C’est la nuit, il fait noir et la maison est en silence… mon cœur bat la chamade et je serre mon oreiller de toute mes forces. Je suis terrifiée, figée sur l’écran. Je ne me sens pas bien, je n’aime pas cela du tout.
Pourquoi ai-je encore lu les nouvelles?
Une histoire d’un enfant noyé, d’une disparition, d’un accident mortel…
Mes enfants.
Mes trésors.
J’angoisse souvent quand il s’agit d’eux.
Je vis dans cette perpétuelle phobie.
Je cauchemarde en plein jour, en pleine nuit. Trop souvent.
Sans que je le réalise pleinement, ma raison glisse entre mes doigts craintifs, face aux fatalités qui lorgnent mes enfants.
Je suis plus qu’une mère poule.
Je suis une mère poule mouillée!
Et pourtant, je me considère comme un être logique, comme une personne zen, qui aime la vie, qui jouit de la vie. Toujours, je suis positive, je garde le cap, je relève mes manches.
Par contre, je me sens inapte devant cette émotion, qu’est la panique.
J’ai la peur au ventre, la trouille, des sueurs froides.
C’est plus fort que moi, que ma volonté!
Mes deux enfants ont dormi avec un moniteur de mouvement jusqu’à l’âge de 3 ans. Le AngelCare, c’est mon meilleur ami.
Mon ange gardien.
Il m’a permise de dormir sans avoir à constamment aller vérifier si mes amours respiraient.
Cette appréhension, cette crainte. Toujours présente comme mon ombre.
Encore aujourd’hui, je me surprends à aller les voir, si je me réveille dans la nuit.
Je les observe dormir, respirer… je les embrasse, remercie la vie de leur présence.
Mais, je considère que j’ai le droit d’avoir peur, d’être sur le guet, prête au pire.
J’ai vu la mort, avec Luna…
La mort m’a regardé droit dans les yeux et s’est sauvée avec ma petite princesse sans qu’elle ait la chance de prendre un seul souffle de sa vie.
Ma belle… si petite et déjà partie.
J’étais impuissante. Clouée devant ce spectacle funèbre qu’aucun parent ne devrait avoir à subir.
Et puis, avec Soléa aussi…
À quelques jours de vie, cette maudite faucheuse a eu l’audace d’essayer à nouveau son crime. De revenir tenter de m’enlever mon trésor le plus précieux.
Je me souviendrai toujours de cette journée fatidique.
Nous étions dans le département des prématurés à Ste-Justine car le cœur de ma fille n’arrivait pas à rester stable depuis sa naissance.
Nous venions de lui donner un médicament pour l’aider et d’une seconde à l’autre, tout à basculé.
Au ralenti…. une éternité de temps.
Ses données cardiaques se sont affolées, une sonnerie a retentit, une infirmière a accouru. Puis une autre. Puis le bouton d’urgence a été activé… j’entends encore ce son strident, cette alarme qui par son bruit n’annonçait rien de bon!
L’équipe de réanimation qui arrive en trombe dans notre chambre…
Et puis, cette image… cette seconde marquée au fer rouge dans mon cœur meurtri de mère.
Son teint bleutée. Sa petite main qui vacille, sans vie, inanimée, vide de vie…
Elle est revenue. Ma battante. Ma guerrière. Elle a fait un pied-de-nez à un destin qui n’était pas le sien. Pas pour le moment, du moins.
Donc oui, je crois que mes frayeurs sont justifiées. Quand la fragilité de l’existence vous apparaît de manière si limpide, elle ne vous quitte jamais…
C’est l’épée de Damoclès qui se balance au dessus de ma tête, jour après jour.
Puis, ils grandissent… 3 ans et 6 ans… et mon angoisse semble grandir avec eux.
Le camp de vacances, les sorties scolaires, les nuits où ils dorment chez la famille ou les amis…
La vie est un perpétuel bassin de dangers potentiels… j’aurais beau être collée sur eux 24 heures sur 24, je me rends bien compte que je dois les laisser vivre aussi. Malgré mes phobies, malgré tout ce mal que je vois autour d’eux. Outre les tragédies qui déferlent et les sinistres qui assombrissent les jours ensoleillés.
Ils ont droit à leur enfance, aux plaisirs de la vie, les premières expériences, les aventures palpitantes.
Ils méritent le rire et le bonheur.
Ils vont tomber, se blesser, aller à l’urgence et me faire vivre des nuits blanches.
Je le sais.
C’est la vie comme on dit.