Jeune, j’étais vraiment intense en amour.
Solidement intense. À la limite de Glenn Close dans Fatal Attraction.
Bon, je n’aurais peut-être pas fait bouillir de lapin, mais j’avais quand même plusieurs points communs avec elle.
Appeler plusieurs fois dans la soirée, manigancer pour savoir où se trouve celui que j’avais dans la tête et le cœur, user de manipulation affective pour obtenir ce que je veux. Je n’avais aucun scrupule et pas vraiment de limites quand j’étais (ou croyais être) en amour. J’ai fait pas mal de trucs dont je ne suis vraiment pas fière (je vais garder les pires pour mon jardin secret) et j’ai déjà été la fille avec qui tu ne veux pas être en couple parce qu’elle est trop freak et dépendante affective.
Tsé la fille qui néglige, pour ne pas dire carrément, ignore, ses amies parce qu’elle a un gars dans sa vie.
Tsé celle qui oublie son identité pour se mouler à celle du gars qui fait battre son cœur. Même si ça implique d’écouter un style de musique qui n’est pas du tout son genre ou de prétendre aimer des trucs que dans l’fond elle ne peut supporter.
J’ai déjà été jusqu’à changer d’école secondaire pour aller dans celle de mon kick du moment et rater des examens du cégep parce que je préférais dormir quelques heures de plus avec un gars que je fréquentais depuis à peine deux mois.
J’ai déjà passé une soirée entière devant la fenêtre de mon appartement à guetter l’arrivée de mon chum qui devait venir me retrouver pour la nuit après sa soirée. Avec mon cellulaire dans les mains. Tsé au cas où il lui arriverait quelque chose ou qu’il changerait d’idée et qu’il essaierait de me joindre.
Certains diront que c’est ça vivre sa jeunesse quand tu es une fille ordinaire avec une faible estime d’elle-même et que y’a rien là.
D’autres diront que j’avais vraiment un problème de dépendance affective ou que j’étais carrément folle.
Les garçons qui sont passés dans ma vie en gardent de mauvais souvenirs ou s’en servent pour comparer les filles qui m’ont suivie. Genre : « Es-tu plus intense ou dépendante que Jen ? ».
Mais comme on apprend supposément de ses erreurs et qu’on prend de la maturité, je peux maintenant dire que cette période est loin derrière moi.
Je suis en couple depuis bientôt 13 ans avec un gars qui m’a appris à avoir confiance en moi, en lui et en notre amour.
Et même si, au début, j’ai paniqué à quelques occasions quand il ne me rappelait pas comme il me l’avait dit et que ça a pris quelques mois avant que je chasse mes anciens patterns, je peux dire que je suis vraiment arrivée à une autre étape. J’ai développé mon indépendance amoureuse.
Je dirais même que maintenant, j’apprécie grandement mes moments en solitaire. Je peux facilement passer quelques heures et même quelques jours sans nouvelles de mon homme sans imaginer 1001 situations où il pourrait me tromper, se lasser de moi ou être mort dans un accident de voiture.
Je suis délivré de ma dépendance affective amoureuse.
J’aime mon homme de toutes mes forces.
Mais je m’aime aussi.