Trop souvent, je vous ai emprisonné sous un padding compressant et serré, par peur de votre bouncing naturel ou pour vous protéger de ceux qui vous dévisageraient et vous devineraient sous mes chandails. Gênée qu’on puisse apercevoir vos courbes ailleurs que dans une intimité souhaitée, je vous ai fréquemment caché sous une brassière difforme et mal ajusté, attendant simplement le soir, en sécurité entre les quatre murs de mon appartement pour vous délivrer. Je vous ai opprimé, ayant plus de facilité à assumer un décolleté qui n’est pas naturel, plutôt que de vous laisser pointer devant une petite brise à l’arrêt d’autobus. Je n’avais aucune honte pour vous et pourtant, j’avais bien de la misère à vous afficher. Un standard social, un tabou qu’est ce mamelon que nous avons tous mais qui pour une raison qui m’échappe, n’est pas bien vu lorsque visible autrement que sur un homme ou bien une femme toute nue dans la chambre à coucher.
Voilà maintenant un petit bout de temps que j’ai arrêté de me faire accroire que j’étais cette personne qui était confortable dans des cerceaux, que j’ai arrêté de me préoccuper de la température et que j’ai arrêté de me demander si je démontrais trop d’enthousiasme pour votre suspension. Je suis contente de constater que malgré les fausses croyances, vous n’êtes ni tombés ni plus fatigués que jadis. Au contraire, vous êtes pas mal faits pour tenir tout seul et je n’éprouve même plus le besoin de vous soutenir lorsque je descends et monte les marches, vous avez acquis votre indépendance.
Certes, je remarque maintenant que certains chandails sont plutôt transparents ou moulants, je ne suis pas encore au stade où je suis à l’aise avec le fait de montrer mes nuances rosées, alors de temps à autres je vais continuer de vous garnir à l’intérieur d’une bralette légère. Toutefois, vous savez bien que plus qu’autrement, je vais toujours choisir ma garde-robe en conséquence de la nouvelle liberté que je vous ai accordé. Je ne suis plus choquée ni gênée par votre présence explicite plutôt que suggérée. Nous ne sommes plus au temps de Molière, je ne vous cacherai plus.
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Luc
Dominique, as-tu cessé d’écrire? J’espère que non… écrire, comme tu le sais, est une aussi
une thérapie et ça fait du bien. Plus tard on se lit de nouveau et ça éveille nos sentiments et j’imagine qu’en parcourant ce récit une symphonie te parviendra de tout ton être.
BRAVO pour tes belles paroles!