Ma plus grande peur a toujours été la mort. Je me rappelle exactement le moment où j’ai réalisé que nous n’étions pas éternels. J’étais devant un feu sous un ciel rempli de millier d’étoiles. Depuis, cette crainte envahit mon cœur chaque fois que je dois y faire face, et un vide immense s’est créé récemment lorsque j’ai dû, bien malgré moi, dire au revoir. On ne choisit jamais le moment où la mort nous frappera ou que nous perdrons une personne chère à notre cœur, mais si c’était mon dernier jour…
J’aimerais sentir la chaleur du soleil qui traverse la fenêtre et qui se pose sur mon visage, comme la brise d’une magnifique journée d’été caressant ma joue. J’aimerais entendre le bruit des vagues qui se fracassent contre les rochers, une musique si apaisante à mes oreilles, pendant que j’admire le paysage que j’aime le plus au monde.
Je voudrais me trouver dans ma maison, l’endroit où je me sens bien, en sécurité, et me remémorer autant mes souvenirs malheureux qu’heureux, parce que chacun d’eux me rappelleraient à quel point j’ai vécu et profité de chaque instant.
J’aimerais être entourée de tous ceux qui ont eu de l’importance dans ma vie, savoir qu’ils sont près de moi, que l’amour qu’ils me portent et bien plus grand que tout ce que je connais ou que j’ai pu ressentir tout au long de mon existence.
Je voudrais être assez éveillée pour voir le bonheur irradié des yeux de mes enfants parce que ma seule préoccupation, à ce moment-là, serait de savoir qu’ils sont heureux et qu’ils ont tout ce dont ils ont besoin. J’aurais ainsi le sentiment d’avoir accompli mon devoir envers eux, mais surtout d’avoir donné le meilleur de moi-même pour leur assurer un avenir radieux.
J’aimerais pouvoir m’assoupir un instant, repue, parce que j’aurai partagé un dernier repas en famille, me sentant totalement en confiance, protégée des aléas de la vie et bercée par l’amour de mes proches veillant sur mon sommeil.
Je souhaiterais me réveiller doucement en entendant le rire de mes petits-enfants, insouciants de la vie qui s’écoule lentement, ne sachant pas encore à quel point il est dur de dire au revoir à quelqu’un pour toujours.
Lors de ces derniers instants, je ferais tout pour inscrire chacun de leurs traits dans ma mémoire jusqu’à l’éternité. Je voudrais pouvoir leur dire à quel point je les aime, que je suis fière d’eux et que ce n’est pas la fin, ni pour eux ni pour moi, qui continuera d’être dans leurs pensées chaque moment et chaque instant du reste de leur vie.
Je voudrais leur dire que leur peine s’estompera pour ne devenir qu’une petite douleur lancinante, s’ajoutant aux nombreuses cicatrices qui parsèment notre chemin depuis nos premiers jours. Je souhaiterais qu’ils s’attardent sur les plus beaux moments que nous avons eu ensemble, ceux qui restent gravés dans notre mémoire et qui font apparaître un sourire sur nos lèvres ou des larmes de joie sur nos joues. Ces souvenirs, je l’espère, apaiseront doucement leur cœur en peine.
Je voudrais avoir le sentiment que ce que j’ai réalisé a eu de l’importance, et sentir que ma présence a fait la différence dans la vie de mes proches. J’aimerais leur rappeler, pendant nos dernières discussions, l’importance de vivre sans regret, en ayant en tête son propre bonheur, puisque toute chose a une fin.
Je voudrais leur dire que j’ai essayé d’être toujours brave, et ce même si je me sentais perdue et que tout ce que je souhaitais était de faire de mon mieux dans tout ce que j’entreprenais. Que je voulais ressentir la satisfaction d’avoir mené ma vie selon mes convictions et mes passions. Que même si je n’avais pas marqué le temps et les esprits, j’étais plus que seulement une personne de passage.
Lorsque je fermerai les yeux pour la dernière fois, j’aimerais sentir la force de mon entourage me porter très loin, l’âme en paix, accompagnée de cet amour sans limites. Cet amour pour et par lequel j’ai existé, celui-ci qui perdurera bien après moi, à travers ceux que j’aime et aussi ceux qui les suivront.
One Comment
Christiane Boutet
Tres beau texte wow