que c’était hier que lui et moi passions toutes nos journées ensemble.
J’ai peur du moment où mon chum et moi n’aurons d’autres choix que de ressasser nos vieux souvenirs parce qu’il sera de plus en plus difficile d’en créer des nouveaux. Peur de ne voir que de la tendresse et une certaine habitude dans son regard. Peur qu’il ne me trouve plus aussi drôle ou aussi divertissante. Peur que ma présence ne soit plus suffisante pour s’accrocher à la vie.
J’ai peur du moment où mon autonomie va me lâcher, où je devrai quitter ma maison (en Floride, je l’espère) et être placée en résidence. Moi qui n’ai jamais été très portée sur le voisinage, je serai obligé de vivre entouré de personnes que je n’aurai pas choisies, et qui seront encore plus près de moi que les nombreux voisins à qui je n’ai jamais parlé.
J’ai peur du moment où je ne pourrai plus marcher sans effort ou sans aide. Moi qui n’ai jamais aimé être inactive. Juste de penser que je devrai demander assistance à quelqu’un pour aller aux toilettes me fait un peu angoisser. Et si je me mets à penser que cette même personne devra peut-être changer ma couche d’incontinence, alors là, je panique littéralement. Comment peut-on commencer ET terminer sa vie avec une couche ? C’est pas mal moins cute rendu à 87 ans.
Mais par-dessus tout, j’ai peur du moment où je ne serai plus là, où je ne serai plus qu’un vague souvenir pour mes proches et où je serai quasi inexistante pour les lointaines générations qui suivront.
2 Comments
pourquoi
Article déprimant, si j’avais su je n’aurai même pas commencer sa lecture. La vérité blesse, en espérant que je ne termine pas comme ça.
folieurbaine
Le texte ne se voulait pas déprimant pour les autres. C’est un texte personnel dans lequel j’ai eu envie d’exprimer mes émotions. Dommage qu’il ne vous ait pas plu. Merci pour votre commentaire.