La curiosité médiatique

Les « voireux », les badauds, les curieux, ceux qui ralentissent quand il y a un accident sur l’autoroute… ou pire qui filment la scène, risquant alors, eux-mêmes de causer un autre carambolage.

Notre société souffre de voyeurisme aigüe.

À l’ère du direct, de la gâchette rapide du IPhone, et des vidéos-réalités, plus que jamais, les gens semblent assoiffés de sensationnalisme. De réalité.

À l’image de la fameuse voisine qui épie entre les stores de sa fenêtre, Monsieur et Madame Tout-Le-Monde s’empressent de tout vivre en direct, camouflés derrière leur écran.

YouTube regorge de vidéos d’incidents, de violence gratuite et d’actes criminels.

Même les nouvelles se mettent de la partie. Les topos sont désormais plus poignants, à vol d’hélicoptère, en exclusivité, à la minute près.

Facile d’être indiscret quand toutes ces informations sont mises à notre disposition, sur un plateau d’argent, à portée de main.

Mais où la ligne du respect et de la civilité devrait-elle être tracée?

Au nom de quoi, peut-on se permettre de diffuser des images d’accidents, par exemple, sans avoir une pensée pour la famille et les connaissances des gens qui souffrent de ces tragédies?

Des suicides, des meurtres, des viols…

En 2012, à Côte-Des-Neiges, un sociopathe avait d’ailleurs créé une vidéo du meurtre sordide de son petit ami.

Ironiquement, sans aucune fierté par contre, j’avais moi-même visionné cette scène atroce. Par curiosité.

Mais pourquoi, je me questionne, avec du recul?

Avons-nous réellement besoin d’avoir de telles images dans nos esprits?

Non. Assurément.

Et pourtant…

Les amateurs de réseaux sociaux ont une appétence pour ce type d’actualités.

Il y a quelques semaines, circulaient aussi un extrait d’un incident survenu dans un palais de justice. Une altercation entre un individu qui allait passer en cour et un constable spécial.

Un vrai film! Du drame, des bousculades, de la violence, la mère hystérique qui crie, du grabuge, des bruits d’échauffourées et puis BANG!, le coup de feu qui retentit.

La vidéo a fait les manchettes et a été partagée des milliers de fois.

Nous sommes loin du simple commérage de quartier, d’antan.

C’est de la pure impudence, à mon avis!

Et puis, il y a les commentaires aussi. Dans l’anonymat de leurs comptes Facebook, certains ne se gênent pas pour insulter, juger, discriminer et prendre partie, sans réfléchir avant d’écrire.

C’est à se demander si ces mêmes tête-en-l’air n’ont rien de mieux que de provoquer et rabaisser par simple ennui.

Je crois que l’Information s’est trop facilement permise de faire voler aux éclats les droits à la vie privée et au respect, en bonne et dû forme, de la communauté, mais surtout des gens, en tant que tels.

Non, je n’ai pas besoin de voir le mari d’une inconnue perdre la vie dans son camion-citerne sur la Métropolitaine ou d’être témoin, sans préavis d’une photo d’un cycliste décédé et ensanglanté, à peine couvert par une bâche jaune, à l’heure du souper.

Je veux voir la Vie.

Du Positif.

De l’Entraide.

De l’Espoir.

De l’Amour.

Surtout de l’Amour.

C’est probablement moins gagnant pour les côtes d’écoute ou les *clickbaits mais cela a le mérite d’apporter une prospérité et un vent de fraîcheur sur notre Monde déjà assez cruel et pessimiste.

Circulez! Circulez!…

La prochaine fois que vous serez en voiture, circulez, et montrez de la gratitude pour la Vie que vous avez.

Je vous laisse cette vidéo publicité qui va dans le même sens que mon texte.

Cela porte à réfléchir, croyez-moi!

 

 

 

 

 

 

 

 

*Le terme de clickbait, qui signifie littéralement « appât à clics », désigne généralement une technique de création ou de rédaction publicitaire qui vise à maximiser « abusivement » le nombre de clics enregistrés sur une annonce publicitaire ou une publication sociale quitte à ce que l’annonce ou la publication ait un caractère « déceptif ».

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