D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours rêvé de transmettre mes yeux verts à un de mes enfants. Je suis la seule de ma famille à avoir les yeux de cette couleur. Je les tiens de mon grand-père. Mais si j’ai pu hériter de ce gène, c’est bien grâce au magnifique gène récessif des yeux bleus pétants de mon papa.
Lorsque le projet d’avoir des enfants avec mon chum est arrivé, j’ai rapidement commencé à me faire des scénarios possibles quant au mélange de nos gènes pour former notre enfant. Je revenais toujours au même constat. Je visualisais mon premier enfant avec la shape à papa, mes yeux verts et de beaux cheveux bruns chocolat au lait. Je n’ai aucune idée pourquoi cette image s’imposait à moi en boucle, mais j’en rêvais constamment. La seule certitude que j’avais : mon chum et moi avions énormément de cheveux à notre naissance, j’étais certaine que j’allais mettre au monde des enfants chevelus.
Anecdote : Dans mon jeune temps, lorsque j’étais animatrice de camp de jour, une petite fille âgée de 5 ans m’avait demandé, lors d’une sortie, si j’avais un chum. Intriguée, je lui avais demandé pourquoi elle voulait savoir ça. Sa réponse : « ben, t’as ben trop les cuisses blanches pour avoir un chum ». O.M.G. Je ne pouvais pas croire qu’une jeune fille de son âge 1- m’avait dit ça, 2- pensait ça réellement. Je me suis longtemps questionnée à savoir ce qu’on avait pu dire à cette enfant pour qu’elle ait de telles pensées. J’étais sidérée.
Plusieurs années plus tard, je me promène dans le Vieux-Québec avec mon mari (parce que oui, jeune fille, je suis même mariée!) et notre fille. Un couple s’arrête proche de nous et j’entends la femme dire : « elle est dont ben blanche (en parlant de ma fille), elle ne doit pas aller dehors souvent! ». Rendu là, je ne sais pas si je dois pleurer de rire ou de découragement. Que voulez-vous, ça doit être génétique (même si mes parents et mes frères bronzent, moi non!). Mon teint est pâle. Très pâle. Presque translucide. Malgré tout, je considère que ce n’est pas un sujet universel sur lequel tout le monde doit absolument avoir un avis.
Il est aussi vrai de dire que je ne bronze pas, je rougis. Si j’ai longtemps envié mes amis de bronzer, j’ai appris, avec les années, à apprécier mes caractéristiques physiques. Oui, il y a encore certains aspects qui me dérangent plus que d’autres, mais au-delà de l’enveloppe physique, j’aime la personne que je suis et que je deviens. Je mise davantage sur ma personnalité. Avec les années, j’ai appris à mettre de l’avant mes qualités et mes forces que j’apprécie. Je sais aussi reconnaître quels sont mes points à améliorer ou quand avertir mon entourage que ce n’est pas une bonne journée pour entrer en relation avec moi (lol pas lol). Les années m’ont appris à me connaître et à reconnaître ma valeur. Depuis que je suis maman, jamais je me suis dénigrée devant mes enfants. Même si ce chandail-là me fait un muffin top ou que je me sens serrée dans une paire de pantalons. Au contraire, j’essaie de leur montrer, du mieux que je peux, à s’aimer en entier pour ce que l’on est. Pour ce que l’on veut être. À travers notre regard. Pas celui des autres. Alors oui, j’ai imaginé mon premier enfant avec la shape à papa, mes yeux verts et de beaux cheveux bruns chocolat au lait. Mais au-delà de nos gènes physiques, j’espère que leur père et moi, allons transmettre à nos enfants la confiance en soi, la connaissance de soi, la générosité, la résilience, l’indulgence, la persévérance, le plaisir de la vie, et tellement plus encore. J’espère qu’ils vont apprendre à se respecter et à respecter l’autre. Et surtout, comme base, à s’aimer. À s’aimer en entier avec les éclats et les fissures, le brillant et le terne. À se pardonner leurs erreurs mais aussi à s’auto féliciter pour les bons coups. À être fiers d’eux, autant que nous le sommes. Voilà une partie de l’héritage que je souhaite leur léguer.
(Scoop pas scoop : ma grande fille est exactement comme je l’avais imaginée 😉 .)