Loin de moi l’idée ici d’enlever quoi que ce soit aux gens sans enfant. Ce texte ne parle que de ma réalité, soit celle de maman de deux enfants, qui semble tout de même partager des points communs avec plusieurs parents.
Un soir, tranquille, une fois les enfants couchés, je regardais le bilan de ma journée. J’étais un peu abasourdie par l’ouragan qui venait de passer. Pas une tornade dehors, mais bien cette tempête qui rythme ma vie. Ma vie de famille.
La course, toujours cette course effrénée. Les matins pressés où on doit pousser les enfants à arriver à l’heure à l’école : «Allez! Mange! Habille-toi! On s’en va dehors, mets ton habit de neige! Vite! Vite! Dépêche-toi!» Et ce, malgré un réveil plus tôt, afin d’être capable de se préparer dans les temps. Tout en préparant les collations et repas, qui doivent être nutritifs, mais aussi aimés des enfants, acceptés par l’école, diversifiés, sans trop d’emballage (ou aucun, c’est encore mieux). – D’ailleurs, je cherche toujours LA recette de barre granola maison que mes enfants mangeraient sans rechigner.
À la fin de la journée, aller chercher les enfants à l’école, revenir à la maison, préparer le souper, manger le repas, accompagner la marmaille dans les devoirs, donner le bain, choisir les vêtements du lendemain et tout le reste de la routine pré-dodo. Avec un peu de chance, on aura eu le temps de s’amuser un peu ensemble.
Et le tout qui recommence cinq fois par semaine. En essayant de rester zen, mais ferme quand-même, question de s’assurer que tout se passe comme il faut, encore une fois, dans les temps.
Tout ça en restant créatifs pour renouveler le choix des repas, organisés pour savoir quoi préparer tous les soirs, en étant présents avec chaque enfant, question de garder ce lien solide qui nous unit. Passer du temps de qualité ensemble. Mon conjoint, les enfants et moi.
Ensuite, avoir deux journées seulement pour se reposer, prendre soin de soi, faire des activités en famille, faire du ménage (sans oublier les éternelles brassées de linge), préparer les repas de la semaine, faire l’épicerie, avoir du temps seule, en couple, avec les enfants, essayer de voir des ami.es, la famille élargie, pratiquer des hobbies. Et ça, c’est quand tout le monde est en forme et que ça roule!
C’est quand même un peu étrange comme cirque. Cette roue qui tourne et qui recommence sans cesse. À espérer enfin avoir un peu de temps pour prendre des vacances. Mais juste deux semaines par année, puisque tu viens d’arriver dans ton nouveau boulot…
Ça sonne un peu défaitiste tout ça. C’est parce que je suis en (ré)adaptation à ce mode de vie. Dans les dernières années, grâce à un emploi qui offrait énormément de flexibilité au niveau des horaires de travail, ainsi qu’un moins grand nombre d’heures travaillées par semaine, mon conjoint et moi pouvions nous assurer une très grande présence à la maison pour les enfants. Ça comportait de nombreux avantages : faire l’épicerie en pleine semaine alors que c’est vide, créer des recettes au jour le jour, accompagner les classes lors des sorties et plus de temps, point.
De nouvelles circonstances ont fait en sorte que je me suis trouvé un nouveau boulot, avec un horaire non-flexible, à temps plein. Je me retrouve donc dans ce modèle que j’avais fui il y a quelques années. Mais ça ne fera qu’un temps. Je n’arriverai pas à tenir cette cadence. Pas que je ne suis pas capable, mais surtout parce que je ne le veux pas. Je ne suis pas bien là-dedans. Je trouve impensable que notre société puisse penser que soit capables de vivre ce rythme-là longtemps, sans en vivre les conséquences. Le corps se fatigue, on devient anxieux, dépressifs. On se détache de l’essentiel, des petites choses, de la beauté, de notre essence. Je n’ai pas fait des enfants pour ne pas les voir ou encore pour les pousser à toujours se presser.
Je souhaite que ma famille et moi arrivions à prendre le temps. Prendre le temps de regarder le vent qui fait bouger les arbres, collectionner les cailloux, suivre les traces des animaux dans la neige, partir marcher en forêt, faire des recettes de gâteaux aux bananes et chocolat, s’écraser en pyjama devant un film, jouer à Uno pendant des heures, courir partout dans la maison pour partir une attaque de chatouilles… On a qu’une vie. Il ne faut pas la gaspiller à courir après le temps. Je nous souhaite de la douceur, de beaux moments, de la complicité, des fous rires, le temps de vous regarder grandir.
Et je vous en souhaite tout autant, si c’est ce dont vous rêvez aussi.
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Michèle
Beaucoup trop vrai! J’espère qu’un jour tout ça va d’améliorer, que les mères ou pères de jeunes enfants pourront trouver des horaires de travail qui correspondront à leurs besoins!
Très beau texte Catherine!