Il y aura bientôt 3 ans, tu es parti.
Éteint, envolé, subtilisé.
Ce jour-là, mon cœur a éclaté en mille morceaux. En mille petites parcelles.
Tous ces souvenirs de toi ont implosé en mon intérieur, car ce sentiment de vide, de néant, de trou qui m’a alors envahi, était trop grand pour ma petite personne.
Parce qu’intérieurement j’étais et je suis encore cette petite fille à papa qui ne sait comment survivre sans toi, papa chéri.
Essayer de penser, de seulement imaginer que jamais plus je n’aurai l’opportunité de sentir tes bras autour de moi est une voie empreinte de douleur et de tristesse, à mes yeux.
L’hiver pour moi a perdu de son étincelle, de sa magie. Je n’aime plus l’hiver.
Désormais, synonyme de souffrance et de mort.
Coupable par association, je fuis cette saison et j’hiberne pour rester au chaud, avec les miens, avec mes raisons de vivre.
Ceux-là même qui te réclament, qui te ramènent à la vie, en se rappelant de toi. En te maintenant vivant par souvenir.
Nous qui sommes restés, ici, gelés dans le temps. Cryogénisés par ta perte.
Quelquefois, par chance, je retrouve des bribes de toi… ici et là…
Tes clés.
Le son de tes clés, de ton trousseau de clés, une cinquantaine d’entre elles, que l’on entendait tinter l’une contre l’autre lorsque tu marchais, lorsque tu t’approchais…
C’était une mélodie distincte, un bruit de fond subtil à la fois qui résonnait dans nos oreilles.
Qui paraissait loufoque et sans importance… mais qui aujourd’hui capte mon attention quand je l’entends.
Tes rêves.
Les chuchotements entre maman et toi, presque chaque matin… quasiment réglé au quart de tour.
Tu lui racontais tes rêves ou tes cauchemars de la nuit précédente. Chaque détail, chaque émotion, que tu avais ressentis dans chacun d’eux.
Vous discutiez amoureusement et souvent, je pouvais deviner vos regards contemplatifs. Cette manière bien précise que vous aviez de vous donner du temps et de démontrer de l’importance à ce que l’autre racontait.
Je n’ai jamais été matinale, mais je me souviens que me réveiller et d’entendre ces conversations douces était le meilleur des réveils. J’allais même vous rejoindre quelquefois, question d’être plus près de ces histoires rocambolesques.
Tes traditions.
À chaque anniversaire, nous avions le droit à ton fameux tirage d’oreilles en guise de souhait de fête.
Pour chaque an de naissance, nous avions droit à un sympathique tirage d’oreille.
30 ans, 30 tirages.
C’était ton plaisir, ta coutume.
Nous te laissions faire par plaisir et par en-dedans, nous avions beau trouver cela quelque peu bizarre, nous étions habitués et par conséquent prêts à nous débattre joyeusement…
Ce que je donnerais pour revenir à ce moment, aujourd’hui…
D’ailleurs, en octobre dernier, à ma fête, j’ai même raconté cela à mon fils et évidemment, il a voulu me le faire.
J’ai cru t’entendre rire de là-haut, papa farceur!
Des bribes, ici et là, de toi, de ton passage sur Terre. De ton existence.
Des bribes dispersées aléatoirement dans ma tête, dans mon cœur, dans mon âme.
Des bribes de bonheur, de tristesse, d’ennui.
Ce sont comme des trésors enfouis que je découvre sporadiquement.
Qui viennent embellir ou assombrir mes journées…
Qui me font passer par une gamme d’émotions, ou revivre certains moments.
Mais, je les chéris tout autant.
Elles me rappellent que je suis vivante, que je ressens, que je respire.
Et surtout… que tu as été!
Que tu as vécu!
Que tu as laissé tes empreintes au sein de nous, encore et toujours.
Merci pour ces bribes, papa.
Elles sont l’héritage que tu nous as légué. Je t’aime.
One Comment
Pingback: